Commerce extérieur : L’UE se plaint du «protectionnisme» algérien

Commerce extérieur : L’UE se plaint du «protectionnisme» algérien

El Watan, 28 juin 2017

Le rapport note que «dans le contexte du déficit croissant des comptes courants et de la balance commerciale et dans le cadre des efforts déployés pour augmenter la production industrielle locale, l’Algérie a mis en place en 2016 deux obstacles de taille qui auront des conséquences très diverses pour les exportateurs de l’Union dans plusieurs secteurs».

Dans sa 7e édition du rapport qu’établit annuellement la Commission européenne sur «les barrières auxquelles sont confrontés les opérateurs économiques de l’UE», notamment en matière d’exportation vers des pays tiers, l’Algérie, qui n’a pas fait l’objet d’une large couverture dans les rapports des années précédentes, est désormais citée parmi les pays ayant eu recours à des «restrictions qui affectent directement les opérations économiques de l’UE».

Et pour cause, le recours par l’Algérie à l’instauration de deux mesures, l’une visant à réduire les importations et l’autre à encourager la production nationale, a affecté potentiellement les flux commerciaux à hauteur de 3,75 milliards d’euros. Le rapport note, en effet, que «dans le contexte du déficit croissant des comptes courants et de la balance commerciale et dans le cadre des efforts déployés pour augmenter la production industrielle locale, l’Algérie a mis en place en 2016 deux obstacles de taille qui auront des conséquences très diverses pour les exportateurs de l’Union dans plusieurs secteurs».

Il s’agit, explique le rapport, du «régime de licences d’importation concernant quatre catégories de produits (véhicules, ciment, barres d’armature et fil-machine en acier) introduit en 2016» et qui a eu pour conséquence une forte baisse des exportations européennes, puisque «seulement 57 000 licences environ ont été délivrées en 2016 pour les exportations de l’UE dans le secteur automobile, ce qui marque une diminution significative par rapport aux années précédentes (environ 245 000 véhicules en 2012)».

Le rapport de l’UE évoque également le crédit à la consommation, dont l’octroi est conditionné à l’acquisition de produits fabriqués ou assemblés localement. «L’Algérie a continué d’avoir recours aux politiques de localisation industrielle introduites par la loi sur les finances de 2015, en adoptant un décret qui vise à instaurer un crédit à la consommation horizontal pour l’achat de produits fabriqués ou assemblés en Algérie à partir de 2016», souligne le rapport.

Tout en qualifiant ces deux mesures d’obstacle et de restriction, la Commission européenne note que l’UE a évoqué ces questions avec l’Algérie dans le cadre de l’accord d’association UE-Algérie, «mais cette dernière se montre toujours réticente à modifier ses politiques de restriction des échanges, ce qui explique également l’absence de progrès dans ses négociations d’adhésion à l’OMC».

A ce propos, le rapport souligne que l’UE continuera à recourir au cadre de l’OMC et à son propre programme ambitieux de négociations commerciales, «qui resteront des instruments essentiels pour supprimer les obstacles». «Nous continuerons à résister fermement au protectionnisme et à poursuivre un programme ambitieux de négociations commerciales», conclut le rapport. Il convient de rappeler que le total des exportations de l’UE vers l’Algérie entre 2013 et 2015 s’élevait en moyenne à 22,67 milliards d’euros par an.

De son côté, l’Algérie a considéré, ces dernières années, qu’elle a «donné plus qu’elle n’a reçu» à travers l’accord d’association qui la lie, depuis 2003, à l’Union européenne, en raison d’un déséquilibre en matière d’application des clauses de l’accord, d’où la réévaluation qui a été faite en avril dernier, mais qui n’a visiblement pas abouti, selon certains économistes, à des résultats consistants.
Lyes Mechti