Algérie-UE: En quête d’un nouveau souffle

ALGÉRIE-UNION EUROPÉENNE

En quête d’un nouveau souffle

El Watan, 15 janvier 2007

La politique de coopération connaît un « certain retard » en Algérie, selon le récent chef de la Commission européenne à Alger.

Une première dans l’Union européenne : un programme commun de 18 mois a été élaboré couvrant les présidences du Conseil de l’Union européenne allemande, portugaise et slovène, entre janvier 2007 et juin 2008. L’annonce a été faite, hier, par Johannes Westerhoff, ambassadeur de la République fédérale d’Allemagne, Luis de Almeida Sampaio, ambassadeur du Portugal, et le récent chef de la Commission européenne à Alger, Wolfgang Plasa, lors d’un point de presse au siège de l’ambassade d’Allemagne à Alger. Pour rappel, la présidence du Conseil de l’UE est assurée par l’Allemagne depuis début janvier 2006 et pour six mois. « Les craintes d’une orientation européenne vers l’est de l’Europe sont infondées », a indiqué l’ambassadeur allemand, assurant que son pays veut « prouver le contraire », un intérêt plus accru pour la rive sud de la Méditerranée, le Maghreb en particulier. Mêmes assurances du côté du nouveau chef de la Commission européenne à Alger. L’ambassadeur allemand a déroulé le programme des deux présidences allemande et portugaise dans le cadre de l’Euromed. S’inscrivent notamment dans ce programme la conférence ministérielle sur l’immigration et une autre sur la formation, l’éducation et la recherche et éventuellement le sommet UE-Afrique durant la présidence portugaise. Le 16 mars, sera organisée à Berlin une conférence sur l’emploi et le dialogue social, les 19 et 20 avril, une conférence sur les énergies renouvelables, du 26 mai au 3 juin, la réunion du Parlement des jeunes Euroméditerranéens, les 11 et 12 juin, une conférence sur les médias, le 31 mai, un séminaire sur la bonne gouvernance et les droits de l’homme, en mai également, une conférence des ministres des Finances et de l’Economie. A noter aussi l’organisation d’une rencontre à Malte sur la formation des diplomates des deux côtés de la rive ainsi que du premier forum universitaire à Alexandrie. Par ailleurs, l’ambassadeur allemand a assuré, sur le plan de la coopération euro-algérienne en énergie, que l’approche de l’UE sous la présidence allemande demeure celle du dialogue. « L’Algérie reste un partenaire fiable qui a honoré ses engagements de livraison même lors des moments difficiles qu’elle a traversés », a-t-il déclaré. Concernant la Politique de voisinage européen (PVE), M. Westerhoff a reconnu que « ce serait malhonnête de sauter de joie » en constatant ses timides avancées. « Il faut de la patience : c’est le seul forum large, en dehors de l’ONU, qui regroupe autant d’Etats, y compris Israël », dit-il, annonçant que le Conseil européen a mandaté la présidence allemande pour présenter, dans six mois, un rapport sur l’évolution du concept du PVE. De son côté, Wolfgang Plasa a reconnu que la politique de coopération connaît un « certain retard » en Algérie. « L’Algérie a été parmi les derniers Etats à signer l’accord d’association. Mais les obstacles ne viennent pas seulement du côté européen. La preuve, cela a été possible avec d’autres pays », a-t-il déclaré. L’ambassadeur allemand a précisé que le gouvernement algérien a indiqué que le bilan du PVE n’était pas à la hauteur des attentes, rappelant que le ministre des Affaires étrangères, Mohamed Bedjaoui, avait souhaité intégrer les investissements dans cette démarche et que les Européens ont accepté. Sur la question de la libre circulation des personnes, M. Westerhoff a nuancé l’image générale de l’immigration : « Quand on voit le nombre de visas accordés, on ne peut pas dire que nous nous opposons aux échanges et à la libre circulation des personnes. » Il a noté que les récentes augmentations des frais de visa n’ont pas été généralisées à tous les consulats et que les 60 euros de frais ne couvrent pas les charges du visa. « Le visa coûtera plus cher à l’avenir à cause des techniques de données biométriques », a-t-il prévu. Il a évoqué l’étude de projets de centre commun de demande de visa. Le Maroc pourrait accueillir un centre pilote. Autre projet : l’harmonisation des données biométriques.

Adlène Meddi