La baisse des barrières douanières à profité aux entreprises européennes : Le patronat attend du concret

La baisse des barrières douanières à profité aux entreprises européennes : Le patronat attend du concret

El Watan, 15 juin 2010

La CNPA considère que la conclusion de l’Accord d’association Algérie-UE répondait beaucoup plus à des considérations d’ordre politique.

L’Algérie et l’Union européenne se réuniront aujourd’hui au Luxembourg dans l’espoir de renégocier certaines clauses de l’Accord d’association signé par les deux parties en 2002. Pour les organisations patronales, cette réunion devra servir de tribune pour corriger les ratages du passé. « C’est une bonne chose de réviser cet accord, notamment son aspect économique », affirme Saïd Naït Abdelaziz, président de la Confédération nationale du patronat algérien (CNPA), joint avant-hier par téléphone. Cinq ans après l’entrée en vigueur de l’Accord d’association en 2005, l’Algérie s’est rendue compte qu’il était plutôt en sa défaveur.

A titre d’exemple, les importations algériennes auprès de l’UE ont augmenté de près de 80%, passant de 11,2 milliards de dollars en 2005 à 20,8 milliards de dollars en 2008. Sur le plan agricole, les importations algériennes depuis la zone euro sont passées de 1,2 milliard de dollars en 2005 à 2,8 milliards de dollars en 2008. Les importations en provenance de l’UE constituent 55% des importations globales de l’Algérie. M. Naït Abdelaziz trouve que la conclusion dudit accord répondait beaucoup plus à des considérations d’ordre politique. Ce qui expliquait, selon lui, la perte au change de l’économie nationale. « C’est un accord politique. A cette date, l’Algérie était isolée sur le plan international. Il y a eu plusieurs concessions de la part des négociateurs algériens, particulièrement sur le volet économique », confie-t-il, non sans avoir pointé du doigt l’incompétence de certaines institutions en charge du commerce extérieur.

« Elles n’ont pas joué le jeu. Pourtant, notre pays disposait de beaucoup d’atouts à faire valoir. Nous avons, malheureusement, perdu beaucoup de temps et d’argent », constate M. Naït Abdelaziz, en s’insurgeant contre l’exclusion des organisations patronales dans la mise en place de cette convention. Par conséquent, les entreprises algériennes, s’insurge-t-il, se sont enfoncées dans diverses contraintes d’ordre financière et bureaucratique. « Il n’y a pas de cohérence ou de vision globale dans la conduite des affaires économiques (…) Malgré les discours et les gesticulations, l’Algérie a encore reculé », se désole-t-il encore.

Le président du CNPA s’est montré par ailleurs pessimiste quant aux résultats de la réunion prévue entre les deux parties. « Nous n’espérons rien ! On n’est même pas prêt pour faire de la concurrence aux entreprises européennes », reconnaît-il. D’ailleurs, la baisse des barrières tarifaires ou non tarifaires a beaucoup profité aux entreprises européennes.

Pour notre interlocuteur, l’urgence consiste en l’amélioration, entre autres, des performances d’une administration outrageusement bureaucratique ainsi que la prise en charge des nombreuses doléances des entreprises algériennes. Boualem M’Rakach, président de la Confédération algérienne du patronat (CAP), note, de son côté, que l’esprit des Accords de Barcelone, devant permettre des échanges équitables entre l’Algérie et l’Union européenne, n’a pas été respecté. « Au départ, il était clairement observé que l’esprit des Accords de Barcelone allait permettre à la partie algérienne d’entrevoir des échanges à un point équitable avec l’autre partie. A ce jour, cette question reste pendante et les échanges sont en deçà des recommandations exprimées lors des négociations. La mise à niveau et les rapports de type d’accompagnement sont restés au même stade », explique-t-il, en laissant entendre qu’il serait souhaitable de revenir au texte fondateur de Barcelone.

« Le baromètre d’un bon accord attendu par les Algériens est celui qui garantira un type d’accompagnement qui nous permettra de nous connecter à une évolution permanente du développement de notre économie », recommande-t-il, en notant qu’il sera, toutefois, difficile de renégocier, dans l’ensemble, l’accord en question. « Sur le fond, l’Accord d’association avec l’UE n’est pas négociable. A peine s’il y aura quelques réaménagements », conclut-il.

Par Hocine Lamriben