Les ratages du deuxième mandat

MÉTRO, TRAMWAY, ÉLECTRIFICATION DU CHEMIN DE FER…

Les ratages du deuxième mandat

Le Soir d’Algérie, 9 mars 2009

De la panoplie de projets stratégiques que le président Bouteflika a prévu de ressortir comme carte gagnante pour s’assurer un nouveau quinquennat à la tête de l’Etat, rares sont ceux qui sont arrivés à terme. Devant être initialement réceptionnés en partie ou en totalité durant son deuxième mandat présidentiel, de nombreux projets qu’il avait lui-même lancés tambour battant sont encore à l’état de chantier. Le métro d’Alger, le tramway, l’autoroute Est-Ouest, le projet de l’électrification du réseau ferroviaire de la banlieue d’Alger sont quelques exemples qui illustrent parfaitement ce déphasage entre les discours et la réalité du terrain.
Lotfi Mérad – Alger (Le Soir) – A chacune de leurs sorties publiques, les ministres en charge des projets stratégiques dans les secteurs de l’habitat, les travaux publics et les transports notamment ont pris l’habitude, chacun dans son secteur respectif, de fixer des échéances et d’avancer des dates fantaisistes quant à la réception de tel ou tel projet, aussi complexe soit-il. Sans prendre en compte les aléas pouvant freiner l’avancement des travaux, le seul souci de nos ministres était de ne pas dépasser la date-butoir du premier semestre 2009, même si souvent cela ne répondait à aucune logique.
Métro d’Alger
Il y a quatre ans, en 2005, le ministre des Transports de l’époque, Mohamed Maghlaoui, avait annoncé, à l’occasion de l’une de ses visites sur le chantier du métro d’Alger, «l’inauguration de la première ligne en 2008». La première phase de la ligne 1 (Haï El Badr-Grandeposte), longue de 8,6 km, est toujours en construction. Selon les déclarations d’un responsable de l’Entreprise du métro d’Alger, la mise en service commerciale ne se fera pas avant le premier semestre de l’année 2009. Les premiers essais techniques de la première rame ont été effectués en novembre dernier en présence d’un autre ministre des Transports, Amar Tou. L’on rappellera que la première ligne du métro d’Alger prendra en charge 21 000 voyageurs dans le sens Grande-Poste – Haï El Badr et 27 000 voyageurs dans la direction inverse. Le métro est conçu pour supporter, dans une première étape, un trafic annuel de l’ordre de 110 millions de voyageurs, un volume qui devrait atteindre quelque 150 millions d’usagers après trois ou quatre années d’exploitation. Quant à la gestion du réseau, elle sera confiée à la Régie autonome des transports parisiens (RATP) en vertu d’une convention signée fin 2007 avec l’Entreprise du métro d’Alger.
Tramway
5 juillet 2006, 44e anniversaire de l’indépendance. Abdelaziz Bouteflika procède à la pose de la première pierre du projet de la première ligne du tramway d’Alger qui sera réalisée par le groupe français Alstom, leader mondial dans le transport et la production d’énergie, pour un coût global de 356 millions d’euros. D’une longueur de 16,3 km, cette première ligne reliera le centre d’Alger à l’est, plus précisément le quartier Ruisseau à Bordj- El-Kiffan. Composée de 30 stations, elle pourra transporter plus de 150 000 personnes. Comme elle touchera une population de 500 000 habitants avec une fréquence de 4 minutes en heures de pointe. Prévu pour le premier trimestre de cette année, le chantier de cette première ligne de tramway est encore ouvert. Selon les déclarations d’un responsable de l’entreprise, les travaux de la première tranche du tramway d’Alger, à savoir Cinq- Maisons/Fort-de-l’Eau, seront achevés en décembre 2009, alors que sa mise en service interviendra au plus tôt le premier trimestre de l’année 2010. Les travaux de la deuxième tranche du projet du tramway, en l’occurrence Hussein-Dey/El Harrach, ne seront pas achevés avant l’été 2010.
Electrification du réseau ferroviaire de la banlieue d’Alger
Pour le projet d’éléctrification de la ligne ferroviaire Alger-Thénia, la mise en exploitation a été fixée pour le début de l’année en cours alors que la mise en service de la totalité du réseau ferroviaire électrifié de la banlieue algéroise est prévue avant la fin du premier trimestre 2009. Passé janvier et bientôt la fin du premier trimestre, le réseau ferroviaire de la banlieue algéroise (Alger- Thénia 50 km et Alger-El Affroun 66km) n’est toujours pas exploité alors que le ministre des Transports, Amar Tou, avait fixé le délai de l’exploitation commerciale du réseau à février dernier.
Autoroute Est-Ouest
Malgré les assurances du ministre des Travaux publics quant à la réception totale du projet de l’autoroute Est-Ouest dans les délais, soit vers juillet 2009, le scepticisme ne cesse de gagner les usagers mais aussi les responsables en charge de certains chantiers. Là encore, des aléas techniques et naturels entravent l’avancement des travaux au niveau de plusieurs tronçons. Certes, les projets cités plus haut sont complexes et nécessitent une maîtrise parfaite en matière d’exploitation et de gestion, il y va, en effet, de la sécurité des usagers. Mais ce qui est condamnable, c’est surtout la valse des dates de réception et de «mise en service» que s’évertuaient à avancer à tout bout de champ nos responsables et dont l’unique souci était de se conformer à la volonté de Bouteflika, en tenant en haleine toute la population.
L. M.