Ils menacent de tenir un sit-in à Alger : Les rappelés du service national protestent

Ils menacent de tenir un sit-in à Alger : Les rappelés du service national protestent

par A. E. A. Et El-Houari Dilmi, Le Quotidien d’Oran, 21 janvier 2014

Près d’une centaine de rappelés du service national ont organisé, hier matin, un rassemblement devant le cabinet du wali de Constantine pour protester contre la « l’injustice » dont ils sont victimes de la part des députés de l’APN qui ont refusé d’élargir à leur corps d’anciens « mobilisés » les dispositions de l’article 75 de la loi de finances 2014. Les protestataires ont remis au chef de l’exécutif une lettre ouverte adressée au président de la République. Selon le représentant des manifestants, « tout le monde ici est très mécontent de la décision des élus de l’APN qui ont rejeté la proposition du Parti des Travailleurs d’élargir les mesures de l’article 75 de la loi de finances 2014 aux rappelés du service national de 1995 à 1999». «Cette disposition de loi, rappelle-t-il, qui répond à certaines de nos revendications et notamment au droit à la retraite proportionnelle, nous a été refusée par un vote négatif de la part des élus à l’APN». Et d’expliquer que l’article en question qui concernait également certaines catégories de militaires et d’autres corps annexes, à l’instar des patriotes, du corps de l’autodéfense etc., a été adopté pour toutes ces catégories à l’exclusion de celle des «rappelés du service national». Et notre interlocuteur de s’interroger, «nous ne comprenons pas pourquoi les élus FLN et RND, majoritaires à la dite assemblée, nous ont exclus du bénéfice de la retraite proportionnelle. Oubliant que lors de la décennie noire nous étions au front au prix de notre vie pour assurer leur sécurité pendant les campagnes électorales et après, et que certains d’entre eux ont été élus grâce à nos voix». Et de noter dans ce cadre que leur effectif global dans le pays dépasse de beaucoup les 50.000 mobilisés. Et le représentant des protestataires de rappeler les autres points des revendications dont essentiellement la couverture sanitaire, la priorité à l’emploi, le logement et la prise en compte des années de mobilisation dans le calcul de la retraite.

A Tiaret, les rappelés du service national durant la décennie 1990 ont choisi la Maison de la Presse pour tenir leur sit-in. Banderoles à la main, des dizaines d’anciens militaires réservistes, venus des quatre coins de la wilaya pour réitérer leurs revendications, se sont rassemblés devant la Maison de la Presse, entourés d’un dispositif policier. Les rappelés, appuyant une plate-forme de revendications de plusieurs points, dénoncent le sort qui est le leur, près de vingt ans après leur démobilisation. «Nous ne pouvons plus nous taire ; nous avons sacrifié notre jeunesse pour aider notre pays à retrouver la paix et la sécurité. Aujourd’hui, nous nous retrouvons marginalisés, sans travail ni avenir. Nous voulons un geste de reconnaissance de l’Etat», crie un manifestant, entourés de ses collègues. Les protestataires ont réitéré leurs revendications, notamment celle liée à un statut particulier des anciens rappelés du service national, qui permettra de «prendre en charge les blessés, les morts, les traumatisés, mais aussi les chômeurs», est-il écrit noir sur blanc dans la plate-forme dont une copie a été distribuée à la presse.

«Un autre rappelle l’instruction émise par l’ANP au sujet de la prise en charge sur le plan social des ex-rappelés su S N. «L’Etat algérien doit répondre à nos revendications légitimes ne serait-ce qu’à titre de reconnaissance pour le devoir accompli, car quand l’Algérie était à genou, nous avons répondu à l’appel de la patrie et certains d’entre nous ont été blessés, ont subi des traumatismes et même perdu leur travail », relève un autre ancien militaire mobilisé en 1996 dans la wilaya de Boumerdès. Une délégation représentant les ex-rappelés du service national a été reçue par le wali auquel une lettre portant leurs revendications a été remise. Au nombre de 123 pour la seule wilaya de Tiaret, ces anciens militaires ont été mobilisés durant la période 1995-1999, après avoir terminé leur service national, pour les besoins de la lutte antiterroriste.

En attente d’un agrément du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales pour la création d’une coordination nationale des ex-rappelés du service national, ils menacent d’observer un sit-in national à Alger dans les prochains jours si aucune réponse n’est apportée à leurs revendications.