Des ex-policiers empêchés de se rassembler devant la Présidence

300 INTERPELLATIONS OPEREES

Des ex-policiers empêchés de se rassembler devant la Présidence

Le Quotidien d’Oran, 8 mai 2006

Après avoir été empêchés de se rassembler devant la Présidence de la République par les forces de l’ordre, les «policiers radiés» ont décidé de saisir les chancelleries étrangères, à savoir les ambassades des Etats-Unis, de France, d’Italie, d’Allemagne, ainsi que les partis politiques pour un éventuel soutien. «Nous appelons également l’ensemble des policiers à nous soutenir, car ils pourraient eux aussi subir ce qu’on subit actuellement», a déclaré hier le porte-parole du mouvement. Des ex-policiers ont tenté, hier matin, de se ressembler devant la Présidence de la République pour attirer l’attention du chef de l’Etat, M. Abdelaziz Bouteflika, sur leur cas, demandant ainsi leur intégration dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale. Mais ce fut peine perdue. Les forces de l’ordre, qui ont investi tôt le matin l’ensemble des rues et ruelles menant vers la Présidence, ont empêché dans le calme tout rassemblement devant la Présidence de la République. Les participants à ce rassemblement, venant des 48 wilayas du pays, selon des ex-policiers, ont commencé à affluer dès 8 heures du matin vers El-Mouradia dans l’espoir d’observer un sit-in devant la Présidence. Mais ils ont vite été dispersés par les services de sécurité, sereinement, sans aucun incident ou confrontation. Petit à petit, les participants ont été repoussés calmement vers les quartiers Ferhat Amar et Ali Haddad. D’autres sont allés se rassembler devant le siège du parti du MSP. Mais là aussi, les collègues des ex-policiers radiés ont procédé à l’interpellation des manifestants. Ces derniers ont répondu à l’interpellation sans aucune réaction. Selon le porte-parole du mouvement, M. Khaled Ziari, «300 ex-policiers ont été interpellés sur les 800 qui voulaient prendre part à la manifestation et dont certains ont quitté les lieux après avoir été pourchassés par les forces de l’ordre».

L’ex-officier supérieur à la DGSN, M. Ziari, a regretté le fait que les policiers radiés soient interpellés par leurs propres confrères. «Après avoir été empêchés de nous rassembler devant la Présidence, nous avons décidé de nous regrouper devant le siège du MSP. Mais même à cet endroit, les policiers nous ont interdit le rassemblement». Et de poursuivre: «Nous avons voulu saisir le Président pour lui remettre une lettre», a-t-il déclaré. «Et voilà que les premiers défenseurs de l’Etat et du Président de la République sont malmenés pour avoir demandé l’intervention du chef de l’Etat».

Devant «l’indifférence des autorités et l’absence d’écoute», les participants à ce rassemblement ont décidé de saisir les ambassades des pays étrangers, notamment les pays qui se sont engagés à combattre le terrorisme, à savoir les Etats-Unis, la France, l’Italie, l’Allemagne. Les ex-policiers comptent également saisir les partis politiques et la société civile, à la recherche de soutien, afin de faire pression sur les autorités pour les réintégrer dans leur postes, au même titre que «les terroristes qui ont bénéficié de la grâce dans le cadre de la réconciliation nationale». Les policiers radiés ont lancé un appel à l’ensemble des policiers pour les soutenir. «Vous pouvez connaître le même sort que nous demain», dira Khaled Ziari. A propos des déclarations faites par les services de la DGSN relatives au fait que des policiers ont été révoqués à cause de la consommation de drogue, d’autres pour des affaires de vol et de corruption, M. Ziari précise que son mouvement a été dès le début sélectif et ne compte pas dans ses rangs des policiers ayant commis ce genre d’actes.

Les policiers radiés en sont à leur troisième rassemblement, après ceux qui ont eu lieu devant la maison de la presse et le siège de la centrale syndicale de l’UGTA. Aujourd’hui, ils affirment qu’ils resteront mobilisés jusqu’à leur réintégration au sein de la police.

M. Aziza