Réconciliation nationale: Les non-dits d’un message

Réconciliation nationale

Les non-dits d’un message

El Watan, 2 janvier 2006

Le président Bouteflika s’engage à relancer le train des réformes inscrit dans son programme, tout en promettant une gestion rationnelle de l’Etat.

Dans un message adressé samedi au peuple algérien, quelques heures après son retour au pays, le chef de l’Etat évoque les deux chantiers « phares » : la justice et le système éducatif. A l’inverse, un troisième chantier, que le Président évoquait à chaque occasion, à savoir la charte pour la paix et la réconciliation nationale, est tout bonnement éludé. Est-ce une manière de signifier que le projet, objet d’un référendum, est en passe d’être relégué au second plan dans la politique interne du président Bouteflika ? C’est en tout cas, pour les observateurs, la tendance dominante en ce sens que les instruments d’application du texte ne sont toujours pas élaborés. La classe politique, du moins celle qui adhère au projet, n’a eu de cesse de soulever la question. Qu’attend alors le Président pour actionner la machine législative pour donner force de loi à la charte ? C’est la question que s’étaient posée El Islah, le MSP et le FNA, entre autres. Aucune précision n’a été cependant donnée par El Mouradia. L’enthousiasme qui animait la présidence de la République lors de la campagne électorale semble ainsi avoir fondu comme neige au soleil, au lendemain du scrutin. La question monopolisait la vie politique. Aujourd’hui, elle est évoquée de moins en moins. La raison ? Difficile à dire. Mais une chose est sûre : lors d’un discours prononcé devant les anciens de l’Union générale des étudiants musulmans algériens (Ugema), le 8 novembre 2005, Abdelaziz Bouteflika avait indiqué que la charte pour la réconciliation nationale n’était qu’un moyen, gratifiant toutefois l’entreprise de « courageuse ». Un changement de ton que les observateurs ont vite fait de mettre sur le dos de la « lassitude », même s’ils prêtent au Président sa volonté d’asseoir un Etat fort. C’est ce qui est martelé en introduction du message de Abdelaziz Bouteflika, qui promet au peuple de consacrer la « sécurité et le bien- être ».

Djamel Zerrouk