Partenariat stratégique entre le géant asiatique et le continent noir

Clôture hier du sommet Sino-Africain

Partenariat stratégique entre le géant asiatique et le continent noir

El Watan, 6 novembre 2006

La troisième édition du sommet Forum sur la coopération Chine-Afrique à Pékin a pris fin hier avec l’adoption d’une déclaration finale et d’un plan d’action pour la période 2007-2009.

Concrètement, les résultats peuvent paraître bien maigres avec la création de la Chambre de commerce sino-africaine et la signature entre la Chine et dix pays africains de 16 accords commerciaux pour la modique somme de 1,9 milliard de dollars. L’Egypte s’est taillée la part du lion avec un contrat d’une valeur de 938 millions de dollars pour l’exploitation d’aluminium en Egypte. Mais là n’était pas l’objectif recherché des deux côtés. Un retentissement à long terme est attendu de ce sommet auquel ont participé plus de 40 chefs d’Etat et de gouvernement de 48 pays d’Afrique. La Chine a réussi un coup diplomatique en organisant cette importante réunion. Ce sommet est une façon de faire un pied de nez aux autres puissances mondiales, dont la coopération avec le continent africain est souvent conditionnée. D’ailleurs, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, n’a pas manqué de souligner que « ces deux entités peuvent, en effet, tabler sur un partenariat de type nouveau, mutuellement avantageux et qui n’a pas à pâtir des conséquences de l’histoire coloniale et de celles, dommageables, induites par une aide au développement de type paternaliste ». Avant d’ajouter plus loin qu’« il est manifeste que l’Afrique ne peut qu’apprécier le respect par la Chine du principe de non-ingérence dans les affaires intérieures. Ainsi, en consacrant à l’Afrique près de 45% de son aide au développement, la Chine s’est nettement démarquée des organismes, tel le Fonds monétaire international, en s’abstenant de lier son aide à des conditions politiques ». Les contrats et accords signés hier et qui font la part belle aux projets de développement des ressources sur place (usine d’aluminium, mines, cimenterie…) et aux projets d’infrastructures dans les télécommunications ou les transports illustrent l’engagement croissant des entreprises chinoises sur le continent noir dans tous les secteurs. L’un des derniers bastions du communisme dans le monde qui veut se placer en partenaire incontournable du continent noir.

Une coopération économique gagnant-gagnant

Le président chinois, Hu Jintao, avait annoncé la couleur samedi dernier en indiquant que son pays a décidé d’accorder une série de mesures préférentielles à l’Afrique. Ainsi, la Chine entend, entre autres, doubler son aide financière sur trois ans, annuler une partie de la dette et accorder des prêts à des taux préférentiels. D’ailleurs la déclaration met en avant « l’égalité politique, la confiance mutuelle, la coopération économique gagnant-gagnant et les échanges culturels », a indiqué le président chinois, Hu Jintao, lors de la cérémonie de clôture. Le plan d’action 2007-2009 prévoit, quant à lui, une série de mesures et d’activités dans les différents domaines, notamment sur le plan politique, la coopération économique, le développement social et les affaires internationales. Le plan prévoit également la création d’un climat favorisant l’investissement entre la Chine et l’Afrique, à travers des accords de promotion et de protection et sur la non-imposition et en s’accordant mutuellement des facilités en matière d’accomplissement des formalités et de déplacement des personnes. Par ailleurs, la Chine s’engage à soutenir la création par les banques chinoises d’un fonds de développement sino-africain et à encourager les entreprises performantes et crédibles en Afrique dans des projets permettant à l’Afrique d’améliorer le niveau technologique et de créer des emplois. Concernant le commerce, il est préconisé l’application par la Chine du tarif zéro, pour plus de 190 catégories de produits en provenance d’Afrique et la création d’une chambre sino-africaine d’industrie et de commerce. Par ailleurs, la Chine s’engage à encourager ses institutions financières à ouvrir le plus de filiales en Afrique. La partie africaine s’engage, pour sa part, à ouvrir davantage ce secteur aux entreprises chinoises. Outre la délégation officielle conduite par le chef de l’Etat, l’Algérie a marqué sa présence à ce sommet par la participation d’une centaine d’hommes d’affaires algériens, dont environ quarante installés en Chine, selon l’APS. La création d’une association algérienne des hommes d’affaires en Chine et d’une représentation des opérateurs algériens installés en Chine au sein de la chambre de commerce et d’industrie algéro-chinoise est envisagée. En 2006, le montant total des importations et des exportations entre l’Afrique et la Chine a dépassé les 50 milliards de dollars et pourrait même atteindre les 100 milliards d’ici à 2010, toujours selon le FMI.

Nora Boudedja