Le bilan d’Ouyahia

LE GOUVERNEMENT PUBLIE DES RÉSULTATS SEMESTRIELS

Le bilan d’Ouyahia

Par : Djilali Benyoub, Liberté, 11 novembre 2009

Le gouvernement a présenté son bilan du premier semestre de l’année 2009 par le biais d’un communiqué retransmis par l’APS.

Enfin l’Exécutif déroge à la règle qui veut que, depuis des années, il ne présente son bilan même pas devant l’Assemblée nationale ! Ni Ahmed Ouyahia ni Belkhadem ou encore Benflis, qui se sont succédé à la tête du gouvernement, n’ont daigné se mettre devant les députés pour présenter auparavant le prévisionnel (le programme). Chacun est parti, démissionnaire ou débarqué avec le secret de ses chiffres. Attitude longtemps perçue comme un mépris envers les élus.
Dans un contexte marqué par de sourdes critiques de l’action gouvernementale, son inaction précisément, Ahmed Ouyahia veut démontrer le contraire à travers des résultats positifs, notamment en matière de création d’emploi, et d’investissement.
Selon le communiqué du Premier ministre, 758 291 emplois ont été créés durant le 1er semestre 2009. Le communiqué va jusque dans le détail : les entreprises publiques qui bénéficient d’un important plan de charge ont créé 48 917 emplois. La Fonction publique et l’agriculture ont connu une courbe similaire en matière de création d’emplois, respectivement avec 25 662 postes de travail et 32 736, ainsi que 25 826 dans le cadre des investissements financés par les banques. Par ailleurs, 132 713 emplois ont été créés dans le cadre de l’insertion professionnelle avec 91 833 dans le secteur économique et 40 880 dans l’administration.
Dans le cadre du dispositif contrat préemploi, 14 075 emplois ont été créés, alors que dans les différentes formules du microcrédit 83 778 postes ont été créés. Les secteurs de la PME et de l’artisanat ont pourvu 17 150 emplois. Il ressort également dans ce bilan la création de 377 431 emplois permanents dans les chantiers en grand besoin de main-d’œuvre.
Dans son programme, le Président a prévu la création, durant son troisième mandat, de 3 millions d’emplois. Reste maintenant à savoir si cette tendance sera soutenue pour atteindre cet objectif. L’investissement au premier semestre de 2009 a atteint 15,884 milliards de dollars avec une majorité, 12,454 milliards de dollars, financée par le budget d’équipement. L’investissement privé national est de l’ordre de 2,3 milliards de dollars.
Sont passées en revue les réalisations de tous les secteurs au détail chiffré, investissement et réalisation. Éducation, formation professionnelle, santé, transport, travaux publics, énergie et mines, habitat, culture…
Curieusement, presque à la lettre près, le bilan semestriel rendu public par les services du Premier ministre ressemble à s’y méprendre aux bilans sectoriels présentés par les ministres lors de leurs auditions à la présidence de la République.
Est-ce peut-être là une manière pour le Premier ministre de défendre le bilan de son équipe qui ne fait pas l’unanimité ? Probablement, devant la multitude de critiques frontales que subissent plusieurs ministres depuis quelques mois. Mais le message pourrait être dans plusieurs directions. D’abord, le choix d’un retour à l’investissement public, le seul, en l’état actuel des choses, à pouvoir financer les grands projets structurants. Le privé national n’est pas en reste, mais il demeure faible. Les entreprises publiques sont, par le biais de ce choix considéré protectionniste, mises en avant et bénéficient d’un “régime” préférentiel. Plus implicite, l’autre message qui transparaît dans ce bilan s’adresse aux partenaires étrangers de l’Algérie.
Signe de la bonne santé de l’Algérie et des opportunités d’investissement qu’elle offre, d’une part. De l’autre, des chiffres pour la démonstration des capacités du pays à financer ses projets, Ouyahia suggère que les investisseurs étrangers doivent se soumettre aux règles du pays. Indirectement, il réaffirme son attachement aux dispositions de la loi de finances complémentaire et du projet de loi de finances 2010.