L’APN grossit les rangs des mécontents

LES PARTISANS DE LA DISSOLUTION DE PLUS EN PLUS NOMBREUX

L’APN grossit les rangs des mécontents

L’Expression, 28 Septembre 2010

Le recours abusif aux ordonnances est un autre indice qui démontre la non-efficacité de cette institution.

L’APN n’a plus sa raison d’être. La dernière sortie médiatique de Abdelaziz Ziari a porté un sérieux coup à l’image de marque de l’institution. Le président de la chambre basse a signé son arrêt de mort en prouvant publiquement son inefficacité. Se désengageant de toute responsabilité dans la lutte contre la corruption et en refusant de criminaliser le colonialisme, l’APN ne doit plus exister aux yeux de l’opinion publique. Ainsi, le clan des partisans de la dissolution de l’APN s’élargit. Après le Parti des travailleurs, des voix se sont élevées réclamant sa dissolution. La Fondation du 8 Mai 1945 a réagi énergiquement contre le blocage du projet de loi criminalisant le colonialisme. Son président, Kheireddine Boukhrissa, a usé de tous les termes pour dénoncer cette décision. «Scandaleux et honteux, tels sont les qualificatifs à inscrire sur l’enseigne du fronton de la chambre basse du Parlement algérien qui fait montre d’incapacité à répondre aux aspirations de son peuple», a-t-il martelé dans un communiqué rendu public avant-hier. Pour lui, «ce geste irresponsable est le pire cadeau de l’Aïd que l’Assemblée puisse offrir à un peuple avide de vérité». Le président de l’association a conclu son message en appelant à la dissolution de l’APN. Or le temps a donné raison au Parti des travailleurs. Sa secrétaire générale, Louisa Hanoune, a fait de cette cause son cheval de bataille.
Elle a lancé une campagne de signatures pour la dissolution de l’Assemblée populaire nationale qui est devenue, selon son expression, une cathédrale en plein désert. Quelque 50.000 signatures ont été récoltées dans le cadre de la pétition qu’elle a récemment lancée à ce sujet. Ces signatures vont accompagner la lettre qui sera adressée au président de la République par Mme Hanoune. «Le Président Bouteflika a voulu dissoudre le Parlement juste après la présidentielle de 2009, et organiser des élections législatives anticipées», a révélé Louisa Hanoune lors d’une conférence de presse tenue récemment à Zéralda. Cette décision du Président, a-t-elle expliqué, est venue suite à des informations faisant état de concessionnaires automobiles et hommes d’affaires en même temps députés à l’APN. A l’instar du PT, le FNA et le parti d’El-Islah ont également adhéré à cette démarche. Même des députés du FLN et du RND sont pour la dissolution de l’APN qui ne répond plus, selon eux, aux aspirations du peuple. Ayant souffert dès sa naissance, du problème de légitimité, avec un taux de participation de 35%, l’institution est sérieusement menacée de disparition après la déclaration fracassante de M.Ziari. «L’Assemblée parlementaire ne peut pas mettre en place une commission parlementaire d’enquête sur la corruption, car la lutte contre ce phénomène n’est pas la mission d’une Assemblée nationale», a-t-il affirmé en live sur la Radio nationale. Alors que les élus du peuple sont mandatés pour contrôler l’usage des deniers publics, M.Ziari a limité le champ d’action à l’adoption des lois présentées par le gouvernement. Après avoir interdit la constitution de toute commission d’enquête, l’APN ferme dès lors la porte aux éventuelles propositions de loi. S’exprimant sur le projet de loi criminalisant le colonialisme, le patron de la chambre basse a déclaré qu«’il n’est pas inscrit à l’ordre de cette session ni à la session qui suit». «L’examen de ce projet, a-t-il justifié, obéit à des considérations diplomatiques, juridiques et internationales.» Pour ainsi dire, l’APN n’a pas voulu irriter le gouvernement français en ignorant complètement la revendication de la famille révolutionnaire et de la population en général.
Par ailleurs, le recours abusif aux ordonnances est un autre élément qui démontre la non-efficacité de cette institution. La composante de celle-ci, constituée en majorité d’opportunistes et de «lobbies» est derrière ce choix. Preuve en est, le Président a dû intervenir à plusieurs reprises pour amender une loi votée par nos députés. «L’APN nuit plus qu’elle sert la société», a affirmé un législateur.

Nadia BENAKLI