Le groupe de Belmokhtar donne sa version de Tiguentourine

Le groupe de Belmokhtar donne sa version de Tiguentourine

El Watan, 22 avril 2015

Le groupe terroriste Al Mourabitoune a diffusé aujourd’hui sur son compte Twitter un rapport sur l’attaque de Tiguentourine et délivre un message à l’armée algérienne.

Combattre «le nouveau colonialisme qui veut s’installer dans nos pays», et «les traîtres qui ont vendu le peuple nos terres, pour que des entreprises pétrolières américaines et européennes viennent exploiter nos richesses».

Voilà le mot d’ordre des terroristes du mouvement Al Mourabitoune. Dans un document diffusé sur leur compte Twitter, dont on ignore à quelle date il a été rédigé, et signé Kahled Abou Al-Abbas, le nom de guerre de Mokhtar Belmokhtar, le mouvement donne des détails sur l’opération de la prise d’otage de Tigentourine en janvier 2013.

Le site aurait donc été choisi, «loin des villes» pour «protéger les musulmans». «Nous avons essayé, les premières heures, de faire sortir les travailleurs algériens». L’attaque, qui a nécessité «une préparation importante» dans le «grand Sahara». A l’aide de Google Earth, le groupe dit avoir étudié «la géographie et la météo». Il s’est aussi renseigné sur les différentes nationalités présentes sur les lieux. Les possibilités de sortie, la logistique en véhicules, en armes et en appareils électroniques, la prise de contrôle des routes : tout aurait été prévu.

Les djihadistes choisis pour la prise d’otages ont été choisis en fonction de leurs aptitudes et ont suivi une formation spécifique, théorique (comprendre l’ennemi) et pratique (comment choisir et cacher des explosifs). «Le point de départ se trouvait à 400 kilomètres de l’arrivée. La katiba comptait 29 personnes réparties dans quatre voitures grimées en voitures de l’armée», peut-on lire.

Le premier véhicule était conduit par le chef Abderrahmane Al-Nigiri, et devait se diriger vers l’usine de transformation de gaz. La deuxième équipe, menée par Abou Al-Baraa Al Djazairi, s’est dirigée vers la base de vie. Un autre groupe, sous la direction de Lamine Boucheneb, était chargé de prendre les otages afin de les utiliser comme moyen de pression.

La distance entre l’usine et la base de vie était de 2 km. La caserne de la gendarmerie nationale, qui se trouvait entre les deux, comptait environ 400 militaires divisés en plusieurs groupes chargés de la surveillance par rotation. «Seules deux options se présentaient, soit la confrontation, soit le retrait des deux sous conditions», précise le rapport.

Pour le groupe, qui dit avoir filmé toute l’opération pour qu’elle serve de base «pour ses combattants», cette opération a été un succès parce que «menée rapidement». Elle a également «mis en péril et fait échouer le système militaire et le renseignement». «Nous avons donné une exemple à suivre à nos moudjahidine et une leçon aux mécréants. Nous avons même terrorisé la France», poursuit le rapport.

Le rapport veut aussi délivrer aussi un message à l’armée algérienne : «Vous êtes toujours considérée comme une armée révolutionnaire et pourtant, on a toujours vu le contraire. Est-ce que les moudjahidine et les chouhada qui ont libéré l’Algérie l’ont fait pour que quelques années plus tard, vous vendiez l’Algérie aux Français. Vous devez combattre la France, l’appeler ‘’colonisateur’’ et appeler votre révolution ‘’djihad’’ car la France ne s’est jamais excusée de ses crimes.»

Ce rapport est diffusé alors que plusieurs services de renseignements ont déclaré Mokhtar Belmokhtar «disparu» et le soupçonnent mort.

Le 15 avril dernier, le doyen des juges d’instruction auprès du Pôle judiciaire spécialisé de Sidi Mhamed, Rachid Alanen, a déclaré que « L’affaire est toujours en cours instruction » et « qu’un nombre d’accusés font l’objet de recherches ».

Un groupe de 32 terroristes de huit nationalités (algérienne, tunisienne, égyptienne, malienne, nigérienne, canadienne et mauritanienne) avait attaqué la base Tiguentourine, faisant 37 morts parmi les travailleurs du site. Le site gazier de Tiguentourine employait 790 personnes dont 134 de 26 nationalités.

L’intervention des forces de l’Armée nationale populaire (ANP) avait éliminé 29 terroristes du groupe qui a mené l’attaque contre ce complexe gazier et capturer trois (3) autres, selon un bilan officiel.
Aziz. M, Mél. M et Faten Haye

 


 

Attaque de Tiguentourine : la version des terroristes

Massissilia Chafai, TSA, 22 avril 2015

Plus de deux ans après la prise d’otages sanglante de Tiguentourine en janvier 2013, le groupe terroriste auteur de l’attaque donne sa version des faits. Al Mourabitoune a publié, ce mercredi 22 avril, sur son site internet une « étude documentaire de l’opération des signataires du sang ».

Dans un document de 40 pages, le groupe terroriste retrace l’organisation de l’attaque et revient sur les moments de « gloire » et « d’échec » de leur opération, afin que d’autres djihadistes puissent « s’inspirer » de leur expérience. « Nous étions en train d’élaborer un documentaire vidéo mais le réalisateur est décédé, nous avons donc opté pour l’écriture de ce rapport », soulignent les auteurs du document.

« L’injustice, la pauvreté et la discrimination » dont souffrent les gens du Sud algérien, sont les facteurs qui ont motivé le groupe terroriste pour planifier une action en Algérie, selon la même source.

Le groupe explique que ce n’est pas normal qu’un pays aussi riche profite aux Occidentaux alors que les habitants de la région vivent dans la misère.

L’opération n’était pas simple, selon la même source. « Il y avait le manque d’eau, la chaleur, les terres désertes », note Al Mourabitoune. Après des mois d’entrainement et d’étude, le groupe a enfin mis en place son plan d’action qu’il explique en détail. Le seul mot d’ordre est de ne pas toucher aux musulmans, selon les rédacteurs du document. « Nous avons choisi ce site, car il était loin des habitations ». À bord de quatre véhicules, 29 membres du groupe armé pénètrent dans le site gazier de Tiguentourine. « Nous avons libéré les Algériens et pris en otage 37 expatriés ».

Le groupe terroriste admet que l’armée algérienne est forte et possède les équipements nécessaires. Il estime que lors de son intervention, les attaques de l’ANP étaient anarchiques, « ce qui a causé la mort de travailleurs algériens et a blessé les otages ». Autre fait notable, Al Mourabitoune remet également en cause les chiffres communiqués par le gouvernement algérien. « Ils ont déclaré avoir tué 32 terroristes et trois otages alors que nous étions 29 ».