Que se passe-t-il à la forêt d’Amejoudh?

QUE SE PASSE-T-IL A LA FORÊT D’AMEJOUDH ?

Alors que l’opération militaire s’y poursuit

Le Soir d’Algérie, 18 août 2007

Le pilonnage aérien de la forêt d’Amejoudh a cessé depuis pratiquement la matinée de jeudi, après deux phases d’intenses pilonnages des hélicoptères de l’ANP, mercredi aux environs de 14 heures et jeudi aux aurores.

Ces deux bombardements ont duré chacun quelque trois heures avec un largage de bombes très intense. Selon les témoignages d’un citoyen habitant un village sur les collines avoisinant le théâtre de ces opérations, une forte explosion a été entendue très tôt ce vendredi. Selon ce citoyen, le souffle et les vibrations provoqués ont été même ressentis par les habitants des villages environnants. Il s’agirait, selon une source bien informée, d’une opération de déminage. Ce même jour en début d’après-midi, quelques foyers de fumée sont sporadiquement visibles dans la forêt. Ce qui peut laisser supposer que des obus ont encore été tirés. Si tel est le cas, cela ne peut provenir que des canons placés au lieudit “ Hdach tchjours”, à la sortie sud et immédiate de la ville des Genêts, car les forces héliportées ne sont à aucun moment intervenues ce jour. Ceci dit, même si le ciel est complètement “calme”, le mouvement des troupes au sol, sans doute signe que l’opération est assez sérieuse, est toujours visible à la lisière de cette forêt et ce, au niveau de toutes les régions limitrophes, où plusieurs postes avancés ont été installés. A en juger par le concert des convois qui parcourent dans tous les sens de jour comme de nuit la région de Maâtkas, l’opération semble atteindre sa vitesse de croisière dans sa phase terrestre. Dans cette localité, plusieurs endroits situés à l’orée de la forêt font l’objet de bouclage par intermittence. Mais tout porte à croire que l’évolution dans les profondeurs des lieux est des plus difficiles et des plus périlleuses. Les soldats de l’ANP, qu’on a vus, par exemple, dans la nuit de mercredi à jeudi, tenter de pénétrer le lieu dit “Izdagh”, ne s’y sont aventurés qu’après mille précautions. C’est seulement épaulés par les hélicoptères équipés, dit-on, de moyens d’observation nocturne des plus perfectionnés, que les petites avancées ont été rendues possibles. En effet, tous les sentiers et les issues menant aux points névralgiques où serait localisé le groupe terroriste encerclé, seraient fortement minés et truffés de bombes et autres pièges. De petits groupes, détachés de l’important contingent de terroristes, auraient été aussi aperçus en mouvement. Ce qui accentue le risque d’accrochage et d’embuscades à l’intérieur de la dense forêt. Toutes ces explications ne peuvent être que plausibles du fait que, depuis l’avènement du terrorisme en Algérie, la forêt d’Amejoudh a toujours constitué une base-arrière et un refuge sûrs pour les groupes armés, d’où le terrain acquis en leur faveur dans ce genre d’opérations. D’ailleurs, c’est à CW 147 qui donne accès directement sur la forêt, au niveau de “Tassorort”, “Lemchaâ” et bien d’autres endroits que de nombreux faux barrages et autres actes terroristes et enlèvements ont toujours été perpétrés. C’est également à la lisière de celle-ci qu’un émir, qu’on disait très important dans l’organigramme du GSPC et originaire du quartier Bouaziz à Tizi-Ouzou, a été abattu par un commando de l’ANP du cantonnement de Tadmaït, il y a quelques années. C’est aussi dans cet endroit, Ighzer- Ouguergour, très difficilement accessible, qu’étaient découverts, enterrés, plusieurs citoyens ou membres des services de sécurité, enlevés puis tués. Concernant le bilan de cette opération, qui semble s’étaler dans le temps, aucune explication ou information n’est venue apporter des réponses aux nombreux questionnements que l’on ne cesse de se poser. L’on ne sait pas quels sont réellement les résultats de tous les bombardements et de tout cet impressionnant arsenal déployé depuis maintenant plus d’une semaine. Point d’autres informations sur le groupe encerclé, des pertes infligées, sur le QG qu’on dit avoir localisé au flanc de la falaise au lieudit Thamdha Boumnar, ou même sur la confirmation de la présence du fils d’Ali Benhadj parmi les assiégés.
R. A.