Attentat à Batna, en Algérie, avant une visite de Bouteflika

Attentat à Batna, en Algérie, avant une visite de Bouteflika

Par Lamine Chikhi, 6 septembre 2007

ALGER (Reuters) – Quatorze personnes ont péri et une soixantaine d’autres ont été blessées, pour la plupart légèrement, dans un attentat suicide commis jeudi après-midi à Batna au sud-est d’Alger, peu avant l’arrivée dans cette ville du président algérien Abdelaziz Bouteflika, a déclaré dans la soirée le ministre de l’Intérieur, Noureddine Yazid Zerhouni.

Batna est une ville de près de 200.000 habitants située au pied des Aurès, à 430 km d’Alger.

L’attentat de jeudi n’a pas été revendiqué pour l’instant.

Mais le chef de l’Etat, qui, une fois arrivé dans la ville, s’est rendu dans un hôpital au chevet de certains blessés, a imputé cet acte à des islamistes armés, qu’il a qualifiés de « criminels ».

« Réagissant à la bombe qui a fait des victimes cet après-midi, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a stigmatisé les criminels qui tentent de saboter le processus de paix et de réconciliation nationale », écrit l’agence de presse algérienne APS. « Les actes terroristes n’ont absolument rien à voir avec les nobles valeurs de l’islam », a dit le chef de l’Etat, cité par APS.

Selon lui, « Ces personnes (les auteurs de l’attentat) oeuvrent pour le compte de capitales étrangères et de dirigeants étrangers ». Il n’a pas donné davantage de précisions.

Dans un message adressé à Bouteflika, le président français Nicolas Sarkozy a dit jeudi soir condamner « sans appel les violences barbares et aveugles dont le peuple algérien continue de souffrir ».

« Je tiens à vous assurer de la pleine solidarité de la France et de mon soutien indéfectible dans votre lutte déterminée contre le terrorisme », a ajouté Sarkozy.

LA POLITIQUE DE RÉCONCILIATION MAINTENUE

Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a exprimé dans un communiqué son « horreur » et son « indignation après l’attentat barbare qui s’est produit cet après-midi à Batna ».

Des habitants de Batna ont raconté qu’une partie des morts et des blessés se trouvaient parmi un rassemblement qui attendait l’arrivée du chef de l’Etat.

« Une personne suspecte, parmi la foule, a tenté de franchir le cordon de sécurité. Refoulée par un agent des forces de sécurité, cette personne est partie en courant. Immédiatement après s’est produite l’explosion », a expliqué le ministre de l’Intérieur, parlant de 14 morts et 60 blessés. La télévision nationale algérienne avait fait état, un peu plus tôt, de 15 morts et 74 blessés.

Bouteflika a déclaré dans une allocution à la télévision nationale, au début de sa visite à Batna, qu’il ne renoncerait jamais à sa politique de réconciliation nationale, laquelle vise à mettre fin à 15 années de combats entre les forces de sécurité et les groupes qui cherchent à instaurer un Etat islamique pur et dur.

Les violences politiques ont diminué ces dernières années en Algérie, mais un noyau dur de 500 islamistes armés, regroupés au sein de l’Organisation d’Al Qaïda au Maghreb islamique, poursuit la lutte, essentiellement en Kabylie, à l’est d’Alger. Ces violences ont fait, de 1992 à aujourd’hui, dans les 200.000 morts.

L’Organisation d’Al Qaïda au Maghreb islamique a revendiqué le triple attentat suicide qui avait fait 33 morts le 11 avril dernier à Alger. Elle a également revendiqué l’attentat au camion suicide du 11 juillet, qui avait tué huit soldats à l’est de la capitale.