Mig 29, dette et terrorisme

Le chef d’état-major de l’ANP à Moscou

Mig 29, dette et terrorisme

Le Quotidien d’Oran, 23 mai 2005

Le général-major Ahmed Gaïd Salah, chef d’état-major de l’ANP, est à Moscou. Les militaires russes comptent sur cette visite pour encourager l’armée algérienne à acheter russe dans le cadre de la modernisation de ses équipements militaires.

C’est à l’invitation du général-colonel Youri Nikolaevitch Balouevsky, premier adjoint au ministre de la Défense et chef d’état-major général des forces armées russes, que le chef d’état-major algérien effectue, depuis hier, une visite officielle en Russie. Depuis la venue sur les terres de Poutine de l’ancien général de corps d’armée Mohamed Lamari, deux fois en trois ans, l’ANP n’a pas eu de délégation à ce niveau de représentation.

L’équation des militaires russes est assez simple. Ils comptent convaincre les Algériens d’accélérer le dossier de la vente de 50 Mig 29 SMT, de la nouvelle génération, pour un montant estimé par les industries Rosoboronexport, fabricant des MIG et des Sukhoi, entre 1,5 et 2 milliards de dollars. Ce contrat, qui serait un succès pour les industries militaires russes et qui permettrait aux forces aériennes algériennes d’achever le processus de modernisation de la flotte de chasse, entamé par l’achat en 2002 de 42 hélicoptères de combat MI-17 pour 200 millions de dollars, bute cependant sur les négociations autour de le dette russe.

Le sujet abordé entre Algériens et Russes lors de la visite du président Bouteflika à Moscou, en 2002, conditionne les termes de cet achat ainsi que les contrats militaires à venir. Le ministre algérien des Finances, Mourad Medelci, plancherait actuellement pour trouver une solution qui satisfasse les deux parties. Les Russes voulant récupérer une partie de leurs créances ou les répercuter sur la vente des avions de chasse et d’autres équipements militaires à l’Algérie.

Moscou semble avoir des arguments pour convaincre les militaires algériens qui sont de plus en plus sensibles aux équipements militaires biélorusses et ukrainiens, assez compétitifs et à des prix plus intéressants. Les Russes font miroiter la possibilité aux Algériens de livrer davantage d’équipements militaires qui peuvent allier des systèmes antiaériens, des antimissiles ou des chars T 90, si l’armée algérienne consent à ne pas trop diversifier ses commandes vers leurs concurrents, anciennement soviétiques.

Les militaires russes ont déjà concédé aux Algériens des travaux sous licence, en 2004, dans le cadre de contrats d’exportation directs, selon l’agence Novosti, pour que les industries Rosoboronexport puissent entretenir les Sukhoi 22 déjà vendus à l’Algérie. Ils comptent sur ce contrat pour proposer 150 autres appareils, même si l’armée algérienne, qui est en contact avec des fournisseurs sud-africains, indiens, chinois, iraniens et américains, a l’embarras du choix pour fixer son carnet de commandes.

Sur un autre plan, la visite du CEM/ANP Gaïd Salah pourrait également aborder les questions antiterroristes. Sur ce dossier, Russes et Algériens, qui sont sur la même longueur d’onde, s’intéressent à la filière tchétchène depuis la découverte de plusieurs terroristes d’origine algérienne dans les rangs des milices de l’ancien chef terroriste Chamil Bassaiev. Les réseaux du Caucase du Nord inquiètent les Russes depuis l’arrestation d’un Algérien par le FSB (ex-KGB), Kamel Bourakhla, alias Abou Mouskhab, ancien d’Afghanistan, qui se trouvait dans la région pour entraîner des Tchétchènes aux techniques de la guérilla. Ainsi, et profitant de cette visite, les militaires russes ne manqueront pas d’affirmer les liens traditionnels qu’ils possèdent avec les Algériens pour vendre des équipements militaires entrant dans le cadre de la modernisation de l’ANP. Cette dernière vise à acquérir moins d’équipements militaires, notamment pour la flotte aérienne, mais qui seraient sophistiqués.

Mounir B.