L’Algérie devrait se doter de nouveaux chars T-90 et Sukhoï-Su30

Nouveaux gros contrats en négociation entre Alger et Moscou

L’Algérie devrait se doter de nouveaux chars T-90 et Sukhoï-Su30

par Zouaoui Mouloud, Le Jeune Indépendant, 29 mai 2005

L’Algérie devrait acquérir de nouveaux équipements militaires russes, parmi eux 300 chars T-90 qui viendront s’ajouter aux précédents équipements militaires achetés auprès de l’ex-Union soviétique dans le cadre de la modernisation des capacités défensives de l’ANP, un processus engagé depuis 1999.

Selon l’édition de vendredi du quotidien russe Kommersant, l’Algérie pourrait également acheter une ou deux escadrilles de chasseurs lourds SU-30MKI ou SU-34 pour un montant estimé entre 800 millions et 1 milliard de dollars, ainsi que trois ou quatre escadrilles de Mig-29SMT avec une autonomie accrue pour un montant allant de 1 à 1,2 milliard de dollars.

Le journal précise, selon des informations recueillies auprès de responsables de l’industrie d’armement russe, que les prix proposés à l’Algérie sont en dessous de ce qui est pratiqué sur le marché de l’aviation militaire. Citant des responsables du service fédéral pour la coopération technico-militaire, le quotidien Kommersant, spécialisé dans les milieux des affaires, indique que cet éventuel important achat d’armes russes a été au coeur des négociations menées par le chef d’état-major de l’Armée nationale populaire (ANP), le général Ahmed Gaïd Salah, durant son récent séjour à Moscou.

Le quotidien souligne que pour la première fois la Russie a proposé à un acheteur étranger de lui reprendre une partie de ses chasseurs usagés à titre de paiement de la livraison de nouveaux appareils. En échange de Mig-29SMT neufs, la Russie reprendra à l’Algérie 36 vieux Mig-29.

Cet échange, estiment les responsables russes de l’industrie militaire, devrait accroître l’attractivité des propositions russes dans la lutte contre la concurrence des autres constructeurs européens, notamment la France qui souhaite voir l’Algérie lui commander des Mirages 2000.

Les mêmes sources au service fédéral pour la coopération technico-militaire indiquent encore que l’Algérie entend, en outre, conclure, dans les deux à trois mois, avec la Russie un accord de prêt, depuis longtemps en négociation, en vue de l’achat de 300 chars russes T-90S pour un montant de 650 millions et destinés à la modernisation de l’armée de terre.

Le journal moscovite écrit également que l’Algérie est le plus gros acheteur d’armes russes sur le continent africain. Au cours des dix dernières années, la Russie lui a livré 47 hélicoptères Mi-8T, 42 Mig-17, 96 missiles de croisière X-35, 18 lance-roquettes multiples Smertch, ainsi que des moyens de reconnaissance radiotechnique.

Le journal rapporte aussi que l’année dernière le groupement aéronautique de Novossibirsk a achevé la réalisation d’un contrat relatif à la fourniture à l’Algérie de 22 bombardiers SU-24MK pour un montant de 120 millions de dollars.

L’Algérie a également fait acquisition de six avions ravitailleurs Il-78. Par ailleurs, la publication indique que les pourparlers sur plusieurs contrats d’un montant cumulé de près de 2 milliards de dollars étaient sur le point d’aboutir, mais n’ont pas été signés en raison des récents remaniements intervenus au sein de la direction des forces armées algériennes.

Il s’agit, entre autres, de la vente à l’Algérie de 50 chasseurs Mig-29 pour 1,5 milliard de dollars, de 300 chars T-90S pour 650 millions de dollars, de patrouilleurs de faible tonnage et de vedettes pour la marine nationale dont le montant n’a pas été précisé.

La source au sein du service fédéral pour la coopération technico-militaire a indiqué que les rencontres avec le chef d’état-major de l’armée algérienne avaient montré que dans plusieurs domaines les pourparlers allaient devoir repartir pratiquement de zéro.

Les militaires algériens entendent notamment réévaluer les besoins de l’armée de l’air algérienne en matière de rénovation de ses matériels volants. Cela d’autant que ces nouvelles acquisitions destinées à améliorer les capacités défensives de l’armée algérienne interviennent quelque quatre mois après la décision algérienne de ne plus acquérir de nouveaux armements russes jusqu’à ce que le Kremlin efface la dette algérienne estimée à 4 milliards de dollars.

La condition algérienne avait été transmise aux responsables russes lors du Salon international de l’armement IDEX 2005, qui s’est déroulé en février à Abou Dhabi (Emirats arabes unis). La condition algérienne a été imposée suite à la décision prise par la Russie d’effacer 10 des 13 milliards de dollars de la dette de la Syrie afin de lui permettre d’acquérir de nouvelles armes, dont des missiles, destinées à moderniser son armement devenu quasi obsolète.

L’Algérie s’est dès lors abstenue de procéder à de nouveaux achats d’armements russes jusqu’à ce que Moscou accorde le même traitement que celui dont a bénéficié la Syrie en ce qui concerne le règlement de la dette contractée du temps de l’ex-Union soviétique.

On ignore toutefois si cette question a été au cœur des négociations menées par le chef d’état-major Gaïd Salah avec les responsables militaires russes. Z. M.