Des détails sur les opérations de l’ANP à l’étranger

DES MILITAIRES ALGERIENS EN ANGOLA, HAÏTI, CAMBODGE, CONGO, ETHIOPIE ET ERYTHREE

Des détails sur les opérations de l’ANP à l’étranger

Le Quotidien d’Oran, 27 mars 2004

Généralement «cantonnée» dans le rôle du parrain du jeu politique interne ou dans l’actualité brève des déplacements de son chef d’état-major et ses fameuses interviews, l’armée algérienne fait peu cas de ses contributions internationales et de ses effectifs engagés dans les missions de maintien de la paix dans différents foyers de tension internationaux. La récente livraison de la revue de l’ANP, El Djeïch, revient sur quelques détails de cette «politique» extérieure de l’ANP et sur son histoire récente. Peu médiatisées, ces opérations engagées sous couvert de l’ONU et des différentes conventions internationales et résolutions onusiennes, sont très peu connues des Algériens. Rares sont ceux qui savent que l’armée algérienne maintient toujours quelques effectifs, certes en nombre très symbolique, dans la République du Congo par exemple. L’engagement, décidé par les Nations unies pour garantir le respect du cessez-le-feu de Lusaka entre ce pays et cinq autres Etats africains — l’Angola, la Namibie, le Rwanda, l’Ouganda et le Zimbabwe -, stipulait la mise en place de la fameuse MONUC, en septembre 1999, pour surveiller cette «paix» chancelante dans la région. Le cahier des charges de cette force supposait la surveillance du respect des accords mais aussi d’autres tâches de liaison et de permanence entre les différentes parties en conflit latent.

La revue El Djeïch qui traite pour une fois de la question, précise dans la livraison de janvier 2004 que «cinquante et un officiers observateurs militaires algériens ont pris part à cette mission». Un effectif qui sera renforcé, dans le cadre d’une mission parallèle de liaison sur le terrain décidée par l’OUA de l’époque, sous le parapluie d’une commission militaire mixte «déployée du 01/11/1999 au 02/11/2000 et qui comptait la participation de cinq officiers de liaison algériens». La mission étant toujours maintenue avec le même engagement de l’ANP.

Un autre versant peu médiatisé des accords de cessation des hostilités entre l’Ethiopie et l’Erythrée, signés à Alger sous une intense attention internationale, est l’engagement militaire algérien, toujours sous couvert de l’ONU, pour garantir le respect de cet accord. La mission MINUEE, décidée en juillet 2000 par le Conseil de sécurité, avec ses 4.200 militaires et 220 observateurs comptait elle aussi 31 officiers observateurs militaires algériens. Ceci en plus des six autres officiers algériens et d’un expert militaire envoyés dans le cadre de la mission décidée par l’OUA et par la suite de l’UA en août 2000 et avril 2003, précise la revue.

L’engagement et les contributions de l’ANP dans le cadre onusien, tout autant pour des missions de maintien (peace-keeping), de restauration (peace-making) ou d’imposition de paix (peace-enforcement), selon la terminologie des spécialistes de la question, remontent aussi à plus loin dans le passé. Selon le même article de la revue, 16 officiers algériens ont participé à des opérations semblables en Angola après l’indépendance de ce pays pour instaurer la «paix» décidée par l’ONU entre le parti au pouvoir, le MPLA, et son rival l’UNITA dans le cadre d’une première mission en 1989, l’UNAVEM I «qui avait pour mission le retrait effectif des troupes cubaines alliées au MPLA». «D’une durée totale de deux années (janvier 1989 à janvier 1991), cette mission a vu la participation de l’ANP qui a dépêché, sur le terrain, 16 officiers observateurs militaires», selon El Djeïch. Un engagement renforcé dans le cadre de la deuxième mission, UNAVEM II – février 1991 à janvier 1993 -, avec 20 officiers algériens pour garantir les accords de cessez-le-feu et la couverture des élections. Par ailleurs, 18 autres officiers algériens ont participé à la troisième mission, l’UNAVEM III – février 1995 à février 1997 -, pour surveiller «l’application de l’accord de Lusaka, signé entre le pouvoir et l’UNITA».

Le «quota» le plus important de l’ANP dans le cadre de ces missions semble toutefois être celui décidé dans le «cadre de la mission préparatoire des Nations unies au Cambodge (MIPRONUC), de décembre 1991 à février 1992, et celle de l’APRONUC, engagé par l’ONU toujours pour «gérer» la transition politique d’un pays dévasté par une guerre civile de 20 ans avec un million de morts en bilan. 18 officiers observateurs militaires et 208 officiers et sous-officiers observateurs de police ont contribué à assurer l’administration et le bon déroulement des élections au Cambodge. Plus loin dans l’histoire de Haïti, qui connaît aujourd’hui encore les violences d’une transition politique ratée et des fausses successions meurtrières, l’ANP avait déjà engagé des officiers algériens dans différentes missions dans ce pays. Deux officiers observateurs seront dépêchés dans le cadre de l’UNAVEH, mission décidée par l’ONU pour novembre et décembre 1990 pour assurer la régularité des élections décidées par le nouveau gouvernement provisoire après les violentes manifestations du 10 mars 1990.

L’ANP enverra un contingent plus important d’instructeurs algériens, au nombre de 32 militaires algériens, de février 1995 à août 1996, puis de cette date à juillet 1997, pour assurer des missions de formation et d’encadrement pour les forces de sécurité haïtiennes, dans le cadre de la MINHUA puis celui de la nouvelle mission d’appui des Nations unies, sur décision du Conseil de sécurité.

K. D.