Le Syndicat national de la magistrature réplique à Human Rights Watch

LE SNM RÉPLIQUE À HUMAN RIGHTS WATCH

«Les magistrats ne sont pas responsables de tous les travers»

Le Quotidien d’Oran, 23 juin 2005

Human Rights Watch, l’ONG américaine a rencontré les représentants du Syndicat national de la magistrature à l’hôtel des magistrats à El-Biar, après avoir fait le bilan de ses activités en Algérie, lors d’une conférence de presse, à l’hôtel Safir. Pour le président du SNM,les membres de l’ONG avaient des « idées » sur différents dossiers, tels que celui des disparus, celui de la détention préventive. Le SNM a défendu le principe du respect de la loi par les magistrats.

Les magistrats regretteront que l’ONG américaine ait surtout écouté les sons de cloche des maîtres du barreau. « L’ONG est arrivée avec un rapport noir sur la justice dressé par les avocats », dira le président du SNM. Interpellés sur le dossier des disparus, les magistrats présents ont remarqué que la gestion judiciaire de ce type de dossiers dépend des éléments constitutifs. « Nous traitons les dossiers selon la loi et les éléments en notre possession. S’il y a des preuves, nous condamnons, s’il n’y en a pas, et que les dossiers sont vides ou bidon, nous prononçons des non-lieux », précisera Djamel Aïdouni, président du SNM.

Il regrettera que la justice et les magistrats soient constamment accusés de blocages sur ce dossier. « Nous traitons les dossiers convenablement. Les juges d’instruction respectent la loi. Ce problème est certes épineux et politique mais ne relève pas des magistrats. Nous ne pouvons pas ramener X ou Y et le condamner sans preuves. Les victimes quand elles se plaignent, elles n’apportent pas de preuves concrètes. Et puis les cas de disparus sont plus complexes, quand ceux qui étaient chargés de faire le travail à ce sujet n’y sont pas arrivés, ils ont jeté la pierre aux magistrats », dira-t-il.

Pour le président du SNM, il est déplorable que des avocats algériens chargent les magistrats de tous les maux de la justice. « Il y a de bons comme de mauvais avocats. Il y a de bons comme de mauvais magistrats. Nous ne mettons pas tout le monde dans le même panier. Nous avons l’impression que certains qui étaient à l’époque du terrorisme cachés dans les palaces européens, alors que des magistrats se faisaient assassiner, essuient aujourd’hui tous les torts sur le dos des magistrats.

Il peut y avoir des erreurs. Mais tout n’est pas de notre faute et nous ne rentrons pas dans ce genre de conflit ». Le président du SNM remarquera également que le représentant de Human Rights Watch ne s’est intéressé qu’aux cas de disparitions imputés aux forces de l’ordre et non à celles victimes du terrorisme. « Il n’y a pas des disparus seulement du côté des terroristes. Il y en a au niveau des forces de l’ordre et des citoyens. Ceux-là aussi devraient être concernés », explique le président du SNM.

Concernant l’indépendance de la justice en général, les magistrats ont souligné les réformes engagées ces dernières années. « Vous savez quand le SNM luttait pour l’indépendance de la justice personne ne l’a soutenu. Ils étaient tous contre nous. Nous travaillons à renforcer nos capacités. Nous n’avons aucun problème ou noeud à ce sujet et qu’ils ne viennent surtout pas nous donner des leçons à ce sujet.

Nous avons une justice jeune, fertile, qu’ils viennent voir dans 5 ou 10 ans », estimera Djamel Aïdouni. Le SNM s’est refusé par ailleurs à tout commentaire sur la réconciliation nationale ou l’amnistie générale. «Le syndicat n’a pas de rôle politique. Nous n’intervenons pas dans le domaine politique». Les représentants de Human Rights Watch seront repartis avec leurs propres idées à ce sujet.

Samar Smati