Demande de levée du secret défense sur les moines de Tibéhirine

Demande de levée du secret défense sur les moines de Tibéhirine

NOUVELOBS.COM | 27.08.2009

La demande a été adressée à trois ministères dans l’enquête sur la mort de sept moines français en Algérie en 1996, où l’armée algérienne est soupçonnée d’avoir joué un rôle.

Le juge d’instruction Marc Trévidic a saisi il y a quelques jours les ministères des Affaires étrangères, de la Défense et de l’Intérieur pour qu’ils remettent les documents secrets qu’ils détiendraient éventuellement sur le dossier des moines de Tibéhirine. L’avocat des familles des victimes, Me Patrick Baudouin, avait demandé cette démarche au magistrat afin de déterminer ce que le gouvernement français connaît de cette affaire.

Les rapports du Général Rondot

« Une enquête judiciaire n’a été ouverte en France qu’en 2004, soit huit ans après les faits », a-t-on expliqué de source judiciaire. Le juge se demande si ce retard pourrait être dû à des pressions politiques pour ne pas nuire aux relations entre la France et l’Algérie, ajoute-t-on de même source. Le général François Buchwalter, attaché militaire à l’ambassade d’Alger en 1996, a déclaré le 25 juin dernier à Marc Trévidic que, selon ses informations, les moines de Tibéhirine n’avaient pas été tués par les islamistes qui les détenaient mais par l’armée algérienne lors de l’assaut donné aux insurgés. Le juge souhaite prendre connaissance des rapports que François Buchwalter dit avoir remis aux autorités françaises à l’époque. Le magistrat demande aussi à accéder aux rapports rédigés éventuellement par le général Philippe Rondot, qui a enquêté en Algérie sur l’affaire pour le compte de la DST.

Le black-out de l’ambassade de France

Le 9 juillet, le président Nicolas Sarkozy s’est dit favorable à la levée du secret défense sur cette affaire. Ce n’est pas lui qui prendra formellement la décision mais le ministre de la Défense, après avis d’une commission consultative. Les autorités algériennes ont toujours désigné le groupe islamique armé (GIA), qui a revendiqué les assassinats, comme responsable du crime.
Les sept moines français avaient été enlevés dans la nuit du 26 au 27 mars 1996 dans leur monastère de Tibéhirine, situé près de Médéa, à 100 km d’Alger, dans les montagnes de l’Atlas. En mai, les médias algériens avaient fait état de la découverte de leurs dépouilles.
François Buchwalter a dit au juge Trévidic avoir obtenu ses informations à l’époque d’un gradé algérien. Les moines auraient été tués par erreur lors d’un raid aérien sur des islamistes. L’ambassade de France avait ordonné un black-out sur ces informations, a ajouté le général sur procès-verbal.

(Nouvelobs.com)