Affaire Sonatrach: La défense demande l’audition de Chakib Khelil

AFFAIRE SONATRACH

La défense demande l’audition de Chakib Khelil

Le Soir d’Algérie, 21 avril 2011

L’affaire Sonatrach, instruite par le pôle judiciaire spécialisé d’Alger, risque de connaître dans les prochains jours des rebondissements. Selon des sources judiciaires proches du dossier, les avocats des mis en cause dans cette affaire comptent saisir de nouveau le juge instructeur pour l’audition de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, en tant que témoin à décharge.
Abder Bettache – Alger (Le Soir) – L’instruction de l’affaire Sonatrach a entamé depuis le début de la semaine en cours sa dernière ligne droite. Une étape très importante avant que le juge instructeur ne close le dossier et le renvoyé devant le procureur de la République. C’est ce dernier, conformément au code de procédure pénal, qui est appelé à renvoyer le dossier devant l’instance judicaire compétente appelée à trancher cette affaire. Mais avant cette ultime étape, le juge instructeur doit trancher quant à la suite à donner à la requête des avocats de la défense. Cette dernière, faut-il le signaler, inscrit sa démarche conformément à l’article 69 bis de la loi 06- 22 du code de procédure pénal qui stipule que «l’inculpé ou son conseil et/ ou la partie civile ou son conseil peuvent, à tout moment de l’instruction, demander au magistrat instructeur de recueillir ses déclarations, auditionner un témoin ou procéder à un constat, pour la manifestation de la vérité. Si le magistrat instructeur ne croit pas devoir procéder aux actes demandés, il doit rendre, dans les vingt jours suivant la demande des parties ou de leur conseil, une ordonnance motivée. A l’expiration de ce délai, et à défaut d’ordonnance du juge d’instruction, la partie ou son conseil peut dans les dix jours, saisir directement la chambre d’accusation qui statue dans les trente jours à partir de la saisine. Sa décision n’est susceptible d’aucune voie de recours». En somme, le juge d’instruction instruit à charge et à décharge. Il doit donc procéder à tous les actes d’information utiles, que ceux-ci soient de nature à démontrer la culpabilité ou l’innocence d’une personne. Question : le magistrat donnera-t-il suite à la requête de la défense ? En début de semaine, le juge instructeur a de nouveau entendu au moins trois personnes poursuivies dans cette affaire. Il s’agit de l’ex-P-dg de Sonatrach, Mohamed Meziane, et ses deux fils. Selon des sources citées par le journal El Watan, Mohamed Meziane, sous contrôle judiciaire, et ses deux fils, en détention provisoire depuis plus d’une année, sont concernés par un nouveau chef d’inculpation lié au blanchiment d’argent. Pour cette raison, ajoute la même source, le juge les a interrogés sur leurs biens immobiliers et leurs comptes ainsi que ceux de leurs épouses. Cela dit, lors des premières auditions des quatorze prévenus et celles d’une quinzaine de témoins, celles-ci se sont achevées en laissant «transparaître» une lourde interrogation quant à la responsabilité politique et administrative de l’ex-ministre de l’Energie, Chakib Khelil, dans ce scandale. En effet, que ce soit l’ancien P-dg Mohamed Meziane, ses deux enfants ou les vice-présidents, Benamar Zenasni, chargé de l’activité transport par canalisation — sous mandat de dépôt —, Belkacem Boumedienne, chargé de l’activité amont – en détention provisoire — et Chawki Rahal, chargé de l’activité commercialisation – placé sous contrôle judiciaire —, il est clair que tous les actes de leur gestion étaient soumis à l’appréciation du ministre de l’Energie, expliquent nos sources. Mieux, les mêmes sources révèlent que Mohamed Meziane, l’ex-P-dg, «ne faisait rien sans se référer à Chakib Khelil. Même pour le cas de ses deux enfants, l’un travaillant pour Saipem et l’autre pour Contel, les deux sociétés étrangères détentrices des marchés, objet de ce scandale, il en avait fait part à son ministre». Les marchés de télésurveillance pour les bases du sud du pays ne sont, en général, jamais traités uniquement par le P-dg ou ses vice-présidents. «Ils sont tous soumis à l’appréciation de Khelil, dont certains par écrit…» Ce scandale, faut-il le préciser, avait éclaté en janvier 2010 et concerne des contrats de gré à gré accordés au groupe Funkwerk Plettac Contel pour des équipements de contrôle et de sécurité, et à l’italienne Saipem, où exerçaient les deux enfants de l’ex-P-dg.
A. B.