La famille Tounsi contredit la version d’Oultache

Rebondissement dans l’affaire de l’assassinat de L’EX-DGSN

La famille Tounsi contredit la version d’Oultache

Par : Nissa Hammadi, Liberté, 30 mai 2010

La famille Tounsi n’a pas souhaité assister à la reconstitution de la scène du crime, préférant déléguer ses avocats. Ces derniers pensent que lors de cette dernière, le timing n’a pas été respecté.

Dans une déclaration à Liberté, la famille Tounsi affirme s’“opposer formellement et catégoriquement à toute exhumation du corps” du défunt DGSN et considère que “les expertises ont été faites de manière correcte”. “Il n’est pas question de toucher la tombe. Ils devront avant nous passer sur le corps”, martèle la famille qui ressent l’éventuelle requête de la défense du prévenu Oultache comme une offense et un deuxième assassinat de M. Ali Tounsi. La famille du défunt dément également la version donnée par l’inculpé lors de la reconstitution de la scène du crime tenue mercredi dernier, selon laquelle il a tiré quatre balles au niveau droit du thorax et n’a pas atteint le DGSN à la tête. “Nous avons examiné le corps avec le médecin légiste et nous soutenons qu’il n’y avait aucun impact, ni sortie de balle, ni au niveau du thorax, ni à l’abdomen. Les balles qui ont atteint M. Tounsi sont bien celles du révolver utilisé par l’assassin et du même calibre.” La famille du défunt DGSN réclame la vérité, toute la vérité. Elle veut connaître le mobile du crime. “Aujourd’hui, ce qui nous importe, c’est de connaître la vérité, les gens qui sont derrière cet assassinat, l’identité des commanditaires.” Encore extrêmement éprouvée par la disparition soudaine et tragique d’un homme de l’envergure du défunt DGSN, sa famille n’a pas souhaité assister à la reconstitution de la scène du crime, préférant déléguer ses avocats. Ces derniers pensent que lors de cette dernière, le timing n’a pas été respecté. Autrement dit, ils ne savent toujours pas combien de temps le prévenu est resté dans le bureau de M. Tounsi et quand il en est ressorti. Autant d’éléments importants, selon eux. Comme ils disent ne pas connaître encore le mobile du crime. La famille Tounsi a eu à réagir une première fois, au lendemain des déclarations du ministre de l’Intérieur Yazid Zerhouni selon lesquelles le meurtre du directeur général de la Sûreté nationale (DGSN), Ali Tounsi, était “une affaire personnelle” entre la victime et l’assassin, le colonel Oultache Chouaïb. Dans un communiqué adressé à la presse, elle conteste cette version officielle et affirme que M. Ali Tounsi “n’avait aucun problème personnel avec son assassin ni d’ailleurs avec quiconque”. “Son épouse et la famille tiennent à préciser que le défunt a été assassiné froidement, lâchement et en toute conscience dans son bureau de la Direction générale de la Sûreté nationale, alors qu’il s’apprêtait à tenir une réunion avec les directeurs centraux. Il est mort debout dans son bureau, en patriote, au service de l’État, dans le cadre de la lutte contre la criminalité sous toutes ses formes”, lit-on dans le communiqué de la famille. Quelques heures après le crime, le ministre de l’Intérieur avait également déclaré que “le décès de M. Ali Tounsi, directeur général de la Sûreté nationale, est survenu lors d’une séance de travail, au cours de laquelle un cadre de la police, apparemment pris d’une crise de démence, a utilisé son arme et a atteint mortellement le colonel Ali Tounsi”. Le rapport des experts psychiatriques désignés par le tribunal de Bab El-Oued a révélé, il y a quelques jours, que M.Oultache était conscient de son acte et l’assume pleinement.

 


Après les contradictions relevées entre les affirmations de Oultache et le rapport d’autopsie

La défense envisage de demander l’exhumation du corps d’Ali Tounsi

Par : Nissa Hammadi

Le corps du défunt directeur général de la Sûreté nationale va-t-il être exhumé ? Après les nouvelles déclarations et les détails donnés par le prévenu, M. Oultache, ancien responsable de l’unité aéroportée, lors de la reconstitution de la scène du crime, ses avocats envisagent sérieusement d’introduire une demande en ce sens auprès de la justice. En effet, les affirmations livrées, mercredi dernier, par le prévenu, sont en totale contradiction avec le rapport d’autopsie et les données des investigations de la police judiciaire. M. Oultache, qui est revenu sur les lieux du crime, soutient qu’il a tiré quatre balles au niveau droit du thorax de Ali Tounsi et qu’il l’a laissé en vie avant de quitter le bureau pour sortir dans le couloir. Il déclare, également, qu’il a tiré auparavant une balle en l’air et, après avoir commis son délit, il a tenté de se suicider, mais son arme a coincé. Alors, pour la décoincer, il l’a frappé contre un meuble du bureau du défunt DGSN. Durant la reconstitution de la scène du crime, il montre au juge le meuble égratigné. Le rapport d’autopsie, lui, fait part de deux balles dans la tête de M. Tounsi dont une dans la joue avec un ricochet sur l’épaule. Il est à se demander pourquoi M. Oultache n’a pas fait ces révélations lors du procès-verbal d’audition de la police et du paquet ? Pourquoi donner cette version aujourd’hui et ajouter encore une once de trouble en déclarant avoir entendu une voix dire : “Achevez-les tous les deux.” Selon les dires d’Oultache, il s’est retrouvé à un moment seul dans le couloir du cabinet de la DGSN. C’est à cet endroit qu’on lui a tiré dessus dans la confusion qui a succédé, à la constatation du crime par les personnes présentes sur les lieux. Sa défense ajoute qu’il est difficile de savoir qui l’a ciblé et met en doute la version selon laquelle c’est la garde rapprochée de M. Tounsi qui a riposté. “Ils étaient quatre. Deux ont déclaré être sur les lieux et les deux autres affirment qu’ils étaient en bas”, soutiennent ses avocats. La reconstitution de la scène du crime est censée aboutir à deux choses essentielles : comment l’assassinat s’est déroulé et quel est son mobile. Sur ce dernier point, l’auteur du crime ne s’est pas expliqué. En l’absence de témoins directs de l’assassinat, il est très difficile de faire toute la lumière sur cette affaire. Seule l’enquête judiciaire peut déboucher sur la manifestation de la vérité. Encore faut-il qu’il y ait une réelle volonté politique d’aller jusqu’au bout des investigations.