Cour d’appel : relaxe pour le général Schmitt

Cour d’appel : relaxe pour le général Schmitt

NOUVELOBS.COM, 3 novembre 2005

Le général avait mis en doute le témoignage de Louisette Ighilahriz sur la torture en Algérie. L’ex-militante du FLN pourrait se pourvoir en cassation.

La cour d’appel de Paris a décidé jeudi 3 novembre de relaxer le général Maurice Schmitt. Celui-ci, ancien chef d’état-major des armées, était accusé de diffamation à l’encontre d’une ex-militante du FLN, Louisette Ighilahriz dont il avait remis en cause le témoignage sur la torture en Algérie. L’arrêt devait initialement être rendu le 20 octobre mais avait été prorogé.
Louisette Ighilahriz, ex-militante du FLN affirme avoir été violée par un officier de l’armée française à Alger en 1957.
Le général avait fait appel de sa condamnation prononcée par le tribunal correctionnel de Paris le 10 octobre 2003 à verser un euro symbolique de dommages-intérêts à Louisette Ighilahriz, pour avoir récusé les affirmations contenues dans son livre.
La cour d’appel a infirmé la décision du tribunal correctionnel en accordant au général le bénéfice de la bonne foi.
A l’issue du délibéré, Louisette Ighilahriz a annoncé son intention de déposer un pourvoi en cassation contre cette décision.

Plaies rouvertes

Dans cet ouvrage intitulé « Algérienne » et publié en mars 2001, elle explique avoir été torturée en 1957 pendant trois mois en Algérie « par le capitaine Graziani, qui agissait sous les ordres du général Massu et du colonel Bigeard ».
Lors d’une émission télévisée consacrée à la guerre d’Algérie, en mars 2002, le général Schmitt avait déclaré que ce livre était « un tissu d’affabulations et de contrevérités ».
Devant la 11e chambre de la cour d’appel présidée par Philippe Castel, le général a de nouveau contesté le témoignage de l’ancienne militante du FLN, expliquant notamment que le capitaine Graziani était « un homme tout à fait éloigné de ce genre d’actes ».
« Il m’a douloureusement violée, 45 ans après je n’en dors plus, il a brisé ma vie, brisé l’éducation de mes enfants. Oui, j’ai subi l’innommable de la part de Graziani », avait déclaré Louisette Ighilahriz, avec des sanglots dans la voix, lors du procès en appel.
« Etre traitée de menteuse par Maurice Schmitt, c’est très dur, les plaies se sont rouvertes, je ne peux plus assister ni entendre ce genre de paroles, je demande juste que la vérité se fasse définitivement », avait-t-elle ajouté.
Au cours de l’audience, la représentante du parquet général a estimé que la décision de 1ère instance condamnant le général Schmitt méritait un examen approfondi.  » Ne devriez vous pas estimer que ce militaire n’a pas outrepassé la polémique et devrait bénéficier de la liberté d’expression » a-elle lancé à l’adresse de la partie civile.