Logements sociaux à Oran: Une opération-pilote pour atténuer la tension

Logements sociaux à Oran

Une opération-pilote pour atténuer la tension

El Watan, 18 janvier 2012

La semaine dernière, le Palais des expositions de la ville d’Oran a abrité la plus grande opération de distribution de pré-affectations de logements sociaux : 300 documents permettant aux bénéficiaires de s’assurer, d’une part, qu’ils seront à terme logés convenablement et, d’autre part, de suivre l’évolution du chantier de réalisation comme on le ferait pour un logement promotionnel (vente sur plan), sauf que là c’est gratuit.

Ce premier chiffre est juste un échantillon, car l’opération, dans sa globalité, concerne 3666 pré-affectations profitant aux habitants du vieux bâti, des quartiers El Hamri, Sidi El Houari, El Derb, Scalera, Magenta, Carlo, le Téléphérique, la Frange maritime et le Ravin Blanc. Le plus grand nombre de pré-affectations (1700), a été distribué au profit des habitants d’El Hamri, un des plus vieux quartiers d’Oran. Si ces derniers ont accepté les pré-affectations, ceux d’Ed Derb se sont rétractés et disent ne plus en vouloir pour réclamer des logements finalisés. Or, la formule des pré-affectations a été adoptée par la wilaya d’Oran justement parce que le nombre de logements sociaux finalisés est bien en deçà de la demande enregistrée. «La demande en logements sociaux est de 80 000», selon le chef de la daïra d’Oran, M. Bouchemma.

Une opération d’assainissement de ce listing a été lancée et a abouti à l’annulation de plusieurs dossiers incomplets ou ceux déposés par des personnes qui n’ont pas répondu à l’appel d’actualisation, un travail entrepris il y a quelques années par les services de la daïra. Selon nos sources, à l’issue de cette opération d’assainissement, la demande, qui a été revue à la baisse, a été évaluée à 50 000 dossiers. Mais il faut ajouter, à ce chiffre, les habitants du vieux bâti dont un grand nombre n’a jamais déposé de dossier de demande de logement auprès des services compétents en plus de ceux des caves et des terrasses. Signalons qu’Oran dispose, d’après Saïd Abkari, directeur général de l’OPGI, de 1600 logements sociaux prêts. Distribuer 1600 logements pour toutes ces familles mal logées est une opération que les responsables de la wilaya redoutent, le logement ayant toujours été la cause d’émeutes ou du moins de diverses formes de protestation, comme l’obstruction des voies publiques par des rassemblements et en dressant des tentes. C’est pour parer à ce risque que la wilaya a opté pour la formule des pré-affectations pour les logements sociaux en cours de construction. En fait, à Oran, 5600 logements sont en cours, les travaux y sont bien avancés et seront réceptionnés cette année, selon M. Abkari.

Par ailleurs, 4600 autres logements sociaux sont également lancés et, aux dernières nouvelles, les autorités comptent lancer la réalisation de 17 000 nouvelles unités très prochainement. Selon nos sources, les bénéficiaires des premières pré-affectations des quartiers El Hamri, Ed Derb, Sidi El Houari, Scalera et autres seront logés au courant de cette année. Cependant, si les habitants d’El Hamri ont exprimé leur satisfaction, d’autant plus que la wilaya met à la disposition de tous les bénéficiaires des bus pour leur montrer les chantiers de réalisation de leurs logements respectifs, ceux d’Ed Derb réclament des habitations achevées. Au courant de la semaine dernière, les habitants de ce quartier ont procédé à une série de protestations et des sit-in devant le siège de la commune, à la place du 1er Novembre. Il y eu un affrontement avec jets de pierres contre la brigade antiémeute sur les lieux. Des blessés autant dans le corps de la police que parmi les citoyens ont été enregistrés. Une dizaine. On enregistre aussi une douzaine d’interpellations. A Oran, des rassemblements de citoyens demandant des pré-affectations ont été enregistrés à travers les centres urbains.

Pour ces derniers, des commissions de recensement ont relancé leurs sorties sur le terrain et de nouvelles listes de bénéficiaires seront bientôt diffusées. En matière de logement social, une bonne partie de l’effort consenti par les pouvoirs publics a été, dans un premier temps, absorbée par le projet d’éradication du bidonville de Ras El Aïn (Haï Es Sanaoubar, une excroissance urbaine précaire située en contrebas du mont Murdjadjo) qu’on a voulu raser pour le remplacer par une forêt urbaine. Tant bien que mal, malgré, là aussi, quelques mécontentements et protestations, des familles entières ont été déplacées vers les nouveaux quartiers de la partie est de la ville. Mais cette gestion de l’urgence, qui se poursuit aujourd’hui, créera inévitablement d’autres problèmes à l’avenir avec la prolifération des cités-dortoirs.

Hafida B. et D. Benachour