«On est inquiet quant aux libertés syndicales»

LE CLA À PROPOS DES DÉCLARATIONS DU MINISTRE DU TRAVAIL

«On est inquiet quant aux libertés syndicales»

L’Expression, 05 mars 2005

Les déclarations du ministre du Travail à certains organes de presse, en marge de l’ouverture de la session de printemps de l’APN, concernant les syndicats des enseignants du secondaire (CLA et Cnapest), lequel a fustigé ces derniers qui, selon lui, non seulement activent dans l’illégalité, mais pis, ne respectent pas les décisions de la justice, n’ont pas été sans effet sur les représentants de cette corporation. Ainsi, le porte-parole du CLA, M.Osmane, n’a pas hésité à qualifier le ministre de commissaire politique du RND. «M.Louh est en train de reproduire le discours du gouvernement», nous a-t-il déclaré lors d’une communication téléphonique. Et d’ajouter que tous les mouvements de protestation, qui ont été jusqu’à présent entrepris par les enseignants, ont été décidés lors des assemblées générales tenues au niveau de chaque lycée, tel que stipulé par les loi 90-14 et 90-02. «Il y a une Constitution qui régit le monde du travail et à laquelle nous sommes soumis», fait-il rappeler. Pour M.Osmane, le ministre du Travail ne maîtrise pas la législation, du moment qu’il agit contrairement à ce que stipulent ces lois. Pis, il estime que la justice est instrumentalisée par certaines personnes du pouvoir. «Conformément à la législation, un juge des référés ne peut annuler une grève, pourtant cela a été fait à maintes reprises concernant notre secteur», s’insurge-t-il. Pour ce qui est des déclarations du ministre du Travail relatives au refus des autorités de délivrer l’agrément à ces syndicats pour cause de non représentativité et non conformité aux lois de la République, M.Osmane se dit sidéré, du moment que tout un chacun a droit à une reconnaissance sans qu’il soit pour autant représentatif. «Ils sont en train de tromper l’opinion publique par ces campagnes mensongères», déduit-il. Et puis, ajoute M.Osmane, cette représentativité est réelle du moment que la commission paritaire des PES est composée de neuf membres du CLA et un membre du Cnapest. «Puisque nous composons la majorité des membres de la commission paritaire, nous sommes donc, de facto, des représentants de cette corporation», estime le SG du CLA. Interrogé sur la possibilité de saisir la justice pour une reconnaissance définitive en tant que syndicat, le porte-parole du CLA nous répond: «Nous sommes un mouvement vivant, nous ne pouvons nous enfermer dans les tribunaux.» M.Osmane estime que l’une des tactiques des pouvoirs publics est de «nous enfoncer dans la spirale des tribunaux pour nous faire taire à jamais». De plus, ajoute-t-il, «c’est à la tutelle de prouver notre illégalité, donc c’est à elle de saisir la justice». Le syndicaliste est persuadé que les deux lois citées ci-dessus, obligeront tôt ou tard les pouvoirs publics à ouvrir le dialogue avec le collectif des enseignants. Enfin, M.Osmane se dit très inquiet quant aux libertés syndicales dans notre pays, en considération des agissements des pouvoirs publics à l’encontre des ces droits. Pour ce qui est du Cnapest, nous ne pouvons connaître sa réaction quant aux déclarations du ministre du moment que le porte-parole est en déplacement à l’extérieur du pays pour des soins médicaux.

Amina BEBBOUCHI