Grève des lycées

GREVE DES LYCEES

La décision dépend de Benbouzid

Le Quotidien d’Oran, 28 octobre 2003

La crise des lycées est-elle sur le point de connaître son dénouement ? Bien possible. Des efforts sont actuellement consentis de part et d’autre pour trouver un terrain d’entente. La première bonne nouvelle depuis le début de la crise des lycées: l’acceptation par le CLA et le CNAPEST d’engager une procédure d’approche avec le ministère de l’Education nationale.

Le CLA et le CNAPEST ont accepté le principe de la médiation que le syndicat des enseignants universitaires, le CNES, propose d’entamer avec les différents acteurs de la crise.

Son but est de rapprocher les points de vue de chacun et d’arriver à un règlement rapide de la crise.

Dans un communiqué parvenu hier au Quotidien d’Oran, le CLA indique que son assemblée générale a donné une suite favorable à la proposition. Cependant, il conditionne son acceptation par les préalables suivants: reconnaissance des deux organisations syndicales, CLA et CNAPEST, ouverture des négociations sur la plate-forme de revendications déposée en février 2003.

Dans la réalité, il semble bien que la décision d’accepter la médiation du CNES n’a pas été facile à prendre pour les responsables du CLA et du CNAPEST. Leur membres, les enseignants du secondaires, ne veulent pas entendre parler du ministère de l’Education nationale, «qui ne se soucie pas du sort de l’école». Les choses paraissent d’autant plus difficiles pour le CNAPEST qui attend désespérément son agrément qui tarde à venir.

«Les responsables de tutelle ne veulent toujours pas entendre notre cri de détresse.

Ne voient-ils donc pas qu’il y a péril en la demeure ?», s’est interrogé M. Lamdani lors d’une réunion du CNAPEST, hier, au siège du CNES.

Il ressort de cette réaction que les responsables du CNAPEST se font peu d’illusions sur «les médiations» qu’ont proposées certains syndicats, dont la SNTE et le CNES.

D’ailleurs, les enseignants adhérents au CNAPEST ne veulent pas laisser la chance à d’autres organismes de récupérer leur mouvement. «Nous avons notre dossier, nous avons notre syndicat, nous n’avons pas besoin d’une médiation», déclare un des enseignants présents à la réunion. Celui-ci pense qu’»il faut faire la différence entre les bons offices et la médiation». A ce propos, il précise que «ce n’est pas avec un coup de baguette magique que les médiateurs arriveront à désamorcer cette crise».

Concernant leur agrément, les responsables du syndicat autonome des enseignants affirment que le dossier, qu’ils avaient déposé six mois auparavant auprès du ministère du Travail, est ficelé et il ne devrait y avoir aucun problème.

Ces derniers aimeraient obtenir une audience avec le ministre du Travail pour le régler définitivement. Par ailleurs, le CNAPEST a réitéré son appel au dialogue au ministère de l’Education. Selon eux, si le ministre continue à les ignorer, ils incombent la faute au fait qu’ils soient «un syndicat inféodé» et que le dialogue que propose le cabinet du ministère ne concerne que les «sous-traitants».

Amel B.


Le CLA demande le soutien des élèves et de leurs parents

Le Conseil des lycées d’Alger, qui fait partie des deux syndicats enseignants grévistes, a rendu publiques hier deux lettres ouvertes qu’il a adressées aux élèves et aux parentes d’élèves du pays. Cette initiative permet au mouvement enseignant de s’installer sur le terrain de la communication et de tenter un dialogue direct avec les autres acteurs concernés par la crise: leurs propres élèves ainsi que les parents dont le point de vue peut se révéler déterminant, du fait que les membres de leur association – la FNAPE – ne partagent pas le même point de vue sur la grève.

Dans sa lettre ouverte aux élèves, le CLA retrace la genèse de la grève et dénonce l’entêtement de la tutelle «à ne pas répondre favorablement aux revendications socioprofessionnelles légitimes» des enseignants. Il met l’accent également sur les conditions de travail déplorables, non sans le pathétisme dans lequel baigne après tout cette profession aujourd’hui déclassée: «Acceptez-vous que vos professeurs tendent la main avant la fin du mois pour emprunter de l’argent aux proches et aux voisins, alors que nous sommes diplômés des universités et des instituts supérieurs, sachant que notre salaire de base ne dépasse pas les 10.500 dinars», lit-on dans la lettre.

Le CLA demande aux élèves «d’être conscients et de faire preuve de patience aujourd’hui plus que jamais, pour dépasser cette situation de pourrissement. Vos professeurs, est-il précisé dans le document, refusent de vous enseigner dans des conditions déplorables indignes de leur statut de professeurs éducateurs. Aussi, votre fierté est la nôtre, et votre dignité de même, en même temps que votre réussite dépend de notre stabilité».

Dans la lettre ouverte adressée aux parents d’élèves, le CLA demande à ces derniers «leur soutien absolu pour l’aboutissement des revendications des enseignants». Et de prévenir: «Les professeurs sont déterminés aujourd’hui plus que jamais à poursuivre leur mouvement de protestation tant que leurs collègues demeurent suspendus de leurs fonctions et que leurs revendications n’aboutissent pas». Pour le Conseil des lycées, l’unique responsable du pourrissement est le ministre Aboubakr Benbouzid qui, l’accuse-t-il, «a fermé toutes les portes du dialogue avec les concernés, usant de la complicité de certains membres de la FNAPE ainsi que de quelques syndicalistes qui accusent les grévistes de (…) prendre en otage les élèves».

Le CLA a ouvert un site Web (http:/membres.lycos.fr/profalg) et donné une adresse mail ([email protected]) pour fournir toutes les indications sur la grève des enseignants du secondaire.

K. H.