Des employés de Tiaret et de Tébessa revendiquent leurs droits

Sit-in à la centrale syndicale de l’UGTA

Des employés de Tiaret et de Tébessa revendiquent leurs droits

Par Farida Belkhiri, La Tribune, 14 août 2005

Un sit-in a été observé hier au siège de la centrale syndicale de l’UGTA par 220 employés de l’usine de fabrication de la chaussure Mahera qui active dans la daïra de Frenda (50 km de la ville de Tiaret). Leur revendication, leurs salaires non perçus depuis sept mois, selon le témoignage des travailleurs rencontrés sur place.
Ils affirment que l’entreprise qui emploie 350 personnes n’est plus effectivement opérationnelle faute de disponibilité de ressources financières et, par conséquent, de matière première pour la fabrication de chaussures et la prise de commandes. Du coup, tous les projets sont à l’arrêt.
Cette petite entreprise étatique, au statut juridique de société par actions, n’a pas fini de perdre ses parts de marché absorbées par, entre autres, la société Districh, selon les témoignages de nos interlocuteurs.
«Résultat, on se retrouve sans projet, sans marché, sans travail et sans argent. Nous n’avons ni les moyens de nous procurer les matières premières ni même de quoi payer les factures d’électricité ou d’eau», confient-ils. «Nous nous sommes endettés pour payer notre déplacement jusqu’ici. La location des cars nous a coûté 12 millions ! Comment les rendre ? Avec quoi ?» ajoutent-ils.
Selon eux, les représentants de leur syndicat ont été reçus par les cadres de l’UGTA, le 18 mai dernier. A la suite de cette rencontre, la centrale a dû payer elle-même deux mois de salaire à ces travailleurs. «Les responsables de l’UGTA nous ont parlé de relance, mais on n’a rien vu venir !» affirment-ils. Les employés de l’usine Mahera sont décidés à aller jusqu’au bout dans leur démarche de revendication. «On ne partira pas d’ici bredouilles. On restera ici jusqu’à obtention d’une solution satisfaisante. On exige d’abord nos salaires, puis la définition de notre statut. Jusqu’à présent, nous ne savons toujours pas si nous sommes employés à l’usine ou si nous sommes au chômage ? Nous ne voulons pas que l’usine ferme ses portes. C’est la seule qui existe au niveau de notre daïra qui abrite 120 000 habitants. C’est cette usine qui faisait vivre la majorité d’entre eux. Que vont devenir ces personnes ?» s’interrogent-ils. Les travailleurs de l’usine Mahera ne sont pas les seuls à se retrouver dans cette situation pour porter les mêmes revendications. Ceux du complexe de fabrication de textile de la wilaya de Tébessa étaient également là, hier. Eux aussi se sont déplacés au siège de l’UGTA. Ils étaient au moins 80 à investir le siège de la centrale et ce, depuis vendredi dernier. Ces employés sont non seulement sans salaire depuis huit mois, mais on leur a en plus signifié que désormais ils sont sans emploi, selon leurs propos. «Le président de la Texmaco, Mohamed Arras, a envoyé un fax annonçant le gel de toute activité au sein du complexe. Une décision annoncée après l’enregistrement de plusieurs opérations de vol et d’affaires irrégulières», croient-ils savoir.
Ils affirment par ailleurs que, depuis cette décision, ils n’ont reçu ni salaires ni indemnités. «En ce moment, la direction du complexe est en train de préparer le bilan pour fermer le complexe. Et nous que va-t-on devenir ? On est 480 employés !»
Comme les travailleurs de l’usine de fabrication de chaussures, ces derniers sont bien décidés à aller jusqu’au bout de leur initiative.

F. B.