ANSEJ: Vers la révision des critères d’octroi des crédits bancaires

Dispositif emploi de jeunes (ANSEJ)

Vers la révision des critères d’octroi des crédits bancaires

Le Soir d’Algérie, 22 octobre 2015

Se dirige-t-on vers la révision des critères d’octroi des crédits bancaires dans le cadre du dispositif Ansej ? Le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale avait annoncé, mardi dernier, que, dorénavant, «seuls les diplômés universitaires et les sortants des écoles de formation professionnelle bénéficieront des crédités destinés à l’emploi de jeunes».

Abder Bettache – Alger (Le Soir) – Au lendemain de la déclaration faite par le ministre du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale, M. Mohamed El-Ghazi, plusieurs questions ont été soulevées par l’opinion publique, notamment celle de la qualification des bénéficiaires.
Bénéficient-ils des avantages du dispositif, alors qu’ils ne disposent d’aucune qualification professionnelle ? Selon le premier responsable du département du travail, «une grande partie des bénéficiaires de ce dispositif ne disposent pas d’une qualification professionnelle, d’où le nombre important d’échecs des expériences engagées».
De nombreux bénéficiaires de projets dans le cadre du dispositif Ansej n’arrivent plus à honorer le remboursement de leurs dettes. Ils sont présentement poursuivis en justice par les instituions financières qui réclament leurs dus.
Confrontés à l’augmentation des prix de la matière première et autres services inhérents à leurs activités, «les jeunes investisseurs sont étouffés par le poids de leurs dettes et un marché libre qui ne laisse aucune chance aux petits et aux nouveaux».
A ce titre, il est important de rappeler que les «déperditions», voire les «détournements de crédits» souvent évoqués par la presse nationale, étaient ces dernières années minimisés par les responsables des deux agences.
Le DG de l’Ansej, Mourad Zémali, évoquait récemment encore la question essentielle de la viabilité économique des entreprises créées dans la cadre de l’Ansej en affirmant que leur taux de mortalité «ne dépasse pas 2,5% des entreprises créées depuis 1997». Il assurait également que «les microentreprises sont de bonnes clientes pour les banques». Même son de cloche du côté de la CNAC dont un directeur central indiquait, il y a à peine quelques mois, que le nombre de microentreprises qui n’arrivent pas à rembourser leurs crédits bancaires reste faible :
«1 100 microentreprises sur les 74 000 créées par la CNAC, depuis le lancement du dispositif en 2005, ont présenté des difficultés à rembourser leurs crédits.» Pourquoi alors le ministre du Travail a décidé de recadrer le dispositif ? La question reste posée, d’autant que lors de la campagne électorale de 2014, le directeur de campagne du candidat Abdelaziz Bouteflika avait déclaré qu’«avec l’argent de l’Ansej, on pourrait même marier nos jeunes». Pour un grand nombre d’observateurs, la politique des pouvoirs publics en matière de création d’emplois devrait trouver vite une autre orientation.
Ces mêmes observateurs affirment que «l’Etat fait fausse route en accordant des crédits à des projets qu’on sait à l’avance inopérants». «Sans une étude de marché, un projet ne peut être garanti dans sa réussite ; or, c’est ce qui se passe quotidiennement.»
A. B.