Renault – Algérie : un accord signé début mai
Oussama Nadjib, Maghreb Emergent, 28 Avril 2012
Le ministre algérien de l’industrie, Mohamed Benmeradi avait annoncé, mercredi, que les négociations avec Renault pour la construction d’une usine en Algérie trainaient en longueur en raison du refus du site de Bellara par le constructeur français. Deux jours plus tard une « source industrielle » non identifiée, probablement de la maison Renault, affirme que l’accord pourrait être signé début mai. Le feuilleton continue…
Le constructeur automobile français Renault pourrait signer, début mai, un accord pour la réalisation d’une usine en Algérie, indique une « source industrielle » citée par l’agence britannique Reuters. « La signature d’un accord pourrait avoir lieu début mai en Algérie » a indiqué cette source qui a requis l’anonymat en invoquant le caractère « sensible » des négociations qui se déroulent depuis des mois entre Renault et le gouvernement algérien. Un porte-parole de Renault a refusé de confirmer l’information en se contentant d’indiquer que les négociations étaient toujours en cours. Ce nouveau rebondissement dans le long feuilleton du projet Renault intervient deux jours après des déclarations « refroidissantes » du ministre algérien de l’industrie, Mohamed Benmeradi indiquant que les négociations trainaient en longueur en raison de refus du site de Bellara (Jijel) par le constructeur français. «Les discussions ont pris plus de temps que prévu. Le partenaire étranger a considéré que le lieu proposé pour l’implantation de l’usine est loin du bassin de l’emploi et qu’il n’offrait pas les opportunités nécessaires», a-t-il déclaré mercredi dernier. Il avait souligné l’attachement du gouvernement pour le choix du site de Bellara en estimant, de manière implicite, que l’argument de disponibilité de main-d’œuvre qualifiée qui ne serait disponible que dans les grandes villes comme Alger ou Oran, n’était pas pertinent. « La zone de Bellara, c’est l’arrière-pays de Constantine qui est une plateforme de l’industrie mécanique» a-t-il dit en précisant que le gouvernement n’a pas proposé un autre lieu et tient à ce que le projet soit réalisé à Bellara.
Une chimère
Pour rappel, le PDG de Renault Carlos Ghosn avait déclaré au début de l’année lors de l’inauguration de la nouvelle usine Renault à Tanger qu’il demeurait «extrêmement intéressé » par la construction d’une usine en Algérie. « Renault est la première marque en Algérie, il n’est pas question de laisser qui que ce soit venir construire en Algérie une usine », avait-il dit. « Si le gouvernement algérien souhaite une usine en Algérie, nous préférons que ce soit une usine Renault. » Les propos de M.Benmeradi sur le rejet de Bellara par Renault ont suscité des commentaires assez vifs dans la presse algérienne qui reproche au gouvernement algérien de se laisser mener en bateau. « Renault fait de la politique et discute avec le gouvernement algérien sans réelle volonté d’aboutir » a commenté sévèrement Le Quotidien d’Oran dans un article titré : « Le projet Renault tourne à la chimère ».
Une mise en garde?
A l’inverse, le journal économique français La Tribune a vu dans les propos de M.Benmeradi une marque d’impatience et une « mise en garde » adressée à Renault. L’agence Reuters évoque aussi de possibles restrictions commerciales qui signifieraient que « l’usine marocaine que Renault destinée à produire près de 400.000 véhicules ne pourra pas fournir le marché algérien ». « L’avertissement » de Benmeradi et les réactions des médias algériens auraient-ils convaincu Renault de trancher ? Et d’aller à Bellara qualifiée en février dernier par une source de Renault citée par le journal Les Echos de « micro-port, complètement paumé ». La même source soulignait que la « partie algérienne s’enthousiasme à l’idée de signer bientôt» alors que rien n’est acquis, car les «conditions imposées sont dures à avaler». Le feuilleton Renault est donc relancé par une source industrielle anonyme qui pourrait… être Renault himself !
