L’OMC se fâche !

Décision d’Ouyahia sur le dépôt obligatoire des fonds des SGP et groupes publics dans les banques publiques

L’OMC se fâche !

par T. Gacem , Le Jeune Indépendant, 22 septembre 2004

L’Organisation mondiale du commerce (OMC) ne semble nullement apprécier la dernière décision du chef du gouvernement, Ahmed Ouyahia, relative à l’obligation pour les présidents des Socitétés de gestion des participations (SGP) et les présidents des groupes ne faisant pas partie d’une SGP de déposer les fonds des entreprises qu’ils gèrent exclusivement dans les banques publiques.

L’OMC l’a, en effet, clairement fait savoir à la partie algérienne, en usant d’«un ton plutôt réprimandant», avons-nous appris auprès d’une source diplomatique bien au fait du dossier de l’adhésion de l’Algérie à cette organisation.

L’Algérie est presque qualifiée de «mauvais élève», qui «ne sait finalement pas ce qu’il veut» au vu de certaines «incohérences» dont il fait preuve. En fait, il lui est reproché de prendre des décisions «contradictoires». D’abord, estime-t-on au niveau de l’OMC, l’Algérie adopte des lois et règlements qui garantissent la transparence et la concurrence entre les intervenants publics et privés dans la sphère économique, ce qui est de nature à encourager ces intervenants et est conforme à l’esprit, aux principes et aux normes de l’OMC.

Mais, par la suite, ces mêmes lois et règlements deviennent caducs, selon l’OMC, à la suite de décisions, circulaires ou autres, à l’instar de la décision d’Ouyahia susmentionnée. Une décision que l’OMC assimile à «une discrimination entre banques publiques et banques privées», même si l’Algérie semble l’avoir prise comme mesure prudentielle, notamment après que certaines banques privées eurent démontré leur incompétence – à l’instar d’El-Khalifa Bank – et causé des désagréments à de nombreux établissements, entreprises et institutions publics.

Mais la question qui se pose est de savoir combien de temps cette mesure va durer, sachant que l’Organisation mondiale n’accorderait certainement pas une quelconque «dérogation» à l’Algérie sur un sujet aussi crucial. Ce qui induit, par conséquent, une autre question : l’Algérie pourra-t-elle respecter l’échéance qu’elle s’est fixée pour son adhésion ? Car, à en croire le ministre du Commerce, Noureddine Boukrouh, c’est durant cet automne «au plus tard» que notre pays compte boucler ses négociations multilatérales.

Lors d’une conférence de presse tenue le 1er septembre dernier, le ministre avait affirmé que «les conditions sont presque réunies pour conclure l’accord définitif de l’adhésion». L’Algérie qui se trouve au stade de la finalisation de son dossier est actuellement, selon les déclarations de M. Boukrouh, dans la phase du «round de formalisation, qui se transformera bientôt en rapport factuel puis en document d’adhésion».

Mais la dernière «réprimande» de l’OMC semble démontrer que l’adhésion dans les délais promis par le ministre, et à laquelle tient l’Etat algérien, risquerait d’être compromise par l’instruction du chef du gouvernement qui va à contresens des lois stipulées dans le processus d’accession à cette organisation.

T. G.