La presse française reparle du golden boy algérien

La presse française reparle du golden boy algérien

Les enquêtes s’étendent à trois banques européennes

Le Jour d’Algérie, 7 mai 2005

Les investigations sur l’étendue du scandale du groupe du milliardaire Abdelmoumène Khalifa devraient s’orienter vers des comptes auprès de deux banques européennes, selon les éléments d’informations publiées par Le Monde et L’express, dans des enquêtes relatives aux déposants en France auprès des agences Khalifa Bank.

«On ne comprend pas, alors qu’en décembre 2002 la Banque d’Algérie avait annoncé le gel des avoirs de la banque Khalifa pour cause d’irrégularités comptables, que la surveillance n’ait pas été plus rigoureuse», avait affirmé Rachid Rabhi, président du collectif des immigrés victimes du groupe Khalifa. Selon lui, le liquidateur (nommé en juin 2003), aurait promis de dédommager en dinars près de 250 000 petits épargnants dont les dépôts ne dépassaient pas 6 000 euros. «Une misère par rapport aux sommes totales déposées par un million de clients». Son avocat découvre avec stupeur que «ce chèque avait été endossé au nom d’une banque française à Paris, avant d’être encaissé à Francfort par la Deutsche Bank».

Autre révélation faite par L’Express, s’appuyant sur les bilans comptables de la banque, sur les 6,5 milliards de dinars (65 millions d’euros) de comptes en devises déposés par la clientèle privée entre le 31 décembre 2002 et le 31 avril 2003, près de 800 millions se sont volatilisés. Certains ont donc pu récupérer leur argent. D’autres, non. Deux poids, deux mesures.

Par ailleurs, le même document montre que, durant cette même période, la trésorerie a fondu de 57 milliards de dinars (570 millions d’euros) à 9,9 milliards de dinars (99 millions d’euros).

Plus étonnant encore, un document confidentiel intitulé

«Processus global de la liquidation du groupe», rédigé par l’administrateur, indique, selon L’Express, que «d’anciens cadres dirigeants de Khalifa ont été chargés de gérer la cellule des liquidations d’actifs». Peut-on être juge et partie ? s’interroge L’Express. L’autre banque vers laquelle s’orientent les enquêteurs se trouve en Italie, à Milan plus précisément. Plus de 50 millions d’euros se sont évaporés de la Khalifa Bank, à Alger, pour atterrir soit sur un compte bancaire à São Paulo, soit à Khalifa Airways, argent grâce auquel Abdelmoumène Khalifa a pu s’acheter la fameuse villa Bagatelle. Dans cette villa luxueuse, le golden boy algérien organisait de somptueuses réceptions où se pressaient le gotha de la jet-set. Gérard Depardieu, Melanie Griffith, Sting, Bono…

La troisième banque qui intéresse également les enquêteurs se trouve en Suisse, l’Ammas Bank, représentant les intérêts d’une influente famille algéroise, croit savoir Le Parisien.

C’est à elle, à travers un intermédiaire (une énigmatique SCI Mac-Mahon Lanzerac), que Moumène Khalifa revend, en juin 2003, ses trois villas de Cannes pour 17 millions d’euros.

Amine B.


Affaire Khalifa

Le procès reporté à la fin de l’année

Le tribunal de Chéraga ne savait peut-être pas que l’enquête judiciaire sur l’affaire Khalifa allait prendre des proportions plus importantes que prévues.

C’est ainsi que le procès qui était programmé pour la session en cours a été reporté à une date ultérieure. Ce report est dû, selon une source proche du dossier, à la «complication des enchevêtrements et à la découverte d’une multitude de complicités dans cette affaire», se référant au nombre important de personnes interpellées et arrêtées ces derniers mois pour «complicité» ou autres «implications» dans ce dossier. L’une des personnes écrouées ces derniers jours, est Z.D., ancien responsable dans l’ex-compagnie aérienne Khalifa Airways.

Ce responsable dans le groupe de Abdelmoumen Khalifa ayant été mis auparavant sous contrôle judiciaire a été écroué après que le juge eut découvert, au vu de son passeport, qu’il a effectué plusieurs déplacements vers l’Angleterre. La justice le soupçonne de s’être rendu dans ce pays pour entrer en contact avec Abdelmoumen Khalifa, en fuite et à propos duquel des sources bien informées disent que «des négociations sont en cours entre les polices algérienne et anglaise, avec l’aide d’Interpol pour son extradition vers l’Algérie».

Ce sont, selon cette source, plusieurs dizaines de personnes qui ont été arrêtées ou entendues, ces derniers mois, par le tribunal de Chéraga dans le cadre de cette affaire. Cette liste ne serait pas définitive et pourrait être allongée, toujours selon la même source qui explique que le tribunal de Chéraga a demandé à la Gendarmerie nationale de prolonger ces enquêtes «à la lumière des implications découvertes lors de ces investigations».

Dans une récente déclaration, le chef du groupement d’Alger de la Gendarmerie nationale avait annoncé que «l’affaire Khalifa, comme les affaires du foncier agricole, des métaux ferreux et non ferreux est l’un des grands dossiers sur lesquels enquête la Gendarmerie nationale». Il a également déclaré que «toute personne, quel que soit son poste de responsabilité, et qui est impliquée dans le dossier Khalifa, sera entendue».

M. Abi