Investissement américains : Alger ne veut plus d’intermédiaires

Investissement américains : Alger ne veut plus d’intermédiaires

El Watan, 20 mai 2011

Depuis les années 1970, les opérateurs économiques américains ont pris l’habitude de solliciter l’aide de médiateurs européens ou du Moyen-Orient pour explorer le marché maghrébin, particulièrement algérien.

Une habitude qui commence à irriter les autorités algériennes. Smaïl Chikhoun, président du Conseil d’affaires algéro-américain, l’a clairement dit hier sur les ondes de la Chaîne III de la radio d’Etat. «Les Américains doivent revoir leur politique d’investissement à l’étranger. Ils ont toujours quelqu’un venant d’Europe qui est en charge de l’Afrique du Nord. Cela était valable dans les années 1970/1980, ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous leur avons dit que les Algériens ne veulent plus d’intermédiaires. Ils veulent discuter directement avec l’entreprise américaine. L’Algérie a un potentiel extraordinaire pour les investissements», a-t-il soutenu. Selon lui, le meilleur moyen de vendre les opportunités d’affaires est de le faire directement sans passer par un intermédiaire. «Chacun a sa stratégie qu’il soit d’Amérique ou d’Europe», a-t-il observé. Les Algériens et les Algéro-Américains doivent, selon lui, être sollicités. «Nous leur avons dit de recruter localement des Algériens qui sont les mieux placés pour faciliter l’accès au marché.

L’Algérie possède une extraordinaire ressource humaine et des gens qualifiés. Il y a énormément d’ingénieurs dans les nouvelles technologies, de pharmaciens et d’électroniciens qui n’arrivent pas à trouver du travail», a-t-il relevé. La Chambre de commerce algéro-américaine doit, d’après lui, coordonner les efforts aux fins de dynamiser les relations économiques. Il a expliqué que les Américains ont commencé un déploiement concentré sur l’Afrique du Nord. «Ils ont séparé cette région du Moyen-Orient. Et en Afrique du Nord, l’Algérie reste le pays le plus attractif avec un programme de développement 2010-2014, avec des ressources naturelles et des réserves bancaires, a-t-il souligné, précisant que les grosses corporations américaines s’intéressent aux projets d’Etat. Smaïl Chikhoun a annoncé la visite, à partir de demain, d’une trentaine d’hommes d’affaires américains à Alger puis à Oran.

La nouvelle destination R and D

Il a également parlé d’une importante présence d’entreprises US, dont un leader mondial en imagerie médicale, à la prochaine Foire internationale d’Alger (FIA), prévue la fin du mois en cours. «Le 8 juin 2011, une délégation de représentants de l’industrie pharmaceutique et biotechnologique américaine viendra pour la première fois en Algérie. Elle désire faire une proposition au gouvernement en matière de recherche et de développement, de trainings pour les personnels, d’oncologie et d’essais cliniques. C’est la première fois que ce genre d’opération est menée en Afrique du Nord», a-t-il noté. Il a relevé que ces entreprises ont développé la même chose à Singapour. «Et qui dit recherche et développement (R and D) dit création d’emplois, dit innovation et dit lancement de laboratoires de fabrication de médicaments. L’Algérie pourrait devenir une nouvelle destination en matière de R and D dans le sens où la ressource humaine existe, il ne faut que le transfert technologique», a-t-il insisté. Smaïl Chikhoun a contacté les autorités algériennes pour leur expliquer cette approche. «Elles y sont très favorables», a-t-il dit. Il a indiqué que les précédentes visites de délégations américaines à Alger avaient donné des résultats. «Mais les Américains ne font pas trop de pub. Il y a des partenariats qui se font en matière de PME», a-t-il relevé. Cela dit, les échanges algéro-américains restent axés sur le pétrole et le gaz à 97%.

En valeur, ces échanges ont atteint 13 milliards de dollars fin 2010. Smaïl Chikhoun prévoit que ce montant soit plus important au terme de l’exercice en cours. «Vu le prix actuel du pétrole, l’enveloppe va avoisiner les 18 milliards de dollars à la fin 2011», a-t-il noté. Les exportations algériennes vers les Etats-Unis demeurent faibles avec à peine 500 millions de dollars actuellement. Par contre l’Algérie importe de ce pays pour plus de deux milliards de dollars d’équipements et de produits agroalimentaires. «Le produit algérien est performant. Le packaging a été amélioré, mais il faut mettre plus d’argent pour le marketing pour le placer dans le marché américain où il y a une forte concurrence. Tout le monde veut avoir ce marché de 350 millions de consommateurs», a-t-il préconisé. A ses yeux, le niveau de l’investissement américain en hors hydrocarbures en Algérie commence à s’améliorer. «Des PME activent dans les secteurs de la construction et du médicament. De par le monde, il y a une compétition féroce pour attirer les investisseurs. Il est important de maintenir la règle du 51/49 pour les hydrocarbures. En dehors de ce secteur, il va falloir revoir cette formule et alléger la loi sur l’investissement», a-t-il conclut.

Fayçal Métaoui