«En 2012, le baril devrait avoisiner les 100 dollars»

Youcef Yousfi au quotidien le Soir de Belgique

«En 2012, le baril devrait avoisiner les 100 dollars»

El Watan, 20 décembre 2011

En 2012, le baril devrait avoisiner les 100 dollars», a déclaré le ministre de l’Energie et des Mines, Youcef Yousfi, dans un entretien accordé au quotidien le Soir de Belgique à l’occasion de sa présence à Bruxelles concernant la rencontre entre l’Algérie et l’Union européenne pour le développement d’un partenariat en matière d’énergies renouvelables.

A une question sur l’évolution des cours pétroliers, le ministre a estimé : «Toutes les prévisions montrent, sauf imprévu, une croissance modérée de la demande. En 2012, le marché devrait être assez stable et le baril devrait avoisiner les niveaux actuels de 100 dollars. C’est le prix qui nous paraît répondre aux besoins de développement de l’industrie pétrolière pour assurer la poursuite des investissements…»
Concernant les effets de la crise financière européenne sur la demande, Youcef Yousfi a indiqué : «Nous avons des préoccupations quant aux effets des crises financières successives sur l’économie et sur un ralentissement de la demande qui pourrait entraîner une baisse des prix, et donc menacer les investissements. La demande globale au niveau européen ne semble pas fléchir mais on ne sait jamais… Il revient aux pays consommateurs de relever les défis posés par la sphère financière, pour relancer la croissance économique au bénéfice de tous.»

Répondant à une question sur la possibilité de voir l’Algérie reprendre ses exportations de gaz naturel vers la Belgique à la faveur de la loi qui prévoit l’extinction progressive des réacteurs nucléaires belges entre 2015 et 2025, le ministre a affirmé : «Nous sommes ouverts à toute discussion avec les partenaires belges. Mais il faut peut-être s’entendre sur l’approche. La nôtre est d’investir pour le long terme dans des infrastructures de production et de transport. Pour ce faire, il faut des contrats à long terme…» «Les conditions prévalant sur le marché européen à court et moyen termes ne sont pas favorables à un renforcement de la présence de Sonatrach, l’essentiel de ses volumes à l’export étant déjà dédié à ce marché», a estimé le ministre. «Les volumes de gaz naturel liquéfié disponibles, non affectés dans le cadre de contrats de long terme, sont orientés vers les marchés les plus rémunérateurs.

A plus long terme, rien n’est exclu et si les conditions redevenaient plus favorables, en Europe et en particulier en Belgique, la conclusion de nouveaux accords, sur des bases acceptables, pourrait être envisagée», a-t-il ajouté. Le ministre a rappelé que Sonatrach et Distrigaz avaient signé un accord de vente-achat de gaz naturel liquéfié qui a démarré en 1982. «Ce contrat a expiré en 2007 après 25 ans de livraisons sans interruption. Sonatrach et Distrigaz n’ont pas pu trouver un accord pour mettre en place une nouvelle relation contractuelle. Distrigaz a conclu un contrat avec le Qatar pour des livraisons au terminal de Zeebruges», a expliqué le ministre. A propos de la différence entre les prix spot et les prix «contrats» qui sont plus élevés, le ministre a souligné que «cela peut changer : il y a quelques années les prix spot dont vous parlez étaient supérieurs aux prix de contrat. Si le temps change, s’il pleut, s’il neige de sorte que la demande devienne conjoncturelle, les prix peuvent grimper.

Donc, pour bâtir une relation de long terme, nous préférons quelque chose de stable. La généralisation des contrats de long terme a encouragé le financement du développement des champs gaziers et des infrastructures de transport jusqu’aux lieux de consommation…» Concernant les réserves de gaz de schiste de l’Algérie, le ministre a estimé : «Il semblerait qu’au minimum nos réserves soient au niveau de celles des Etats-Unis. Si cela se confirme, si les conditions d’exploitation répondent correctement aux contraintes économiques et environnementales, ces réserves seront développées.»
A une question sur le nucléaire, le ministre a expliqué que «pour le très long terme, nous avons des réserves d’uranium suffisantes pour éventuellement, si le besoin se fait sentir, développer l’énergie nucléaire en prenant en considération tous les aspects de sûreté. Mais ce n’est pas à l’ordre du jour».

Liès Sahar