Le projet Galsi agonise

YOUCEF YOUSFI LE RECONNAÎT À DEMI-MOT

Le projet Galsi agonise

Par Mohamed TOUATI , L’Expression, 23 Fevrier 2013

Le projet Galsi est-il enterré? «Il n’a jamais été question d’annuler ce projet destiné à acheminer le gaz algérien directement vers l’Italie», a déclaré le ministre de l’Energie.
Pourquoi tarde t-il à être mis en oeuvre? «Le coût de réalisation (du gazoduc) est en hausse et il faut que les deux parties se mettent d’accord sur sa rentabilité économique pour pouvoir commencer sa construction», a-t-il expliqué. «Nous sommes toujours en discussions avec nos partenaires italiens concernant ce projet, et il est vrai que l’Italie traverse une conjoncture économique difficile qui s’est traduite par une baisse de la demande (de l’énergie)», a indiqué Youcef Yousfi qui était l’invité du quotidien Ech-chaab. Si l’on prend au mot les explications du ministre de l’Energie on peut d’ores et déjà considérer que le projet gazier algéro-italien est à l’agonie. L’Europe, qui est entrée dans une période de récession, ne verra pas le bout du tunnel de sitôt alors que l’Italie fait partie des pays les plus sévèrement touchés par la crise. Ce n’est pas donc demain qu’ils mettront la main à la poche pour financer un tel chantier. L’Italie croule sous une dette publique de 120% du PIB. Un plan de rigueur sans précédent a été instauré par le gouvernement (de Mario Monti, Ndlr) alors que le chômage atteint un taux de 11% de la population active… Quelles répercussions sur les exportations algériennes si ce scénario se confirmait? «L’Algérie n’aura pas de problème à placer son gaz ailleurs», affirme t-il sans donner plus de précisions.
L’opinion publique a besoin de savoir. Initialement, la décision de la réalisation du gazoduc Algérie-Sardaigne-Italie (Galsi) avait été reportée pour des raisons techniques au 30 mai 2013, avait annoncé Sonatrach qui détient une part majoritaire de 41,6% dans la société du projet Galsi auquel sont associés les groupes italiens Edison et Enel. Le développement de ce gazoduc transcontinental, qui devait acheminer 8 milliards de m3 de gaz par an, a été retardé en raison de formules de prix que les associés voulaient imposer à la compagnie nationale des hydrocarbures, avait fait savoir Abdelhamid Zerguine, le P-DG de Sonatrach (Voir L’Expression du 6 décembre 2012). Les déclarations du ministre de l’Energie donnent une autre version. L’information arrive au compte-gouttes. Lorsque les responsables algériens sortent de leur mutisme pour s’expliquer sur un sujet c’est pour donner des informations partielles.
Il y a certainement une culture de la communication caractéristique de la période du parti unique… Si plusieurs secteurs de l’économie algérienne sont en pleine mutation, ce n’est pas le cas de ce domaine hérité de la période de l’économie planifiée. Les responsables algériens n’informent pas convenablement leurs concitoyens comme ils ne se sentent pas comptables de leurs actions devant l’opinion publique. Faisant du domaine dont ils ont eu la charge un secteur réservé, privé. La gestion des affaires publiques (éducation, santé, agriculture, urbanisme, tourisme, culture…) a renvoyé ce type de cliché justifié depuis la fin de la guerre de libération.
Les sables mouvants dans lesquels s’est empêtrée Sonatrach illustre cette situation. Mamelle de l’économie algérienne, la compagnie nationale des hydrocarbures arrose tous les secteurs. Jusqu’à l’épuisement. La réalisation compromise du projet de gazoduc algéro-italien Galsi fait partie de ces signes avant-coureurs qui indiquent qu’il y a un grain de sable dans l’engrenage de la machine…