Un autre marché controversé de Sonatrach ?

RÉALISATION DU PROJET DE STABILISATION DE BRUT A HASSI-MESSAOUD

Un autre marché controversé de Sonatrach ?

Le Soir d’Algérie,16 septembre 2007

Encore une fois, les marchés du groupe Sonatrach soulèvent une controverse. Ainsi, le groupe aurait, à travers sa division Amont, attribué un marché dans des conditions sujettes à caution. Il s’agirait de l’octroi, le 7 avril 2007, du marché de réalisation du projet UTBS (Unité de traitement et stabilisation de brut Hassi-Messaoud) à un groupement franco-syrien Saipem-Lead Contracting).

Un marché qui aurait été accordé pour un prix de 946 millions d’euros. Il aurait été attribué dans l’opacité la plus totale et de manière non conforme aux dispositions de la directive régissant la passation des marchés publics du groupe Sonatrach. Trois soumissionnaires étrangers ont soumissionné à l’appel d’offres lancé pour la réalisation de ce projet. Ce sont Petrofac (Etats-Unis), JCC (Japon) et Saipem (France).

Un gré à gré tacite ?

Lors des négociations techniques, la société japonaise JCC aurait été, selon certains, “invitée” à se retirer de la soumission en contrepartie de l’obtention du projet boosting phase II de Hassi- R’mel. Toutefois, la société japonaise n’a pas obtenu le projet boosting de Hassi-R’mel qui a été accordé à ABB-Sarpi. En fait, l’aspect controversé dans cette affaire résiderait pour d’aucuns dans le fait que le marché UTBS ait été attribué au groupement francosyrien alors que la compagnie syrienne soit actionnaire dans Petrofac et que cette dernière ne soit restée dans la course jusqu’à l’offre commerciale que pour éviter l’infructuosité de l’appel d’offres, vu la “sortie” de JCC en phase de négociations techniques. Pour certains, tous étaient au courant de cette situation préjudiciable aux intérêts du groupe Sonatrach d’autant que cette dernière devait payer un prix de 946 millions d’euros, presque un milliard d’euros pour la réalisation d’un projet budgétisé initialement à hauteur de 500 millions de dollars américains. Ces observateurs indiquent aussi que la réalisation de la partie construction du projet incombera au syrien Lead, à l’exception de celle de quelques réservoirs de stockage, confiée sur “injonctions spéciales” à la société nationale EN-GCB de Boumerdès, une filiale du groupe Sonatrach. En outre, l’attribution de ce marché conséquent n’aurait pas été médiatisée selon ces observateurs.

Un processus «transparent», selon Sonatrach

Ce qui s’avère inexact puisque le groupe Sonatrach a rendu public le 26 mai dernier un communiqué portant sur la signature d’un accord avec Saipem et Lead Contracting et paru le lendemain sur un quotidien gouvernemental. En outre, des informations ont paru au début juin sur l’attribution d’un contrat onshore pour un montant de 950 millions d’euros dont 700 millions reviennent à Saipem. Cette dernière étant leader mondial dans les services pétroliers et de la construction en EPC (engineering procurement construction) et filiale à 43% du groupe pétrolier ENI. Cela étant, de source officielle à Sonatrach on dément de manière catégorique que l’attribution du marché UTBS de Hassi-Messaoud soit un gré à gré tacite. Et un haut responsable de la compagnie nationale, récemment approché, d’affirmer qu’au contraire l’attribution de ce projet a été faite dans les conditions conformes. Pour ce responsable, affirmatif, le déroulement de l’appel d’offres s’est déroulé en “toute transparence”, de manière “ouvert” et dans le respect des procédures. De même, l’attribution du projet a été faite de manière “transparente” selon cette source du groupe Sonatrach qui a également démenti l’information quant au retrait de la société japonaise. Ainsi, JCC se serait retirée sur sa propre volonté et non sur la base d’injonctions et le choix de l’attributaire fait de manière conforme.

La différence de montant s’explique

Quant à la différence entre le montant budgétisé et le montant accordé, l’on estime que rien ne prête à contestation ou suspicion. Pour cette source officielle, la différence constatée s’explique par l’augmentation des prix des équipements de fabrication et des services pétroliers à l’échelle mondiale. Contrainte, la compagnie nationale, à l’instar d’autres sociétés dans le monde, s’est retrouvée dans l’obligation de répercuter la hausse des coûts sur l’offre UTBS. En fait, pour Sonatrach, le marché UTBS est un marché tout à fait régulier, transparent, laissant à entendre que les allusions contraires relèvent plutôt de la malveillance. A vrai dire, l’attribution de ce projet, conforme ou non, soulève une fois de plus la nécessité pour le groupe national de ne pas prêter le flanc à des insinuations malveillantes en éclairant davantage sur ses projets, dans le respect toutefois des règles de la confidentialité des négociations, de la concurrence et de la directive portant passation des marchés publics. Cette dernière n’autorisant le recours au gré à gré que dans le cas d’urgence des projets et d’infructuosité des appels d’appels.
Chérif Bennaceur


PRÉSENTATION DU PROJET UTBS

Une exploitation optimale du gisement

Ce faisant, le projet UTBS, qui sera réalisé en 37 mois, est constitué d’une unité (1) de stabilisation composée de 3 trains d’une capacité de production de 100 000 barils/jour chacune, d’une (1) unité de maintenance de quatre bacs de stockage de 50 000 m3 chacun et d’un pipeline d’expédition d’huile, d’eau et de gaz de 45 km selon le communiqué de Sonatrach cité ci-dessus. Selon ce même communiqué, cette unité a pour objectif “d’améliorer la qualité du brut, la sécurisation des installations et l’augmentation de la production”. Ainsi, “avec cette réalisation, Sonatrach poursuit ses objectifs d’optimisation de l’exploitation du gisement de Hassi-Messaoud compte tenu du volume considérable de ses réserves, de la qualité de ses hydrocarbures et de la complexité de ses réservoirs”, selon les termes dudit communiqué.
C. B.