« Sonatrach 1 » : La défense s’étonne de l’absence de Chakib Khelil, « ordonnateur de tous les contrats évoqués dans l’acte d’accusation »

« Sonatrach 1 » : La défense s’étonne de l’absence de Chakib Khelil, « ordonnateur de tous les contrats évoqués dans l’acte d’accusation »

Selma Kasmi, Maghreb Emergent, 27 janvier 2016

Pour Me Mustapha Bouchachi, avocat de l’ex-PDG de Sonatrach Mohamed Meziane, la police judicaire est devenue « un instrument aux mains des organisations et des établissements politiques » et ses investigations n’ont plus beaucoup de valeur.

Plaidant ce 26 janvier devant le tribunal criminel près la Cour d’Alger en faveur d’Al Ismael Djaafar et de son entreprise, Contel Algérie (filiale algérienne de l’Allemande Funkwerk Palletac, Me Mustapha Bouchachi compare le procès Sontrach 1 à celui d’Al Khalifa Bank et Al Khalifa Airways. « Ce sont des procès visant la destruction des cadres de la nation et des règlements de comptes. Ils se basent sur des procès-verbaux de la police judiciaire à visée politique. Je regrette de le dire, monsieur le juge, mais la police judiciaire est devenue, ces dernières années, un instrument aux mains des organisations et établissements politiques. »

Me Bouchachi : « Il n’y a pas d’’’affaire Sonatrach’’, il ya une ‘’affaire Meziane’’ »

Me Bouchachi s’est adressé au président du tribunal criminel, Mohamed Reggad, en affirmant que la lecture des procès-verbaux de la police judicaire et de l’acte d’accusation laisse à penser, par leur vacuité de preuves probantes, selon lui, que le procès en cours n’est pas celui de Sontrach, mais celui de Mohamed Meziane, à travers lequel, il serait possible d’atteindre d’autres personnalités auxquelles il est lié : « Si vous ne pouvez pas choisir les affaires qui se présentent à vous, vous pouvez, monsieur le juge, choisir de ne pas suivre comme ont fait l’instruction et l’accusation et juger en toute indépendance et conscience. » Il rappelle l’affaire de l’Américain ABM (signature d’un contrat de fourniture de système de sécurisation informatique avec la Direction générale de la Sûreté nationale, DGSN), et qui a été jugée au tribunal de Sidi M’Hamed, car le beau-frère de l’officier supérieur de police Chouieb Oualtach, accusé du meurtre de l’ex-patron de la DGSN Ali Tounsi, y détient 5% des actions : « On s’est précipité d’ester ABM en justice en dépit de la performance de ses produits contrairement aux entreprises qui lui ont succédé et qui n’ont même pas honoré leurs contrats, et on a laissé l’affaire de l’assassinat de Ali Tounsi, six ans après les faits sans suite. »

Me Bouchachi : « Ces pièces de théâtre de lutte contre la corruption ont détruit la réputation de la justice »

« Sommes nous conscients de ce que nous sommes en train de faire de la meilleure entreprise que l’Algérie ait créée depuis son indépendance ? », s’interroge Me Bouchachi attirant l’attention du juge Reggad sur ce qu’il considère comme des préjudices causés par ce procès à Sonatrach à ses cadres, ses projets et ses marchés : « Cette poursuite judiciaire a coûté énormément à l’Algérie et continuera à coûter cher à sa réputation, à sa dignité et à ses richesses. Ces pièces de théâtre qui visent prétendument la lutte contre la corruption, n’ont pas détruit la corruption dans le pays mais la réputation de la justice. »

Constitué pour la défense de Bachir Fawzi, deuxième fils de l’ancien Pdg de Sontrach Mohamed Meziane, Me Merrah interroge le tribunal criminel sur le bien-fondé de ce procès en l’absence de l’ordonnateur des signatures de tous ces contrats. « Nous avons écouté 19 prévenus et plus de 70 témoins, et tous citent à un moment donné un grand absent et pas des moindres, car c’est lui qui a ordonné, a envoyé une missive demandant, a convoqué, a prévenu etc. Or, ce ‘’Il’’ (Chakib Khelil, NDLR), n’a pas été entendu. Je n’ai jamais vu un tribunal pénal statuer dans une affaire criminelle sans discuter avec l’ordonnateur principal de l’ensemble des contrats figurant dans l’acte d’accusation. » Et de demander au juge l’acquittement de son mandant qui encourt une peine de 7 ans de prison et trois millions de dinars d’amende.