L’ex-P-DG de la BADR condamné à 8 ans de prison ferme

Le tribunal de Bir-Mourad-Raïs à Alger a rendu son verdict hier

L’ex-P-DG de la BADR condamné à 8 ans de prison ferme

Par : Rafik BENKACI, Liberté, 19 novembre 2006

Trois cadres de cette banque ont écopé de la même peine.

L’ancien président-directeur général (P-DG) de la Banque de l’agriculture et du développement rural (Badr), Farouk Bouyacoub, a été condamné, hier, à 8 ans de prison ferme pour corruption par le tribunal de Bir-Mourad-Raïs à Alger, a indiqué à l’AFP l’avocat de la défense, Me Khaled Bourayou. Trois cadres de cette banque ainsi que le directeur de la société privée Digimex et de sa secrétaire ont écopé de la même peine.
Le tribunal avait mis en délibéré le verdict le 4 novembre dernier pour cette affaire qui a causé un préjudice de 11 milliards de dinars à une agence de la Badr.
Le procureur avait requis une peine de 10 ans de prison ferme à l’encontre des responsables de l’agence Badr de Birkhadem et 8 ans de prison pour l’ex-P-DG et des cadres de la direction générale de la banque, et 6 ans pour les responsables du groupe Digimex.
Les faits remontent aux années 2002-2005 lorsque plus de 11 milliards de dinars avaient été détournés à la suite d’opérations financières illégales au profit du groupe Digimex composé de plusieurs entreprises spécialisées dans les matériaux de construction et les céréales.
Le pot aux roses avait été découvert en 2005 à la suite d’une enquête interne menée par une commission dépêchée par l’administration de la Badr à l’agence de Birkhadem pour vérifier des informations faisant état de l’existence d’opérations frauduleuses dans cet établissement.
L’enquête préliminaire menée par la suite par les éléments de l’ex-Office national de la répression du banditisme (ONRB) a permis d’établir que des responsables de la Badr étaient impliqués dans cette affaire.
Les enquêteurs avaient également découvert les procédés usités par les dirigeants du groupe Digimex pour accomplir cette escroquerie. Les responsables de Digimex, dont le capital était domicilié à la Badr de Birkhadem, utilisaient notamment des prête-noms ou des sociétés écran et faisaient croire que leur société avait procédé à des transactions commerciales avec des entreprises tierces. Une autre banque publique a été éclaboussée durant la même période par un scandale bancaire : la Banque nationale d’Algérie.
L’enquête sur ce scandale a révélé un trou de 20 milliards. Mais cette affaire devrait elle aussi révéler ses secrets après l’extradition du Maroc mercredi dernier de trois principaux mis en cause. Les trois accusés ont été arrêtés en mars 2006 à Casablanca à la suite d’un mandat international émis à leur encontre par la justice algérienne. Cette dernière les accuse de “complicité dans le détournement de deniers publics, d’émission de chèques sans provision, d’escroquerie et de faux et usage de faux”.
Ils sont accusés d’avoir détourné 20 milliards de dinars à la BNA. Le ministre des Finances, Mourad Medelci, avait indiqué en janvier dernier que les détournements en question ont pu se faire grâce à “une complicité entre certains responsables chargés de la gestion et du contrôle au niveau interne et des parties extérieures à la banque”.

R. BENKACI