La Banque mondiale réduit de moitié es prévisions de croissance pour la région MENA en 2013

La Banque mondiale réduit de moitié es prévisions de croissance pour la région MENA en 2013

Aymen Zitouni, Maghreb Emergent, 17 octobre 2013

L’activité économique dans la région MENA pâtit encore sous le poids de la persistance des troubles politiques, selon le Groupe de la Banque Mondiale. Le taux de croissance attendu pour l’année 2013 a chuté de moitié en une année.

Selon la dernière édition du rapport du Groupe de la Banque sur « Perspectives et développements économiques », la croissance économique de la région MENA en 2013 s’établirait à 2,8 % en moyenne, contre 5,6 % en 2012. Dans les pays importateurs de pétrole, la croissance devrait demeurer faible alors que persistent les déficits budgétaires et extérieurs. Dans les pays en développement exportateurs de pétrole, le rythme de l’expansion économique ralentit considérablement en raison d’une évolution peu favorable, indique un communiqué de la Banque mondiale.
Les économies du Conseil de coopération du Golfe connaîtront un ralentissement en 2013 par rapport à 2012, bien qu’affichant les taux de croissance les plus élevés de la région. « Si la situation politique évolue vers davantage de stabilité et de clarté, la croissance devrait rebondir et atteindre en moyenne 4 % en 2014. Cependant, divers risques menacent cette perspective, notamment sur le front intérieur et au plan de l’instabilité politique », précise la BM.
«Les pays en développement de la région ne peuvent pas se permettre de continuer de négliger les obstacles économiques de longue date, » affirme M. Shantat Devarajan, économiste en chef à la Banque mondiale pour la région Moyen-Orient et Afrique du Nord. « L’absence de réformes économiques significatives, couplée à l’instabilité politique et macroéconomique, en particulier dans les économies en transition, contribuera à freiner le potentiel d’investissement et de croissance, non seulement à court terme mais également au cours des années à venir, à moins que des mesures correctrices ne soient prises. », précise-t-il.

Les flux d’IDE en baisse

Selon un récent rapport sur les IDE dans la région MENA, si au cours des années 2000 les flux d’IDE en direction de la région ont suivi la tendance du reste du monde, il est à constater que la situation avait changé au lendemain du « Printemps arabe ». En effet, les IDE destinés au reste du monde ont augmenté après 2010, alors que les flux vers la région MENA ont poursuivi leur mouvement baissier « à mesure que s’exacerbaient les conditions économiques et politiques ». Le rapport indique que les troubles politiques ont affecté le niveau et la composition des IDE et créé des flux en faveur des industries extractives relativement moins créatrices d’emplois. Parallèlement, ces troubles ont contribué à réduire les IED de qualité en direction des industries de la transformation et des services à forte intensité de main-d’œuvre. M. Devarajan soutient que « la solution à la création d’emplois et à la transformation structurelle dans la région passe nécessairement par la protection de l’État de droit et des droits de propriété, ainsi que par l’engagement envers des politiques stables et transparentes. »
Le rapport souligne plusieurs priorités stratégiques et difficultés pour la région. Il invite à la prudence, indiquant que les pays de la région MENA courent le risque de se retrouver pris dans le piège des ressources, à moins de renforcer les institutions et d’améliorer le climat de l’investissement, en particulier la stabilité politique et macroéconomique. Le document met à l’index les problèmes que ses rédacteurs qualifient de « longues date » nécessitant des réformes en priorité, notamment « les règles et réglementation appliquées de manière discrétionnaire et inégale, les faveurs faites aux entreprises privilégiées, le coût élevé des subventions, la fourniture inadéquate et irrégulière des services d’infrastructure, la qualité de l’éducation, le renforcement des compétences et le mauvais fonctionnement des marchés ».