Des bateaux chargés d’aliments de bétail bloqués dans les ports

Des bateaux chargés d’aliments de bétail bloqués dans les ports

Plusieurs millions de dollars de pertes

Liberté, 21 juin 2017

Cette situation n’est pas sans conséquence sur l’image du pays. Elle risque de renchérir les importations.

Plusieurs bateaux chargés de maïs, d’orge et de soja sont bloqués dans différents ports du pays, assurent des sources concordantes. Ils sont au nombre de 23, selon une chaîne de télévision privée. Ces navires sont en rade depuis 3 à 4 semaines, faute d’autorisation pour débarquer la marchandise.
Ce sont des centaines de milliers de tonnes d’aliments de bétail qui sont bloqués en contexte de tension forte sur le produit. Cette pénurie n’a pas pour autant forcé les pouvoirs publics à libérer ces marchandises. Résultat des courses, le marché enregistre une rareté du produit. Du coup, les fabricants d’aliments de bétail, les éleveurs et les aviculteurs ont tiré la sonnette d’alarme sur le manque de l’aliment de bétail sur le marché. Ce qui menace de disparition tout ce secteur si les choses ne bougent pas. Si le ministère du Commerce a rassuré à l’issue d’une réunion tenue avec les représentants de ces filières que le produit est disponible, ou sera disponible dans les prochains jours, l’inquiétude n’est pas dissipée chez les éleveurs et les aviculteurs. Si ce problème n’est pas réglé rapidement, les prix du poulet, de la viande rouge et des œufs risquent de flamber. “L’œuf sera cédé à 50 DA si cette situation persiste”, renchérit un aviculteur.
Il faut savoir que la situation de pénurie des aliments de bétail a été provoquée par la suspension, pendant trois mois, des importations des aliments de bétail. La décision d’ouverture des licences d’importation pour 2017 en avril pour les aliments de bétail n’a été concrétisée qu’à mi-juin avec l’attribution de 167 licences d’importation permettant l’achat de 2 128 779 tonnes de maïs, de 462 076 tonnes d’orge et de 495 514 tonnes de tourteau de soja et 9 041 tonnes de concentré minéral vitaminé. Or, il faut au moins deux mois pour pouvoir importer ces quantités.
Pendant la période d’hésitation, ou d’absence d’attribution de quotas d’importation, de gros importateurs ayant consommé leur quota de 2016 ont continué à acheter les aliments de bétail sans détenir de licence pour 2017, d’où la situation, aujourd’hui, de quantités importantes de maïs et de soja bloquées dans les ports au moment où le marché vit une situation de pénurie aiguë en aliments de bétail.
Cette situation n’est pas sans conséquence sur le coût des importations. “Ces gros importateurs doivent payer en devises l’immobilisation du bateau (séjour en rade) soit 18 000 à 20 000 dollars/jour, au titre des surestaries, soit une perte au total jusqu’ici de plusieurs millions de dollars”, indique un importateur.
Comme les transferts au titre des surestaries ont été arrêtés par la Banque d’Algérie, on recourt au marché parallèle de la devise, selon un spécialiste du commerce extérieur.
Autre effet négatif : les bateaux en rade renvoient une image négative de l’Algérie. Le risque pays s’en ressent, d’où un renchérissement du fret qui inclut ce risque et donc des importations.
Enfin, il convient de noter que l’ouverture de licences d’importation pour 167 importateurs pour une quantité au total d’environ 3 millions de tonnes d’aliments de bétail pour une période limitée veut dire que ces importateurs vont intervenir en même temps et pour des quantités importantes. Ce qui va entraîner une flambée des prix de l’aliment de bétail sur les marchés internationaux, comme ce le fut le cas pour le ciment.

K. Remouche


ILS TRANSPORTENT DES ALIMENTS DE BéTAIL ET DE VOLAILLE

Huit bateaux en rade au port de Béjaïa

Huit bateaux chargés d’aliments de bétail sont en rade au port de Béjaïa, a-t-on appris, hier, auprès de grossistes. Cette situation durerait, selon un importateur de la région, depuis le 19 mai dernier. Il s’agit essentiellement de maïs et de soja. Les bateaux seraient laissés en rade, au prétexte que les importateurs auraient déjà “consommé leurs quotas”, a-t-on indiqué. Conséquence : ces derniers paient depuis un mois des surestaries de 20.000 dollars par jour et par bateau, a-t-on déploré. “Ils paient 20.000 dollars quotidiennement comme frais de mobilisation pour chaque bateau”, a confirmé, hier, un importateur. Ce qui va se répercuter inévitablement sur les prix d’autant qu’une augmentation de 10% est déjà enregistrée sur le marché local (voir Liberté du 20 juin 2017).

M. Ouyougoute