Le secteur de l’agriculture a besoin de 10 milliards de dollars

Le secteur a besoin de 10 milliards de dollars

Selon le président de la chambre nationale de l’agriculture

El Watan, 23 décembre 2008

L’agriculture algérienne a des besoins en investissements de l’ordre de 10 milliards de dollars, a indiqué hier Mohamed Chérif Ould Hocine, président de la Chambre nationale de l’agriculture (CNA), en marge de son assemblée générale ordinaire. Cette forte demande devrait être prise en charge par les banques qui continuent à bouder ce secteur malgré les garanties du ministère de l’Agriculture, a plaidé M. Ould Hocine.

La contribution des banques est primordiale pour financer les activités agricoles, a-t-il signifié. Ces institutions financières devraient accorder plus de crédits aux agriculteurs en adhérant notamment au dispositif Rfig (prêt dont l’intérêt est pris en charge par le ministère de l’Agriculture). Il a donné l’exemple de la culture des céréales dont la saison s’annonce sous de meilleurs auspices grâce à ce crédit, dont ont bénéficié 6000 céréaliculteurs sur les 8000 qui ont déposé des demandes. M. Ould Hocine estime néanmoins ces mesures insuffisantes et réclame plus d’implication de la part des banques. Il ne s’explique pas la frilosité de ces dernières à financer l’agriculture, évoquant souvent un risque élevé.

« Le risque existe pour tous les secteurs », a-t-il commenté. Le président de la CNA a annoncé qu’il soumettra aujourd’hui un dossier complet au ministre de tutelle où sont exposés tous les problèmes et les contraintes que rencontre le monde agricole. Il soulèvera, entre autres, la question de la couverture sociale des agriculteurs, dont moins de 5% sont affiliés à la sécurité sociale. Leur situation est loin d’être reluisante, soutient M. Ould Hocine. « Ils n’ont droit ni à la retraite, ni au capital décès, ni aux soins médicaux et leurs familles ne bénéficient d’aucune aide en cas de leur décès », s’est-il indigné. Il fera remarquer que sur les 867 000 agriculteurs recensés, 431 000 ont plus de 50 ans et une grande partie d’entre eux dépasse les 80 ans.

« Cette situation nous interpelle et nous pousse à penser à une politique pour qu’il y ait plus de jeunes » qui s’intéressent aux activités agricoles, a-t-il avancé. L’Algérie, a-t-il souligné, a les capacités de réduire de façon substantielle sa dépendance alimentaire vis-à-vis des marchés internationaux. Et de citer le cas de la culture de la tomate industrielle, qui a enregistré un déclin depuis 1995, alors qu’elle était en mesure de satisfaire les besoins de la population. « Nous n’avons produit cette année-là que 16 000 t, alors que les besoins sont évalués à 80 000 t », a-t-il rappelé. La production pour l’année 2007 a atteint 43 000 t, a-t-il signalé. L’amélioration de la production permet ainsi de réduire les importations et d’approvisionner en matières premières l’industrie de la transformation des produits agricoles.

Il relèvera dans ce sillage qu’une initiative a été lancée en partenariat avec le Forum des chefs d’entreprise (FCE) pour mettre en relation le secteur agricole et l’industrie agroalimentaire.

Par Nora Boudedja