Seulement 30% des étudiants partis à l’étranger reviennent au pays

Seulement 30% des étudiants partis à l’étranger reviennent au pays

par Yazid Alilat, Le Quotidien d’Oran, 18 octobre 2016

Les chiffres sont éloquents sur le «mythe» des centaines de milliers d’étudiants algériens qui ne sont pas revenus au pays une fois leurs études terminées à l’étranger. Selon Hafidh Aourag, directeur de la recherche scientifique au ministère de l’enseignement supérieur, seulement 30% (9.000) des 30.000 étudiants-boursiers partis en formation à l’étranger sont revenus au pays. Il a expliqué hier lundi à la radio nationale sur ce dossier particulier des «étudiants fugueurs» qu’il y a en fait deux catégories. «Il y a les Algériens partis se former dans le cadre de bourses, ensuite ils reviennent au pays. Ils ne dépassent pas la trentaine, c’est le plus gros des chercheurs d’algériens qui reviennent au pays et ils représentent 80% des retours». Il y a ensuite, ajoute t-il, «le second type d’étudiants, qui ont atteint un âge avancé dans leur vie, ils retournent dans leur pays, et ils sont à peu près 20%. Ils étaient aux Etats-Unis, au Canada et ils ont plus de 30 ans dans des structures de recherche.» Cette catégorie de chercheurs algériens enregistre une trentaine de retours par an. «Depuis 2010, une moyenne de 100 chercheurs reviennent au pays», ajoute t-il. Sur le chiffre avancé par certaines sources de 500.000 cadres algériens partis à l’étranger durant ces 30 dernières années, M. Aouragh a expliqué que depuis 1980, «nous ne dépassons pas les 30.000 étudiants en formation». Et, «en 1980, il n’y avait pas plus de 1000 étudiants par an partis en formation», souligne M. Aouragh, qui précise qu»’une fois leurs études terminées, ils ne sont pas plus de 30% qui sont revenus au pays.» Le reste, les «70%» ne sont jamais revenus. Il explique cette forte défection des cadres algériens durant cette période par le fait qu’en Algérie, «le problème est qu’il y avait une déstabilisation de la recherche scientifique: en 1981 on a dissout l’ONRS, c’était la traversée du désert, il n’y avait plus de sens pour les laboratoires.» Et donc «l’étudiant parti à l’étranger se trouve dans un environnement, et une fois retourné au pays, il ne peut progresser dans sa carrière. Alors, il retourne à l’étranger.» Le chiffre de 500.000 cadres partis à l’étranger circule en fait depuis les années 1990, à la traversée de deux grands événements politiques : juste après octobre 1988 et l’arrivée du FIS-dissous dans le paysage des partis en Algérie.

Par ailleurs, M. Aouragh a relevé qu’il existe un «bon partenariat avec nos chercheurs exerçant à l’étranger. Nous avons une image vraiment large de toutes les compétences à l’étranger, il y a des mécanismes fonctionnels pour que les chercheurs à l’étranger puissent participer au développement de l’Algérie». Selon M. Aouragh, plus de 320 chercheurs algériens ont participé à des programmes de recherche en Algérie.