« La solution doit être politique »

« LA SOLUTION DOIT ÊTRE POLITIQUE »

Ali Benhdjar et la crise nationale

Propos recueillis par Abdelhak B., Libre Algérie N°30, 25 octobre – 7 novembre 1999

Quelques jours avant la tenue du référendum sur la «démarche» politique du chef de l’Etat Abdelaziz Bouteflika , le 16 septembre dernier, notre collaborateur Abdelhak B. est allé dans les montagnes de Tamezguida (Médéa) pour tenter de recueillir le point de vue de Ali Benhadjar, chef de la « ligue islamique pour la prédication et le djihad », connue sous les initiales de « LIDD ». Avant de gagner le maquis, cet ancien militant du FIS avait été arrêté et détenu à la prison militaire de Blida entre juillet et octobre 1991. A sa libération, il regagne son poste d’enseignant dans le cycle fondamental. Il est arrêté une deuxième fois et détenu dans le camp de Reggane, puis à Oued Namous, de février à octobre 1992. Quelques mois après la reprise de son travail, il est à nouveau interpellé et emprisonné à Saïda en mai 1993. Libéré le 10 août 1993, il rejoint les groupes armés le 5 septembre 1993. Né à Médéa en 1953, ce fils de moudjahed, marié et père de six enfants, est un disciple des imams Yekhlef Cherati et Mohamed Slimani. Affilié aux GIA, il s’en dissocie durant l’été 1997 à cause de la dérive « des massacres, des viols et des vols », pour fonder son organisation qui se veut plus politique.

Dans un communiqué (9 octobre 1997) Ali Benhdjar annonce au nom de la LIDD l’arrêt de toutes les «opérations armées» à partir du 10 octobre, et demande à toutes les fractions qui la composent de respecter cette décision. Expliquant les motifs de cette décision, Ali Benhdjar considèrent que «la trêve a été décidée pour permettre la conclusion d’une solution légale, juste et globale, (…) et pour démasquer ceux qui au nom de l’Islam commettent des exactions contre le peuple algérien». La LIDD, qui se considère comme «une ramification» du FIS-dissous, estime que les « chouyoukhs » ont leur mot à dire dans les termes de sortie de crise. Le changement de ton, envers le pouvoir et l’armée nationale populaire, est perceptible dès l’entrée en vigueur de la trêve.

C’est ainsi qu’on saura plus tard que «cette trêve répond, dit Ali Benhdjar, aux sollicitations des sages qui réclament qu’une chance leur soit donnée pour ramener la paix et arrêter l’effusion du sang.». Depuis l’eau a coulé sous les ponts. La LIDD , comme l’AIS, a mis l’arme au pied et attend que se dégage une issue politique. C’est ce que dit, avec insistance, Ali Benhdjar à notre collaborateur.

Nous sommes à la veille du référendum sur la concorde civile. Comment la Ligue Islamique de la prédication et du combat appréhende cette question ?

Ali Benhdjar : « Bismillah oual elhamdoulilah oua salam sur le prophète ». Primo, parlons de la concorde civile et du référendum qui aura lieu à son sujet. Notre avis est qu’elle n’est pas claire. Est-ce qu’il porte sur la loi qui a été adoptée par le parlement et avant lui par le conseil des ministres ou est-ce une démarche plus large ? C’est ce qui nous amène à hésiter et à prendre les choses avec prudence. Car si cela ne concerne que cette loi seulement, nous avons des objections à son égard et des inquiétudes. Les déclarations répétées de plusieurs parties ne sont pas rassurantes. La loi, elle même, exclue ceux qui ont annoncé l’arrêt de l’action armée de leur propre volonté avant la promulgation de la loi qui, donc, ne les concerne pas. Ceci est bien, mais l’expression de « en cas de nécessité » ramène les choses à une situation où la réconciliation n’est qu’une question sécuritaire et juridique. Puisque n’importe quel juge ou procureur peut convoquer n’importe quelle personne et à n’importe quel moment en application de cette expression, tellement large et exceptionnelle, qu’elle devient sans substance. Deuxièmement : certains responsables dans l’Etat et dans l’institution nous répondent, quand on les interrogent, que cette loi « ne vous concerne pas ». Dans ce cas, la concorde se fait avec qui ? Est-ce avec les membres des groupes d’Antar Zouabri et de Hassan Hattab qui ont proclamé leur refus de la réconciliation et du dialogue… ? Est-ce pour ceux qui se sont rendus et qui étaient touchés par la loi sur la rahma ? Ou bien s’adresse-t-il à nous qui avons proclamé la trêve alors qu’ils nous disent qu’elle ne nous est pas destinée ? Il y a des contradictions dans les déclarations qui ne nous rassurent pas au sujet de cette loi. Et d’un point de vue objectif, en sus des questions de formes, la réconciliation ne peut se faire qu’entre deux parties. Cela signifie que les deux parties font des concessions pour parvenir à la concorde et à l’entente. Mais l’on voit en vérité que cette loi est dictée, une dictée de vainqueur sur un vaincu. Ceux qui ont pris les armes sont devenus des égarés, des criminels, des repentis à qui l’on pardonne tandis que l’autre partie sort comme un « cheveu de la pâte ». Ce n’est donc plus une réconciliation, mais un accord sécuritaire s’il existe et s’il a lieu de cette manière. Et nous refusons cette approche. Cela ne veut pas dire que nous allons proclamer le combat. Mais avec cette approche, qu’elle couvre six mois ou six ans, nous pensons qu’elle ne nous concerne pas et qu’elle n’est pas un véritable appel à la réconciliation nationale venant de la perception au sein du pouvoir de la profondeur du problème, de son traitement. Ce n’est qu’une manouvre pour faire taire notre voix.

Donc quelle est votre vision de la réalisation de la réconciliation en Algérie sachant que la durée de l’application de la loi est fixée à six mois et prend fin le 13 janvier ?

Partant de ce nous avons dit précédemment, nous pensons qu’il n’y aura pas de gens pour entrer avec eux dans cette loi parmi ceux qui ont pris les armes pour défendre leurs droits et s’opposer à l’injustice qu’ils ont subi. Nous avons pris les armes pour défendre nos droits et nous ne sommes pas de ceux qui montent au maquis ou en descendent à la suite d’une fetwa, comme l’ont dit certains députés du RCD. Nous ne descendrons qu’en reprenant nos droits. Nous ne prétendons pas avoir tous nos droits, nous faisons des concessions si le pouvoir en fait aussi et reconnaît que la question est un conflit. Et qu’il y a des droits qui doivent revenir à leurs propriétaires et ainsi nous déposeront les armes auxquelles nous avons eu recours qu’après qu’ont ait été interdit de parole. Nous sommes entrés dans une compétition honnête en 1991. Nous avons emporté les élections et nous nous sommes retrouvés dans les camps d’internement au Sahara après que le peuple nous ait soutenu et soutenu notre projet. C’est quelque chose d’amer pour qui l’ont vécu. Après qu’on usurpe nos droits, on nous jette au Sahara ! Le président Bouteflika a reconnu cela et a dit que l’institution militaire n’aurait pas du interrompre le processus électoral et même s’il a imputé au FIS d’avoir eu recours aux armes, cela est un droit si toutes les voies sont fermées.

Concernant votre question de savoir si la réconciliation va se concrétiser le 13 janvier, et suivant la démarche actuelle du pouvoir il n’y aura pas de réconciliation avec « les propriétaires de la cause ». Quant aux autres, ils la refusent. Ce sont des poches douteuses. Nous connaissons leur vérité et les derniers attentats ne sont pas l’expression d’une forte présence. Nous considérons qu’il y a une main qui les pousse pour réaliser des objectifs qui vont à l’encontre des intérêts du peuple.

Mais comment voyez-vous votre situation après la fin de la mise en ouvre de la loi surtout qu’il y aura….

…. Une justification suffisante pour nous frapper…. bien sur. Nous patienterons si Dieu le veut. Le prophète QSSSL a dit « ne souhaitez pas rencontrer l’ennemi et demander à Dieu la sécurité, mais si vous les rencontrez, restez fermes ». Et on prie Dieu de nous accorder la sécurité pour nous, pour le peuple et à la nation blessée. Car la sécurité est meilleure que tout. Mais il y a les riches de la guerre qui en profitent et ouvrent à éloigner l’opposition islamiste …

– Donc, quelles sont pour vous les conditions de la réalisation de la réconciliation nationale ?

La solution doit être politique…. dès lors que le problème est politique et qu’il est parti d’une action partisane et électorale, de négociations et de grèves. C’était une action politique. La solution politique comporte la libération de toutes les prisonniers y compris les dirigeants du FIS, l’amnistie générale pour les deux parties sans poursuites, ni après jugement et ni avec les catégories citées ( dans la loi ndlr). Elle comporte aussi l’ouverture de l’espace d’expression médiatique, de prédication et d’association…. Ceux qui profitent le plus de l’espace médiatique actuellement, ce sont les corrompus. Nous avons remarqué des contradictions dans les discours du président…(…)…

Le président est peut-être sous pression du fait qu’il a annoncé des mesures puis il y a renoncé comme c’est le cas de la libération des détenus puisqu’on a libéré 2600 prisonniers et on annonce l’étude des autres dossiers. Et cela fait partie, selon nous, de la solution sécuritaire et non de la solution globale de la question. … En tout état de cause, nous avons proclamé notre volonté de paix et notre combat, nous et l’AIS, a été un combat propre et nous y avons été contraints. Et l’homme libre quand il le lui est imposé l’assume pour défendre son droit et son honneur car il n’accepte pas l’humiliation et l’injustice. Nous ne cherchons pas la guerre, nous voulons la paix et nous demandons des débats pour que le droit apparaisse. Mais nous ne voulons pas d’une paix au détriment de nos droits ou sur la base que l’on serait des criminels à qui l’on a pardonné. Cela est inacceptable.

Après l’arrivée de Bouteflika, on a remarqué que l’AIS s’est empressée de faire allégeance à l’Etat algérien et sa disposition à abandonner les armes. Et voilà que vous refusez la loi qui est venue après cette démarche. Comment expliquer ces évolutions ?

Je comprends que l’AIS soit prête à abandonner définitivement les armes si la solution est également définitive. Et dans le contexte actuel et dans la forme actuelle de la loi, sa position n’est pas encore connue. Et je ne pense pas que nos frères acceptent de cette solution sécuritaire. C’est ce que nous avons entendu de la part de certains de nos frères de l’AIS. Et nous ne pensons pas qu’ils souhaitent déposer les armes de n’importe quelle façon, comme certains journalistes et d’autres, l’ont compris…C’est ce que nous savons de la positions de nos frères de l’AIS.

Vous avez transmis une lettre au président Bouteflika au mois de juillet dernier. Peut-on en connaître le contenu et son objet ?

– En vérité, c’était une lettre de « l’émir » de la Ligue de la prédication et du Combat au président de la République et elle a été faite à la demande, et on peut dire sur l’insistance, de parties qui lui sont proches. Peut-être que le président voulait connaître l’avis de toutes les parties et des groupes dans la démarche qu’il comptait entreprendre et jauger du niveau de soutien qu’il pouvait escompter. Et de notre côté, nous l’avons félicité pour les premiers pas qu’il a fait au début en ouvrant le dossier et allant directement là ou se trouve le mal. Cela est très bien et nous l’avons encouragé à aller vers la réconciliation…….. Nous lui avons dit que ses pas sont bons et avons donné nos observations au sujet de la loi sur la concorde en soulignant que c’est une loi d’un vainqueur sur un vaincu comme cela est advenu au cours des guerres mondiales et en Irak après la guerre du Golfe. Et nous avons rejeté les qualificatifs d’égarés, de grâce et d’autres. Nous avons dit que si vous voulez la réconciliation , que chaque partie fasse des concessions, en d’autres termes, nous voulons la justice. Et s’ils veulent des comptes ( la mouhassaba), cela aussi en est la voie. L’assassinat des enfants, des femmes et des vieillards, les explosions aveugles dans les édifices au milieu des civils ne sont pas imputables ni à la Ligue, ni à l’AIS. Au contraire, nous avons défendu les civils. Mon fils est mort en défendant un village attaqué par le groupe de Zouabri et notre groupe les en a empêché bien qu’il n’était pas en nombre. Ceci est la preuve de notre rejet de ce que commet ce groupe. Et nous avons dit dans la lettre que ce référendum pourrait donner un élan à cette démarche et que le peuple ne le refuse pas, mais que les choses dépendent de ce que veut réaliser le président dans sa démarche. Du sens que donnera le pouvoir au concept de réconciliation. Si le pouvoir se contente de cette loi, l’échec est inévitable qu’il dure six mois ou six ans. Mais s’ils ont une démarche politique fondée sur la libération des prisonniers et des chouyouks, la libération du champ médiatique, de prédication et autres, cela nous le soutenons. C’est ce que nous voulons et nous prions Dieu de l’aider s’il marche dans ce sens.

Y a-t-il des contacts entre vous et la présidence ou l’institution militaire ?

– Nous n’avons aucun contact avec la présidence ou avec le commandement de l’armée. Mais il y a des contacts au niveau de la première région militaire et ceux qui sont chargés de la trêve. Ils ont écoutés nos avis et notre vision sur la solution du problème . C’est à dire, qu’ils doivent s’adresser directement aux chouyouks du FIS. Et je signale, d’après ce qui nous est parvenu, que le président avait trouvé des choses acceptables dans notre lettre que nous rendront publique prochainement.

Ce qui nous importe dans la question des contacts n’est pas le fait qu’ils se fassent avec nous. Si cela se passe avec nos frères de l’AIS et s’ils parviennent à réaliser ce que nous voulons, tant mieux. Et c’est aussi le cas si cela se passe avec les chouyouks comme Guemmazi, Ali Djeddi, Abdelkader Hachani et Abdelkader Omar. Nous sommes des soldats au service de la justice et ce qui nous importe est de parvenir à une solution digne, juste et que la sécurité revienne.

Quel a été l’effet de la trêve à la lumière de la poursuite des massacres et des attentats ?

– La poursuite de ces actions est le résultat du comportement du pouvoir qui est fondé sur la manouvre à l’égard de ceux qui ont proclamé la trêve pour les faire descendre sans réaliser la justice souhaitée. C’est ce qui conforte la position de ceux qui sont hostiles à la trêve qui disent « voici le pouvoir avec qui vous traitez ». Ceci est juste, sinon comment expliquer alors que nous sommes en trêve que nos éléments se fasse arrêter et se fasse torturer en prison. Malgré cela, nous avons supporté le préjudice pour l’intérêt général. Mais jusqu’à quand cela va-t-il durer ? S’ils veulent que la violence se réduise, ils doivent traiter ceux qui sont en trêve avec sincérité et dignité, pour ôter des arguments à ceux qui rejettent la trêve. La trêve est une opportunité et le pouvoir ne l’utilise pas à bon escient. Et les déclarations du président sont quelque peu « mounafira » et le traitement n’est pas conforme à ce qui est exigé dans un conflit entre des partis. Il y a de la ruse et… c’est regrettable. C’est vrai que nous sommes en situation d’attente et d’observation mais si la solution ne se réalise pas, les choses risquent de devenir hors de contrôle et la guerre risque aussi de redevenir telle qu’elle était. Et il n’y aura dès lors, ni investissement, ni rien d’autre.. Juste l’image illusoire d’un retour de la sécurité, si la solution ne se réalise pas effectivement. La vision s’éclaircira davantage après le référendum que le peuple soutiendra, sans aucun doute. Et la question est entre les mains du président de la république dans le choix de ceux qui le conseillent et sur ceux qui il compte. Dans le cas où, il suit la voie de ceux qui présentent les choses comme une simple promenade, la situation se retournera contre lui.

Après l’envoi de la lettre de l’AIS, il y a eu une cassure au sein de la direction du FIS puisqu’une partie dont Rabah Kebir a soutenu et une autre, dont Hachani, Djeddi et Omar et aussi Zaoui, a émis des réserves. Ne pensez-vous pas que cette division influe sur votre situation ?

– Concernant la démarche globale, ils sont tous pour la paix et avec la trêve et soutiennent la solution définitive. Mais la démarche apparente actuellement n’est pas la vraie démarche sérieuse qui réalise la paix. Si l’on se contente de communiqués seulement, sans que l’on traite la question par le fond, cela amène certains à être réservé. Comment peut-on libérer la lettre de Abassi Madani sans qu’on libère Madani ? Comment peuvent-ils dire que les chouyouks n’ont aucune influence pour se mettre ensuite à rechercher le soutien de Ali Benhadj. Le pouvoir cherche des communiqués de la direction du FIS pour réaliser la solution sécuritaire bien qu’il soit convaincu que la solution ne peut être que politique. Donc que ce soit l’AIS, la Ligue, les chouyouks, le groupe Hachani ou Zaoui, ils sont tous pour la solution politique et avec la trêve. Mais dans le traitement, la solution n’apparaît pas. Est-ce seulement cette loi, ou est-ce qu’il y a d’autres choses entre l’AIS et le pouvoir ? Ils ont dit que les chouyoukhs devaient être libérés le 5 juillet et cela n’a pas eu lieu. Donc, les frères craignent que la solution soit sécuritaire et non politique. C’est la source du différend.

Certains parties, dont les familles victimes du terrorisme, s’opposent à la loi. Comment imaginer une solution qui n’entraîne pas une autre crise et qui apaise la colère de ces parties ?

(..) Les victimes sont des deux cotés et la plupart sont victimes d’une injustice. Nous voulons que les victimes du terrorisme soient dédommagés et qu’ils vivent dans la dignité. Et c’est aussi le cas des victimes parmi ceux qui ont pris les armes. Dieu dit : « la tazirou ouizarata ouizra oukhra »… Ceux qui ont été tués sont tous des victimes.

Les GIA ont connu entre 94 et 95 des divisions et des liquidations. Est-ce que cela révélait la nature de ces groupes ?

Le GIA a atteint le sommet de ces actions en 94. Mais après la mort de Cherif Gousmi, dans des circonstances douteuses et l’apparition des groupes de la fitna, le GIA s’est divisé et les divergences sont apparues. Au point de s’entre-tuer en raison du fait qu’un groupe disposant d’armes a ouvré à éliminer les autres groupes sur incitation de l’intérieur et de l’extérieur. J’ai évoqué cela dans une cassette audio. C’est aussi le produit d’un mélange d’idées et de fetwas qui ont été passés par des centres d’études stratégiques internationaux et arabes. Ces parties ont ouvré a donner le titre d’émir à des gens analphabètes et douteux. Et cela découle de la période de l’action politique. Les groupes ne croyaient pas en l’action politique et ils ont acquis leur légitimité après que le pouvoir ait frappé le courant islamiste politique et leurs idées se sont renforcés par les positions et les événements. La plupart de ces éléments se sont rendus car ils n’ont pas de principe, ou par incapacité à poursuivre l’action armée.

Vous êtes accusés d’avoir détruit le pays et d’avoir terni l’image de l’Islam…

– En vérité, ces destructions des infrastructures et l’assassinat aveugle représentent le noeud de nos divergences avec le GIA. Nous avons refusé l’idée de la guerre contre tout ce qui bouge, l’assassinat des soldats réservistes, l’incendie des stations d’essence, l’assassinat des épouses des forces de l’ordre. A cause de cette position, nous avons été accusé par le GIA de n’être pas en allégeance à Dieu et nous avons subis les assassinats. Malgré cela, cette période de la guerre ne nous a pas fait oublier ce qui a été commis par des responsables centraux et locaux comme destruction et pillage…. Ce sont des destructions plus grande que celles commises par le GIA. Quant aux massacres qui ont eut lieu, ils sont douteux. Surtout si l’on sait que le GIA avait interdit à ses membres tous moyens de liaison. Comment pouvait-il agir et s’adapter à toutes les évolutions ? Il y a des groupes armés qui sont apparus comme « l’Ojal » et aussi ceux qui sont nommés « El Ghadiboune alla Allah ». Cette organisation est inconnue dans le GIA et nous n’avons pas vu ses membres. Quand à la question de l’image de l’Islam, c’est une question voulue. L’Islam, comme il a été terni en Afghanistan et au Soudan, l’a été en Algérie.

Quels sont vos rapports avec l’AIS ? Avez-vous des contacts ?

– C’est une relation de fraternité et d’entraide. Ils nous ont proposé, en juin dernier, par le biais de Mustapha Kebir, l’idée d’unification des rangs et l’entrée de la Ligue dans l’AIS. Mais nous avons rejeté l’idée sur la base de l’expérience passée lorsque nous avons intégré le GIA. Aussi, nous leur avons proposé un projet d’entraide plutôt qu’une fusion. Chaque organisation conserve ses structures, ses hommes et ses dirigeants et collabore avec l’autre. Nous sommes aujourd’hui avec l’AIS dans le fait qu’elle mène les contacts avec l’institution militaire pour aboutir à une solution digne et juste. Et s’ils n’atteignent pas ce à quoi nous aspirons, les choses seront différentes. Mustapha Kebir nous a affirmé que les choses ne sont pas comme la presse les présentent. Et nous affirmons que la solution doit être politique et le pouvoir doit dialoguer avec l’aile politique plutôt que de la contourner.

 

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