Alger remet à Washington une liste de 1.350 terroristes

 

Alors que Hattab menace les intérêts américains

Alger remet à Washington une liste de 1.350 terroristes

Mounir B. Le QUotidien d’Oran, 18 septembre 2001

Alors que le groupe salafiste de Hassan Hattab menace de «frapper, avec force», les intérêts des pays occidentaux, le quotidien «Al-Hayat» rapporte, citant des sources gouvernementales algériennes, qu’Alger aurait remis une liste de 350 noms d’islamistes algériens appartenant au GIA et soupçonnés de liens avec Oussama Ben Laden.

Ainsi, le GSPC d’Abou Hamza Hassan Hattab a diffusé un communiqué, rapporté par le quotidien « El-Youm », dans lequel il menace de s’en prendre aux intérêts américains et européens, présents en Algérie. Hattab indique, dans ce communiqué, qu’il «frappera avec force les intérêts de ces pays si ces derniers persistaient à traquer les réseaux islamistes en Amérique, en Grande Bretagne, en France et en Belgique». Il les met, notamment, en garde contre «toute précipitation pour se venger d’innocents, estimant que le plan de riposte de Washington était l’oeuvre de «juifs et de mécréants (…), les organisations islamistes ne visant pas dans leurs actions les civils innocents». Cet avertissement est le premier du genre d’une organisation terroriste à l’adresse de Washington. Alors que les différentes factions islamistes adoptent un profil bas, actuellement, comme c’est le cas du djihad islamique égyptien soupçonné en premier lieu ou surtout Oussama Ben Laden et son organisation «La Qaeda» qui a démenti être à l’origine des attentats américains, le groupe salafiste algérien menace directement les Etats occidentaux qui se préparent à une «guerre totale» contre les organisations islamistes. Le GSPC qui est l’une des 19 organisations affiliées au «front islamique international du djihad contre les Américains et les Juifs», créé à Pechawar, début 1998, sous l’égide de Ben Laden, entretient des contacts réguliers avec «La Qaeda», à travers des émissaires du millionnaire saoudien en Europe, comme rapportée par d’anciens repentis salafistes, arrêtés en 1999, dans la région de Tizi Ouzou.

Avant même la diffusion de ce communiqué, d’autres informations, rapportées par le média arabe «Al-Hayat», basé à Londres, stipulent que les autorités algériennes auraient déjà remis à Washington deux listes de personnes recherchées pour terrorisme. La première liste concerne un millier de terroristes du GIA et du GSPC activant en Algérie qui est une estimation officielle du nombre des terroristes restant dans les maquis. La seconde liste qui intéresse davantage les Américains comporterait les noms, prénoms, chefs d’inculpation et localisation éventuelle de 350 militants islamistes versés dans le terrorisme appartenant à des organisations algériennes dont le FIS, le GIA, le GSPC et «Takfir Ouel Hijra». Une grande partie de ces 350 membres des filières islamistes algériennes en Europe, Amérique, Moyen-Orient et Asie font partie, à différents niveaux, des réseaux d’Oussama Ben Laden, étant pour la plupart d’anciens «Afghans» et sont, par conséquent, ciblés par l’enquête diligentée par le FBI et à laquelle prennent part les différents services de renseignements occidentaux et arabes. Selon ce journal, certains dirigeants islamistes algériens, à l’étranger, ayant accepté les termes de la concorde civile, ne figurent pas dans cette liste transmise aux renseignements américains dont, principalement, Rabah Kébir, président de l’instance exécutive de l’ex-FIS à l’étranger et qui réside toujours en Allemagne.

La transmission de ces deux listes qui devraient servir à recenser le potentiel numérique des terroristes et de leurs commanditaires ainsi que leur identification et leur localisation devrait avoir une contrepartie. Les mêmes sources indiquent que cette contrepartie serait la livraison par Washington de matériel antiterroriste sophistiqué à l’armée algérienne et à ses unités d’élite qui leur donnerait un avantage décisif dans les maquis, lors des opérations de recherche et de ratissage antiterroriste. Les Etats-Unis, en renforçant la capacité d’action des Algériens dans le domaine de la lutte interne, se tourneraient alors vers les réseaux islamistes algériens à l’étranger qui sont, depuis des années, le noeud gordien du problème. Car, pour Alger, tant que les soutiens logistiques, politiques et financiers en Europe des groupes terroristes ne seront pas neutralisés, la question de l’élimination des dernières poches terroristes sur le territoire algérien sera toujours posée.