FFS – Front des Forces Socialistes – FFS

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Secrétariat National à L’ émigration / FFS Immigration Ile de France

42 bis, rue Marx Dormoy – 75018 Paris

Tél. : 0146 07 08 62 / Fax. : 0146 07 08 65

le 25 septembre 1999

DECLARATION

Boutef est enfin élu « Président »,… Zaâma, Zaâma !

Bien sûr Monsieur Bouteflika que la priorité des priorités en Algérie est la paix. Sauf que la paix ne se décrète pas depuis le sommet. Elle se construit par la recherche d’un consensus politique collectif capable d’entraîner l’adhésion de la grande majorité des Algériens, loin de tout populisme et de toute démagogie.

Depuis plus de sept années, le FFS a multiplié les propositions de sortie de crise.

Tout en se situant clairement sous la bannière de « Ni Etat policier/Ni République intégriste », le FFS a prôné, sans relâche, la nécessité d’un dialogue entre les forces politiques non violentes, sans exclusives, pour un compromis historique(1) autour de modalités politiques qui permettraient au peuple algérien le libre exercice de sa souveraineté.

Les algériens gardent en mémoire l’offre de paix signée dans la transparence, à Rome en janvier 1995, par des acteurs politiques représentatifs de la pluralité des sensibilités politiques et socio-culturelles au sein de la société algérienne.

Cette proposition pour une solution politique, pacifique, démocratique et globale a été rejetée « globalement et dans le détail » par le commandement de l’ANP qui exerce, encore aujourd’hui, la réalité du pouvoir en Algérie. C’est dans les laboratoires de la Sécurité Militaire (SM) que fut pensée et orchestrée une vaste campagne de déstabilisation et de dénigrement des signataires de l’accord de Rome, amplifiée dans la société par ses nombreux relais politiques, médiatiques, associatifs et autres.

L’entêtement des décideurs à persister dans l’option du tout sécuritaire n’avait d’égal que la volonté affichée des autorités officielles de nier la tragédie nationale.

HIER ENCORE,

* l’ex-chef du gouvernement, A. Ouyahia, réduisait le bilan officiel de la tragédie à 26 000 victimes. Avant et après les massacres de l’été 97, A. Ouyahia a persisté dans ses théories sur le dernier quart d’heure du terrorisme dit « terrorisme résiduel ».

* La question des milliers de disparus était tabou. Toute tentative d’en parler était vécu comme un crime de lèse-éradicateurs.

* L’arrêt du processus électoral de janvier 92 ne pouvait être assimilé à « une violence » sans courir le risque de subir anathèmes et diabolisation.

* Les mots « paix », « dialogue » et « réconciliation nationale » étaient synonymes de complaisance avec l’islamisme en général, l’ex-FIS en particulier.

AUJOURD’HUI, l’option du tout répressif est formellement abandonnée. Les tenants du système sont passés à une nouvelle étape. Un accord a été négocié dans les maquis entre le commandement de l’ANP* et l’AIS*, dans une opacité totale.

Ce sont les tergiversations de L. Zéroual, retardant l’octroi d’une couverture légale à cet accord, qui ont précipité son éviction de la présidence.

Les tenants du système se sont accordés pour faire appel à un baron de l’ère Boumédiene et fidèle parmi les fidèles du sérail, A Bouteflika. Ce dernier a accepté d’assumer le revirement du discours politico-idéologique, ainsi que la couverture juridique et légale indispensable au parachèvement de l’ « accord de Jijel« , contre « un fauteuil de Président ». Une ère dite de la concorde civile va se substituer à l’ère de la rahma de L. Zéroual.

Mais pour le nouveau chef de l’Etat, sa propre marge de manouvre dépendait de sa capacité à faire oublier l’affront subi suite au retrait des six candidats à la veille du premier tour de scrutin de l’élection présidentielle du 15 avril 1999. Il impose donc à ses parrains le référendum du 16 septembre 99, en quête de légitimité populaire.

Tous les moyens de l’Etat furent utilisés pour ce référendum-plébiscite. Ce monopole, au profit du « OUI », des moyens de l’Etat (ENTV/Administration et finances(2)), l’impasse sur les partis politiques tout au long de la campagne officielle, soulèvent des interrogations et des inquiétudes sur des velléités de ressusciter le système de la pensée unique par une remise en cause des pluralismes et des libertés fondamentales.

C’est dans ce contexte que les Algériens furent convoqués aux urnes pour approuver une démarche dont ils ne connaissaient ni les tenants ni les aboutissants.

Certes, des tabous(3) ont été brisés dans la multitude de discours, truffés de contradictions, prononcés par le chef de l’Etat. Mais aucun dispositif sérieux reposant sur des objectifs, des échéances et soutenu par des mesures concrètes n’était proposé au peuple algérien pour instaurer la paix et la réconciliation nationale.

Pour le FFS, la démarche juridique et sécuritaire du chef de l’Etat réduite à la « loi sur la Concorde civile(4) » n’est qu’une mesure de détente -que nous n’avons cessé de préconiser parmi plusieurs autres- à même de créer un climat de confiance favorable à l’ouverture d’un processus de paix. Cette mesure ne peut en aucun cas constituer une solution de sortie de crise.

C’est pourquoi le FFS s’est abstenu de toute consigne de vote.

Les résultats du Ministère de l’Intérieur, dignes d’une époque que l’on espérait révolue, donne un taux de 98,63 % de OUI. Mais l’important à retenir, c’est que les Algériens, aussi bien ceux ayant voté que les abstentionnistes, ont envoyé un même message d’espoir : celui d’une Algérie en paix.

Comment ne pas décevoir une fois de plus cet espoir de paix et de réconciliation ?

Après avoir géré, six mois durant, l’espoir par la magie du verbe, le chef de l’Etat se doit de s’attaquer à la dure réalité d’une Algérie en attente d’actes concrets pour une vraie solution politique.

Le FFS reste attentif et disponible à toute démarche politique crédible de rétablissement de la paix et de consécration de l’Etat de droit.

(I ) SMIG démocratique / règles du jeu et garanties politiques à toute compétition électorale, …

* Respectivement Armée Nationale Populaire et Armée Islamique du Salut.

(2) Envoi par les représentations de l’Etat à l’étranger d’un courrier, à plus de 700 000 émigrés inscrits sur liste électorale, appelant à soutenir le chef de l’Etat. Et ce, en pleine campagne officielle.

(3) A. Bouteflika reconnaît aujourd’hui que l’arrêt du processus électoral de janvier 1992 a constitué une violence ; les chiffres de 100 000 morts et de milliers de disparus, …

(4) Il ne nous échappe pas que cette loi vise aussi et surtout à blanchir les responsables de la tragédie nationale.

 

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