«En cas de perturbation, les élections seront interdites en Kabylie»

Zerhouni dans une conférence de presse

«En cas de perturbation, les élections seront interdites en Kabylie»

Par Mohamed Zaâf, Le Jeune Indépendant, 23 mai 2002

M. Yazid Zerhouni, ministre de l’Intérieur et des Collectivités locales, a averti, hier, qu’en cas de perturbations sérieuses, les élections «seront interdites» en Kabylie. En revanche, le taux de participation devrait être «acceptable» dans la mesure où la violence ne serait pas de mise dans la pression pour empêcher les populations de la région de voter, a-t-il estimé, lors d’un conférence de presse. Quant à la participation au plan national, «il n’y a pas lieu de s’inquiéter», le taux ne devrait pas être loin de celui des scrutins précédents et devrait se situer entre 55% et 63%, pense-t-il. Le ministre a expliqué la faiblesse des scores traditionnels d’Alger et d’Oran par le fait qu’il s’agit de villes cosmopolites et, qu’en partie, leurs populations votent dans leurs régions natales.

M. Zerhouni a indiqué qu’il appliquerait les dispositions prévues par la loi dans le cas où les élus viendraient à maintenir à Béjaïa et à Tizi Ouzou – qui, selon lui, représentent respectivement 2,36 % et 3,16 % de l’électorat national – leur refus de participer à l’opération électorale dans les bureaux de vote. «La loi prévoit des dispositions que nous allons appliquer. Il y a les réquisitions, s’ils refusent les réquisitions… la loi est très claire la-dessus», a-t-il souligné. Dans un tel cas, il n’y aura pas de vide et les communes continueront à fonctionner comme en 1991, «lorsque l’Etat a fait face aux élus du parti dissous (le FIS)», précisait-il.

A la question de savoir si les élections pouvaient être invalidées au cas où la participation serait en deçà d’un certain taux, le ministre a fait remarquer rien que de tel n’est prévu par la loi. M. Zerhouni s’est inscrit, par ailleurs, contre les pronostics annonçant une victoire islamiste et s’est dit convaincu que le courant dominant était plutôt le courant républicain, patriote et moderniste. Mais, les résultats dégagés par l’urne seront respectés et s’il y aura fraude, «ce sont les partis qui frauderont et non pas l’administration», a-t-il dit, soulignant les garanties (présence des partis dans les bureaux de vote et remise des PV à leurs représentants) de l’Etat pour la régularité des élections. Cependant, le ministre a reconnu que les corps constitués étaient traversés par les mêmes courants que la société et assuré que cette fois les élections se dérouleraient de la manière la plus libre, en présence d’observateurs civils, y compris dans les casernes militaires.

Interrogé sur les mutations dans son département, M. Zerhouni a considéré que «la situation sécuritaire n’est pas propice à une quelconque réforme dans le dispositif sécuritaire actuel». Le ministre a reconnu que les groupes armés travaillaient à perturber les élections et que leur nombre, autour de 800 éléments, était en perpétuelle réduction. Quant à une levée de l’Etat d’urgence, «des personnalités ont exprimé leur opinion» à ce sujet et «ça mérite un débat», rétorquait-il au journaliste. M. Zerhouni n’a pu s’empêcher de laisser percer un penchant pour le FLN d’aujourd’hui. «Si on s’amusait à analyser aujourd’hui le programme et la composante du FLN, on s’apercevra qu’il a changé», a-t-il dit en substance. Sur un plan purement technique, le ministre a indiqué que l’opération électorale coûterait à l’Algérie «un peu plus de 2 milliards de dinars». M. Z.