La « guerre des polices » exposée au procès des attentats de 95

La « guerre des polices » exposée au procès
des attentats de 95

05 octobre

PARIS (Reuters) – La première semaine du procès de deux Algériens accusés des attentats islamistes de 1995, devant la cour d’assises spéciale de Paris, a mis en lumière les rivalités entre les services de police qui ont fait l’enquête et fait parfois oublier les deux accusés, Boualem Bensaïd et Ali Belkacem.

Les récits faits à la barre par les enquêteurs de la DNAT (Division nationale antiterroriste), la DST (Direction de la surveillance du territoire) et la Brigade criminelle, sur la « traque » livrée aux poseurs de bombe de 1995 ont mis en lumière une telle confusion qu’un policier pourrait bien être la première victime de l’audience.

Concernant les attentats qui ont fait huit morts et 200 blessés, la déposition, mercredi, d’un des plus importants policiers français, Roger Marion – patron de la DNAT à l’époque des faits et actuel numéro deux de la police judiciaire française – a été très critiquée.
Les insuffisances de son témoignage et sa propension à renvoyer la responsabilité des problèmes de l’enquête aux autres services ont tant agacé les magistrats de la cour d’assises qu’un « signalement » a été fait aux ministres de l’Intérieur Nicolas Sarkozy et de la Justice Dominique Perben, dit-on de source judiciaire.

« Si des questions vous paraissent saugrenues ou dérangeantes, c’est le jeu de l’institution, vous êtes tenu d’y répondre », a dit à Roger Marion le président de la cour Jean-Pierre Getti. Le policier a été ensuite maintenu deux jours en salle des témoins.
Roger Marion a involontairement attiré l’attention dans sa déposition sur deux points noirs du dossier pour la police française : son impuissance à interpeller Ali Touchent, alias « Tarek », organisateur présumé de la campagne de terreur du GIA (Groupe islamique armé) et auteur direct présumé de plusieurs attentats, et d’autre part la lenteur montrée par les services de police dans l’exploitation des indices matériels.

LE « CAS » TOUCHENT TOUJOURS MYSTERIEUX
Concernant Ali Touchent, tué en Algérie en 1997, Roger Marion a expliqué qu’il ne « se souvenait pas » des différents éléments de l’enquête le concernant ou que cet aspect de la procédure concernait la DST, un des services de renseignement français.
Un autre ex-policier de la DNAT, Gérard Masson, interrogé jeudi à la barre, a jugé « impensable » que soit fondée la rumeur, selon laquelle Ali Touchent était un agent double ou triple, travaillant à la fois pour le GIA, les services secrets français et algériens.
Il a cependant reconnu que tous les renseignements sur cet homme venaient de la DST, qui n’en aurait guère parlé en 1995 lors des réunions de coordination entre les services de police.
Prié de dire comment les services coopéraient, Gérard Masson a répondu: « En dehors des rapports personnels, nous ne nous parlions pas beaucoup ».

Fiché par la DST dès 1993, après une vague d’arrestations à laquelle il avait échappé, Ali Touchent n’apparaît dans le dossier des attentats qu’en novembre 1995. Une photographie prise lors d’une surveillance – elle le montre dans une cabine téléphonique – est alors versée au dossier sans autres informations par les Renseignements généraux.
Outre l’échec policier concernant « Tarek », le procès a révélé que jusqu’en 1999 la DNAT n’a effectué qu’un faible travail procédural sur les suspects incarcérés.

« Nous avons dû reprendre tout le travail à zéro, en exploitant à nouveau tous les scellés », a expliqué vendredi à la barre Christophe Descoms, ex-chef de la groupe à la brigade criminelle, saisie en 1999 d’un complément d’enquête.
Le travail de la brigade criminelle sur les indices, comme l’abonnement RATP d’Ali Belkacem – dont une expertise a montré qu’il était dans la rame de RER où a explosé une bombe le 17 octobre 1995 – a enfin rendu possible le procès d’assises, sept ans après les arrestations.
A partir de lundi, la cour d’assises va encore interroger les policiers, sur les conditions de garde à vue à la DNAT de Boualem Bensaïd et Ali Belkacem, en 1995. Le premier dit avoir été frappé et en veut pour preuve une photographie du dossier qui le montre le visage tuméfié.

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les attentats islamistes de 1995 aux assises

Le travail de fourmi de la Crim Lors de l’enquête, la division antiterroriste a ravi la vedette à la PJ.

Par Patricia Tourancheau, Libération,samedi 05 octobre 2002

La guerre des polices, qui a fait rage durant la campagne d’attentats de 1995, transpire au procès de Boualem Bensaïd et Aït Ali Belkacem à la cour d’assises spéciale de Paris. Mercredi, les gesticulations insolentes et le « je-m’en-foutisme » irrespectueux du patron des enquêtes, Roger Marion, avaient déclenché les foudres des magistrats, de la chancellerie et du ministère de l’Intérieur. Depuis, l’autoproclamé tombeur des poseurs de bombes a été puni par le président Jean-Pierre Getti. Il l’a laissé mariner dans la salle des témoins durant deux jours avant de le convier à nouveau à la barre, vendredi à 16 h 30.
Cette fois, le numéro deux de la police judiciaire, sur la sellette, avait eu le temps de réviser. Les avocats de la défense reviennent sur les étranges accointances de l’organisateur en chef des attentats, Ali Touchent, avec les services de renseignements français et algériens. Ainsi, demandent Mes Dietsch et Barbe, pourquoi les photos d’Ali Touchent insérées dans les albums des suspects, en novembre 1995, ne comportent-elles pas son identité, mais son alias « Tarek » ? Alors que les policiers français ont son vrai nom depuis 1993 ? Roger Marion répond que les clichés en pied de Tarek, dans une cabine téléphonique, ont été fournis lors d’une réunion au ministère de l’Intérieur « par la DCRG » (direction centrale des renseignements généraux), « sans nous préciser qui [était] dessus ». Roger Marion prend les devants et insinue que les RG ne lui ont peut-être pas tout dit. S’il s’avérait que la photo a été prise, lors d’une filature, dans une cabine téléphonique en France, « cela voudrait dire que l’information n’a été apportée que tardivement à la connaissance du service enquêteur ».

Perfidité. Voilà les RG, après la DST, accusés à demi-mot, de protéger Touchent ? Pourtant, il y a dix minutes, Marion venait de citer les RG comme exemple de bonne coopération entre les services, pour répondre à une question perfide mais pertinente du président Getti, justement, sur la mauvaise coordination en 1995 : « Est-ce que ça fonctionnait avec la transparence et la loyauté nécessaires ? » Ce à quoi le coordinateur Marion a rétorqué, sans se démonter : « A vrai dire oui. »

La cour, les victimes et les accusés viennent de comprendre que la division nationale antiterroriste (DNAT) de Roger Marion a spolié de l’enquête la brigade criminelle de la police judiciaire de Paris. Le commissaire Christophe Descoms l’a démontré avec élégance. La DNAT, qui eut la chance de trouver une empreinte de Kelkal sur l’engin du TGV, a démantelé le réseau, a « pris le pas » selon ce commissaire. La DNAT a donc travaillé sur « l’association de malfaiteurs », mais n’a pas fini le travail ingrat, dossier par dossier, indice par indice, pour imputer aux uns et aux autres les actes de terrorisme. En mars 1999, la DNAT occupée par les Corses et les Basques, alors sous le feu des projecteurs, a clôturé à la va-vite les attentats islamistes de 1995, et a tout renvoyé aux juges Bruguière et Ricard, furieux de ces procédures bâclées. Du coup, les magistrats ont saisi début 2000 la brigade criminelle pour « exploiter les éléments sous scellés ». Le commissaire Descoms énumère : les carnets de compte de Touchent et Bensaïd qui ont revélé des réceptions d’argent de Grande-Bretagne les veilles d’attentats ; les feuilles écrites par Bensaïd des « chronométrages » de trajets en RER que la brigade criminelle a « reconstitués avec les mouchards des trains », des notes de « repérages que nous avons décodées », surtout le coupon de carte orange de Belkacem qui prouve son trajet sur la ligne C du RER le 17 octobre 1995, et sa sortie à la station Javel, juste avant l’explosion à Musée-d’Orsay.

« Rite initiatique ». « Un travail de fond, méticuleux, qui a permis d’apporter des éléments matériels et explicatifs des attentats de Saint-Michel, Orsay et Maison-Blanche », souligne de façon enflammée le commissaire. C’est ainsi que Belkacem a été confondu en garde à vue et a avoué en détail son « rite initiatique à Orsay » pour « obéir aux ordres de Bensaïd et de Touchent qui avaient de l’ascendant sur lui » : « Belkacem nous a expliqué que, ce matin-là, il se lève tôt, pendant que Touchent et Bensaïd dorment dans leur appartement. Il prend la bombe, voyage sur le RER C jusqu’à Saint-Quentin, fait demi-tour, déclenche l’engin, sort à Javel à l’heure corroborée par le ticket de métro, fonce rue Félicien-David à l’appartement voir ce qui s’est passé, se branche sur Europe 1, entend un flash sur l’explosion à Orsay, réveille Bensaïd et Touchent, dit : « Voilà j’ai réussi », les autres disent : « C’est bien. » C’est ainsi que Belkacem entre dans la catégorie des poseurs de bombes. ». …………………….. L’intrigant parcours d’Ali Touchent, mort à Alger Le responsable des attentats était-il lié aux services algériens?
Par Jose GARÇON
samedi 05 octobre 2002
« Le groupe auquel il a appartenu a pu être manipulé par l’Etat algérien. » Le frère d’Ali Touchent « Emir » des GIA ou agent des services de renseignements algériens, qui était Ali Touchent, alias Tarek ? La réponse détermine évidemment les responsabilités du déclenchement des attentats de 1995, non pas au niveau des exécutants dont il ne fait guère de doute qu’ils soient islamistes, mais de leurs commanditaires. Tous les enquêteurs voient en effet en cet homme tué il y a cinq ans en Algérie le vrai « responsable de la vague d’attentats ». Ce que confirment les membres du GIA arrêtés. Tarek « concentrait toutes les responsabilités et décisions au sein du réseau du GIA en Europe », affirmait l’un d’eux, Safé Bourrada, à un juge d’instruction. La capacité de Touchent d’échapper en 1993 et 1995, à au moins trois rafles de la police en France et en Belgique, n’est pas la moindre énigme. « Il échappe, mais ses proches sont toujours interpellés », commentent les avocats de Bensaïd en s’étonnant de l’incapacité de la police française à l’identifier en 1995, alors qu’à en croire son frère, Karim Touchent, « la DST qui l’avait interrogé en 1989, aurait pu l’arrêter, mais a laissé faire ». De là à croire que Tarek a pu être aussi une taupe de la DST, il n’y a qu’un pas franchi par ces avocats.

Opacité. Cette faculté de disparaître au bon moment n’est qu’une partie du mystère qui entoure cet Algérien né en 1967 et arrivé en France en 1988 avec des papiers en règle et une inscription pour des études d’architecture. Plusieurs accusés du premier procès des GIA en novembre 1997 à Paris avaient déjà émis des doutes sur le parcours de Tarek, exemplaire des manipulations et des infiltrations par la sécurité militaire algérienne des GIA, de l’opacité qui entoure ce mouvement et de l’intimité des relations entre la DST et les « services » algériens. « Pour moi Tarek n’est pas un islamiste, c’est un mec de la Sécurité militaire qui se servait de nous en nous faisant croire qu’il allait nous envoyer combattre en Algérie. Nous l’avons chassé. Touchent a joué avec nous », assurait notamment Joseph Jaime, un converti à l’islam.

« Salaire ». Karim Touchent évoque aussi la « double casquette » de son frère « un musulman qui avait choisi la voie du FIS, mais avec qui je n’ai plus eu de contacts après 1993 » : « Le groupe auquel il a appartenu a pu être manipulé par l’Etat algérien, qui avait tout intérêt à faire entrer la France dans la guerre », affirme-t-il. La défiance des milieux islamistes en France à l’égard de Tarek donne d’autant plus de poids à ces doutes, qu’il recevait un « salaire » mensuel… de l’organisme payant les policiers algériens. « On se méfiait de lui et on l’avait quasiment mis en quarantaine », se souvient un islamiste qui l’a connu. « Pendant qu’il était seul à échapper à la police, beaucoup de ceux qui l’ont approché en France, Hollande, Angleterre ou Belgique ont eu des problèmes. » Certaines sources policières françaises faisaient part d’interrogations analogues, soupçonnant notamment les services algériens de l’avoir « exfiltré » de Grande-Bretagne début 1996.

« Comment, demandent-ils, aurait-il pu autrement entrer en Algérie alors qu’il était recherché par toutes les polices et que son portrait était largement diffusé après la vague de terreur en France ? » Plus étrange : à Alger, Tarek ne se cachait pas et habitait… dans une cité de CNS (équivalent des CRS) proche de la caserne de Châteauneuf, une zone parmi les plus sécurisées de la capitale (Libération du 16 février 1998). Il y est resté apparemment jusqu’à sa mort violente survenue elle aussi près d’un endroit inattendu pour un homme pourchassé : l’hôtel El Djezaïr, le plus surveillé d’Alger. La « gestion » de sa mort par les « services » algériens n’a fait que donner du crédit à ces accusations. C’est dans un communiqué publié en février 1998 en plein week-end fait rarissime que ces derniers ont annoncé que Touchent avait été « formellement identifié » après sa mort le 23 mai 1997.

« Preuves ». Pourquoi l’autopsie a-t-elle duré neuf mois et pourquoi tant de temps pour informer Paris ? « Recherches incessantes », avance le communiqué sans souffler mot de la manière dont Touchent s’est retrouvé à Alger ou des circonstances de sa mort. A l’époque, l’explication laisse la France suffisamment perplexe pour que le ministère de l’Intérieur remarque : « Nous n’avons pas eu confirmation » de son décès et qu’il demande des « preuves » de celui-ci à Alger. Les Algériens transmettront les empreintes digitales relevées sur le cadavre qu’ils affirment être celui de Touchent. Identiques à celles dont les Français disposent, ce qui est le moins puisqu’ils les tiennent à l’origine d’Alger. Aujourd’hui, son frère résume : « On ne sait même pas où il est enterré. ».

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ARTICLE PARU DANS L’EDITION DU 05.10.02

LE MONDE | 04.10.02 | 15h02

Attentats de 1995 : la cour se heurte aux dénégations de Boualem Bensaïd

Les parties civiles désespèrent d’obtenir des réponses à leurs questions

Huit morts et deux cents blessés, pourquoi ? C’est au fond la question qui a hanté la cour d’assises spéciale de Paris, jeudi 3 octobre, au troisième jour du procès des deux auteurs présumés des attentats de 1995, Boualem Bensaïd et Smaïn Aït Ali Belkacem. Terrible question, pauvres réponses. Au fil du témoignage de Gérard Masson, ancien fonctionnaire de la direction nationale de lutte contre le terrorisme (DNAT), qui avait été chargé pour les besoins de l’enquête policière d’un rapport sur le GIA, la cour a poussé la porte de cette organisation nourrie de logorrhée politico-religieuse, ravagée par ses divisions, aussi faiblement équipée en moyens et en hommes que fortement hiérarchisée, avec ses émirs qui tiennent lieu de guides militaires et spirituels. On est alors au lendemain de la guerre du Golfe. Dans les banlieues de Paris et de Lyon, des jeunes s’enflamment pour cette cause qui leur apporte à la fois une identité et une aventure. On leur demande de trouver des armes, des faux papiers, des médicaments, voire d’aller se former dans les camps afghans pour rejoindre ensuite les maquis algériens. Sans trop de peine, le GIA recrute. Mais lorsqu’il décide d’exporter son combat vers la France en lançant une campagne d’attentats meurtriers, les volontaires se raréfient. En Algérie, deux hommes sont prêts. L’un, Boualem Bensaïd, est éducateur sportif, l’autre, Smaïn Aït Ali Belkacem, est infirmier. Le GIA semble compter beaucoup sur le premier. Peu à peu, dans le récit de M. Masson, se dessine le portrait d’un homme déterminé, expérimenté, scrupuleux, qui se présente devant les jeunes recrues françaises avec une « aura de guerrier et de combattant ».

Dans le box des accusés, le « combattant » d’hier a triste allure. Sa cause s’est perdue, son groupe a été décapité et lui-même, quel que soit le degré de responsabilité qui lui sera reconnu à l’issue de ce procès dans les trois attentats de Saint-Michel, Maison-Blanche et Musée d’Orsay, est déjà condamné à purger des peines de dix et trente ans d’emprisonnement pour association de malfaiteurs et participation à un autre attentat. Alors Boualem Bensaïd nie tout, même l’évidence, nie jusqu’à l’absurde. A la demande du président, Jean-Pierre Getti, on lui présente une carte d’identité avec sa photo, établie sous un faux nom, ainsi qu’une carte de transport de la RATP, munie elle aussi de sa photo. Elles ont été trouvées sur lui lors de son interpellation. « C’est vous ? », lui demande M. Getti. « C’est une photo qui me ressemble. » « Je vous demande si c’est vous », insiste le président. « Je ne sais pas, ça pourrait être moi. »

Des scellés, M. Getti exhume maintenant un carnet, saisi lui aussi lors de la fouille au corps de Boualem Bensaïd, qui contient des numéros de téléphone identifiés comme étant ceux de l’émir du GIA à Londres, Rachid Ramda. « Il est à vous, ce carnet ? » « Ça remonte à trop loin, mais je crois l’avoir déjà vu », consent tout juste l’accusé. Le président évoque alors les appels téléphoniques passés dans les jours qui précèdent ou suivent les attentats, d’une cabine proche du domicile qu’occupait Boualem Bensaïd. « Qu’est-ce que j’ai à voir dans cette affaire ? La cabine, elle est pas à moi ! », s’emporte-t-il.

Vient le tour d’un récépissé de banque, là encore trouvé dans les poches de Boualem Bensaïd, qui témoigne d’un retrait de fonds dont l’enquête a établi qu’ils avaient été envoyés par Rachid Ramda. « Je ne connais pas Rachid Ramda ! » Et cet autre appel, passé de la place de Barcelone, juste après le retrait à la banque, sur le portable de Rachid Ramda ? « La place de Barcelone, comme son nom l’indique, c’est une place, elle est à tout le monde avec ses différences ! » Entre les deux hommes, le ton monte. « Moi, ce que je veux, c’est des trucs avec des preuves ! », lance l’accusé. « Ce ne sont pas des preuves, ça ! Mais qu’est-ce qu’il vous faut ? », s’exclame le président, qui poursuit son interrogatoire. « Qu’êtes-vous venu faire en France ? » « Je suis libre d’aller où je veux ! Et puis parlez-moi calmement, je suis présumé innocent ! » « De quoi viviez-vous ? », reprend M. Getti. « Ça, c’est une question à laquelle je préférerais ne pas répondre. C’est personnel, c’est mon problème. » « C’est le mien aussi », tranche sèchement le président. Les avocats de la défense, impuissants, laissent passer l’orage. Sur le banc des parties civiles, l’interrogation reste entière. Huit morts et deux cents blessés, pourquoi ?
Pascale Robert-Diard