Alors que persiste le black-out sur le devenir personnel de Mezrag et de ses lieutenants

Alors que persiste le black-out sur le devenir personnel de Mezrag et de ses lieutenants

Plus de 200 éléments de l’ex-AIS déposent les armes à Jijel

Des sources dignes de foi ont affirmé hier à la Tribune qu’environ deux cents hommes ont remis leurs armes près de la localité d’El Kennar

Fouad Menia, La Tribune, 13 Janvier 2000

Les choses ont bougé hier dans la région de Jijel, lieu d’implantation essentiel des groupes de l’ex-AIS. Selon des sources généralement bien informées, entre 200 et 300 trêvistes ont déposé les armes et autres matériels de guerre en leur possession. L’opération de dépôt des armes qui s’est terminée dans sa première phase, dans l’après-midi, aux environs de 16 heures, a eu lieu dans le mont de Azerar près de la localité d’El Kennar, à environ 8 km du chef-lieu de wilaya, ajoute la même source. Cette dernière nous apprend que le plus gros des troupes de l’ex-AIS sera «démobilisé» aujourd’hui et demain. L’opération se déroule au moment où on assiste à un déploiement impressionnant des forces de sécurité en direction des monts Beni Khettab à Texenna, alors qu’on s’attend, dans les prochaines heures, à l’arrivée du renfort, essentiellement des troupes spéciales de l’ANP de lutte anti-terroriste. Ces dernières devraient, selon les commentaires avisés que nous avons pu recueillir, prendre position dans tout le périmètre qui servait d’abri il y a peu de jours aux éléments de Madani Mezrag. D’ailleurs, toutes les discussions à Jijel portent sur le déploiement de l’armada de l’ANP et sur les retombées immédiates sur le plan sécuritaire de la grâce amnistiant les trêvistes de l’ex-AIS. Une bouffée d’oxygène, un répit pour certains, les réactions contradictoires témoignent de l’inquiétude d’un lendemain qui s’annonce sous le signe d’une montée en cadence des ratissages dans la région et sa périphérie. Hier, des colonnes de blindés étaient visibles à Jijel ville et dans les hauteurs témoignant du caractère spectaculaire et particulier que vit en ce moment ce coin du pays. Quid de Madani Mezrag et ses collaborateurs ? Pendant toute la journée d’hier, les journalistes de la presse nationale et internationale, présents à Jijel, ont tenté de percer le mystère Mezrag. Mais le black-out est resté total. D’autant que, hier à Draa Dissa, la presse était persona non grata. Pour y accéder, il faut absolument un sauf-conduit délivré par le ministère de la Défense nationale. Mais, pour l’obtenir, c’est un miracle. Car, la discrétion reste pour les autorités en charge de l’évacuation des maquis de l’ex-AIS l’objectif et la priorité numéro un. Loin des préoccupations des journalistes, la population pense maintenant à régler les problèmes endurés par le citoyen, à savoir le chômage et la misère sociale. On veut parler de développement, de création d’emplois. Et clore définitivement le feuilleton de l’AIS. A l’heure où nous mettons sous presse, nous apprenons, sans pouvoir le confirmer de manière formelle, que l’ex-«émir» de l’AIS, Madani Mezrag, aurait tenu hier vers 21 h 30 une ultime réunion avec ses principaux lieutenants. Ici à Jijel, on parle de cet évènement comme étant «la réunion des adieux». Cela dit, et pour ne pas trop prêter à la rumeur, il faut attendre les décantations qui vont se produire à la faveur des départs des anciens éléments de l’ex-AIS des maquis qui leur servaient de base de repli pour avoir une image plus fidèle de ce qui s’est passé durant ces dernières heures.